HomeA la uneSORTIE DU GOUVERNEMENT SUR LA DISPARITION D’EX-RSP : Prétexte électoraliste ou véritable menace sécuritaire ?

SORTIE DU GOUVERNEMENT SUR LA DISPARITION D’EX-RSP : Prétexte électoraliste ou véritable menace sécuritaire ?


 

Lors de son dernier point de presse, le gouvernement de la Transition a fait cas d’une trentaine d’éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui n’ont pas encore rejoint les rangs. Ce chiffre, comme on peut le constater, n’est pas conforme à celui qui a été communiqué, il y a peu, par le Premier ministre himself. Yacouba Isaac Zida avait, en effet, parlé d’une dizaine d’éléments en fuite et qui seraient notamment au Ghana et à Bouaké en Côte d’Ivoire. Ces contradictions pourraient avoir pour effet de renforcer les inquiétudes sur la situation sécuritaire du pays. Le gouvernement aurait probablement mieux fait de s’assurer de la qualité de ses chiffres avant de les rendre publics. A cette allure, les Burkinabè ne sont pas à l’abri d’autres annonces contradictoires. Rien ne prouve, en effet, que demain, on ne nous donnera pas un chiffre de 50, voir 100 portés disparus. Il est donc impérieux pour les autorités de la Transition, de montrer qu’elles maîtrisent suffisamment leur sujet quand elles abordent la question de l’ex-RSP qui a semé la terreur dans ce pays.

Les fuyards pourraient constituer une menace pour la sécurité des populations

Cela dit, l’opinion se demande ce qu’ont pu bien devenir ces disparus si cette information se confirme. Sont-ils tous dans la nature avec des armes comme il se dit ? Y a-t-il eu des morts qu’on cacherait ou qu’on ignorerait ? Autant de questions dont les réponses sont porteuses d’enjeux pour le pays. En effet, si ces éléments ont pris la poudre d’escampette, deux raisons pourraient le justifier. C’est peut-être la crainte de la tournure des événements qui a fait fuir certains éléments. Ainsi, il se pourrait que des soldats parmi eux, qui ne voulaient pas participer au putsch, se soient fondus dans la nature pour éviter le courroux de leurs compagnons d’armes « irréductibles ». Il se pourrait aussi qu’ils aient fui parce que conscients d’être trop « mouillés » dans les événements, c’est-à-dire coupables d’exactions et se sachant passibles, de ce fait, de lourdes sanctions. Quoi qu’il en soit, ces fuyards, s’il y en a vraiment, pourraient constituer une menace pour la sécurité des populations. Ce, bien que leur nombre ne soit pas vraisemblablement énorme. Ces gens-là ne devraient certes pas pouvoir constituer une menace sérieuse à même d’inquiéter le reste des forces de défense et de sécurité du Burkina. Mais, ils pourraient constituer un danger pour la sécurité quotidienne des populations. Si, par contre, ces éléments manquent à l’appel parce que n’étant plus de ce monde, c’est également un drame. Cette hypothèse n’est pas à écarter, quand on sait qu’il se murmurait qu’il y a eu des règlements de comptes entre mutins au camp Naaba Koom II. Et la dernière sortie du Premier ministre peut  laisser   espérer qu’il n’y ait pas eu de tueries massives, encore moins un charnier. On ne peut pas dire que le Premier ministre parle de ce qu’il ne connait pas. Ex-numéro 2 de ce régiment, il sait bien de quoi étaient capables certains de ses hommes. Toutefois, bien des Burkinabè pensent que le bilan de zéro mort annoncé suite à l’assaut sur le camp Naaba Koom II, est trop beau pour être vrai. Espérons que l’histoire ne donnera pas raison aux tenants de cette thèse du pire. Car, la découverte d’un éventuel bilan tronqué à dessein, serait de nature à jeter un véritable discrédit sur les autorités de la Transition, y compris sur l’armée nationale.

En tout état de cause, il faudra se dépêcher d’aller aux élections

En tout  état de cause, on peut bien croire à la thèse servie par les autorités. Le bilan de zéro mort annoncé, peut très bien se justifier par le fait que le camp Naaba Koom II était désert au moment de l’assaut. On en vient même à se demander si les coups de canons entendus depuis le camp Lamizana, n’ont pas été une manière de contenter l’opinion. Comme bien des gens voulaient une scène de guerre, il fallait leur en donner l’illusion, d’où cette très probable théâtralisation des choses. Un scénario peut avoir été bien planifié pour sauver les apparences. Ainsi, il se pourrait que les négociations aient eu pour but de faire sortir d’abord les « irréductibles » dont le général Gilbert Diendéré, du camp. Ensuite, l’armée allait lancer un assaut symbolique pour prendre officiellement le camp et satisfaire le peuple. Avec l’exécution d’un tel scénario, on voit bien que tout affrontement direct entre frères d’armes est évité, des vies sont sauvées, et l’honneur de la Grande muette sauf. C’est peut-être ce qui s’est passé, et on comprend bien que cela ne peut être révélé au grand public. Toute chose donc qui justifierait ce happy end de zéro perte en vie humaine lors de l’assaut du camp Naaba Koom II. De toute façon, même si cette hypothèse de théâtralisation du dénouement de la crise s’avérait, on pourrait bien s’en réjouir. Cela ayant été bénéfique pour l’image du Burkina à l’extérieur. Cette crise et son dénouement auront une fois de plus, montré à la face du monde, la bravoure du peuple burkinabè, notamment sa jeunesse, sa frange armée y comprise. Le scénario du dénouement, s’il est avéré, aura donc permis de démythifier le RSP, mais aussi d’éviter tout affrontement fratricide et ses éventuelles conséquences sur les populations civiles, notamment celles de Ouagadougou. Un scénario sage, qui aura permis à l’armée d’en sortir grandie, à la hauteur de son rôle républicain de défendre la patrie menacée. Et ce, avec un professionnalisme qui conforte la bonne réputation de l’armée burkinabè dans les missions onusiennes. Pour en revenir aux disparus, il faut espérer que les chiffres servis par les autorités de la Transition, ne cachent pas des intentions inavouées. En effet, il peut y avoir des non-dits dans cette information gouvernementale selon laquelle des éléments seraient encore dans la nature avec des armes sophistiquées. Est-ce un simple prétexte électoraliste ou y a-t-il une véritable menace sécuritaire ? En d’autres termes, la Transition cherche-t-elle un alibi pour ne pas aller vite aux élections ou a-t-elle vraiment des informations faisant état d’une menace sécuritaire que constitueraient ces soi-disant disparus ? Il faut avouer qu’un contexte sécuritaire lourd de menaces est un argument recevable pour remettre à plus tard les élections. Osons espérer que ce n’est pas là l’objectif inavoué et inavouable des dirigeants de la Transition. Mais pour autant que ces informations soient vraies, il importe que le gouvernement et les forces de défense et de sécurité, fassent tout pour « ramener ces brebis égarées au bercail », ou à défaut, les mettre hors d’état de nuire. En tout état de cause, il faudra se dépêcher d’aller aux élections. Ce serait, du reste, rendre un hommage mérité à la lutte du peuple burkinabè, que de sortir résolument de cette Transition le plus vite possible. Toute chose qui permettrait au pays des Hommes intègres de consolider, sans plus tarder, son nouveau statut de phare de la démocratie dans la nuit noire des dictatures africaines.

« Le Pays »


Comments
  • Nul n’est parfait sur cette terre, même un grand journal comme le pays, réputé pour son impartialité et son sens de l’anticipation se plante quelquefois. Détrompez vous : si on se précipte pour fixer la date des élections, il n’aura pas lieu en 2015. Si la transition ne prend pas de mesures énergiques pour sécuriser le pays, la future crise sera pire que celles qui sont derrière nous. Quand on trébuche, on ne se dépèche pas de repredre son chemin, on doit déplacer la chose qui a failli nous faire tomber pour ne plus en être victime. On n’a pensé naivement que c’était possible d’amadouer le RSP juste le temps de finir la transition et de passer la patate chaude au futur présendent. Cette erreur nous cout aujourd’hui des vies et des milliards de FCFA!
    Ne recommençons pas les mêmes bétises: Compaoré-Ouattara-CDP-Les djidistes et autres pays énémis de notre insurection ne vont jamais croiser les bras! Affrontons-les courageusement au lieu de chercher à les amadouer comme le RSP. Arrêtons la fuite en avant! arrêtons de faire semblant! arrêtons la course folle vers l’abîme!

    9 octobre 2015

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