HomeA la uneSOUDAN DU SUD : Cinq ans d’indépendance,  cinq ans de malheurs

SOUDAN DU SUD : Cinq ans d’indépendance,  cinq ans de malheurs


 

Il y a cinq ans, plus précisément le 9 juillet 2011, le Soudan du Sud faisait son entrée dans le concert des nations en tant qu’Etat indépendant. Cette indépendance, faut-il le rappeler, acquise au prix d’énormes sacrifices, était censée mettre fin à des décennies de brimades de la part de l’autre Soudan et ouvrir des perspectives heureuses pour les populations. C’est pourquoi celles-ci l’avaient accueillie avec enthousiasme et espoir. Cinq ans après, c’est la désillusion, le désenchantement et l’espoir assassiné qui sont au rendez-vous. En effet, ces cinq ans ont été essentiellement marqués par une guerre civile de deux ans et demi, qui a du mal à connaître son épilogue, malgré la signature d’un accord de paix en août 2015 et en dépit du retour d’exil de Riek Machar en avril dernier. A ce malheur sont venus s’ajouter deux autres, à savoir l’inflation qui frôle aujourd’hui les 300% et la famine. Le bilan est donc sombre si fait que l’on peut le résumer par cette formule : cinq ans d’indépendance, cinq ans de malheurs. L’on peut donc comprendre que les autorités aient choisi de commémorer le 5e anniversaire de  l’indépendance du pays sans festivité. Le contraire aurait été moralement et politiquement indécent.  Faut-il en déduire que ces autorités ont pris conscience que la situation du pays n’autorise pas cette année à célébrer le 9 juillet avec faste ? On peut en douter. En effet, rien que la veille du 9 juillet, c’est-à-dire vendredi 8 juillet, Juba, la capitale du pays a été le théâtre d’affrontements sanglants entre l’armée et les ex-rebelles.

Salva Kiir et Riek Machar ont choisi d’inscrire le Soudan du Sud à l’article de la mort

Certaines sources font état d’environ 300 morts. Et les choses pourraient empirer puisqu’au moment où nous tracions ces lignes, des tirs d’armes automatiques étaient encore entendus. Et là où on peut perdre son latin, c’est quand on entend Salva Kiir et Machar dire qu’ils ignorent les mobiles et les acteurs de ces tirs nourris qui se passent à quelques encablures du palais présidentiel et à un moment où les 2 têtes de l’Exécutif étaient réunies pour une conférence de presse. Même dans l’hypothèse où les deux seraient de bonne foi, ce qui est invraisemblable, il y a de quoi s’inquiéter car cela voudrait tout simplement signifier que le contrôle de leurs hommes leur a complètement échappé. Et ce scénario n’augurerait rien de bon pour le Soudan du Sud. Mais quand on analyse bien la situation chaotique dans laquelle patauge ce pays depuis qu’il a accédé à l’indépendance le 9 juillet 2011, l’on peut affirmer sans courir le risque de se tromper, que tous les malheurs qui s’y déroulent portent deux signatures : la signature de l’homme qui ne se sépare jamais de son chapeau de cow-boy, c’est-à-dire Salva Kiir et celle de l’homme aux lunettes fumées, Riek Machar. Ce sont, en effet, ces deux individus aux ego surdimensionnés qui ont choisi en toute conscience, d’inscrire le Soudan du Sud à l’article de la mort pour parvenir à leurs fins. Et pour cela, ils ne crachent sur aucun moyen. Le plus répugnant de ces moyens, est l’instrumentalisation de leurs ethnies respectives. Et ils s’en donnent à cœur joie sans que cela n’agite leur conscience. Un autre moyen qui illustre la petitesse d’esprit de ces 2 fauteurs de troubles, c’est leur mauvaise foi. Et ils l’ont démontré à suffisance depuis que, par le hasard de l’histoire, ils ont été propulsés à la tête du pays, Kiir en qualité de président et Machar en tant que vice-président. Le résultat de cet attelage forcé des contraires, est que chaque jour que Dieu fait, le Soudan du Sud poursuit sa course folle vers le fond de l’abîme. Et ce n’est pas demain la veille que cette descente aux enfers va s’arrêter.

Les Américains ont la responsabilité morale et politique de guider le Soudan du Sud

En tout cas, l’on peut avoir l’impression que tant que ces deux pistoleros seront aux affaires, le présent et l’avenir de ce malheureux pays, courent le risque d’être écrits à coup sûr en termes de larmes, de sang et de famine. Aucun des deux n’a la carrure d’un homme d’Etat capable de conduire le nouvel Etat vers « de verts pâturages » pour reprendre une expression des Saintes écritures chrétiennes. Et dans ces conditions, l’on ne peut que regretter le fait que le destin ait frappé cruellement ce pays, et ce alors que le peuple du Soudan du Sud avait encore besoin de lui, celui qui, par son charisme et sa vision, incarnait l’espoir de toute la nation.  Vous l’aurez deviné, nous voulons parler du colonel John Garang, arraché à l’affection du peuple du Soudan du Sud en août 2005. Le spectacle désastreux que son pays donne aujourd’hui à voir à l’Afrique et au monde, constitue pour lui une deuxième mort. Mais de cela, les sieurs Kiir et Machar n’en n’ont cure. Ce qui préoccupe le premier, c’est de conserver le pouvoir et le second c’est de le conquérir, quitte à marcher sur les cadavres de leurs compatriotes. Et c’est à ce sport macabre que les deux hommes s’adonnent depuis le début de la guerre civile. C’est cela qui nous fait dire que la résolution du problème du Soudan du Sud passe par la neutralisation de ces deux hommes. Et cette solution pourrait favoriser l’émergence d’une personnalité qui ait l’étoffe d’un homme qui nourrit de grandes et nobles ambitions pour le pays et qui a le patriotisme et la volonté nécessaires pour les traduire en actes. Le Soudan du Sud ne peut pas en manquer. Il se pose alors la question de savoir qui peut aider à cela, ici et maintenant. La réponse ne souffre d’aucune ambiguïté. Ce sont les Etats-Unis d’Amérique. En effet, l’on se rappelle que c’est le pays de l’Oncle Sam qui avait pesé de tout son poids dans la balance pour obtenir la venue au monde de cet Etat. Les Américains ont donc la responsabilité morale et politique de le guider et de l’encadrer jusqu’à ce qu’il soit en mesure de s’assumer. A défaut de mettre hors d’état de nuire le tandem de la mort que forment Kiir et Machar, l’on peut envisager la mise sous tutelle Onusienne du pays, le temps de permettre enfin au malheureux peuple du Soudan du Sud de souffler. En attendant, la personne qui boit son petit lait  et qui peut se vanter d’avoir prédit ce qui arrive aujourd’hui au Soudan du Sud, c’est Omar El Béchir. Aujourd’hui, l’histoire lui donne raison. Cela dit, l’erreur serait de croire que l’UA (Union africaine) peut aider à sortir le pays de John Garang du trou dans lequel il se trouve aujourd’hui.  Car, non seulement cette institution, depuis sa création, n’a jamais véritablement réussi à pacifier un seul de ses membres en situation de conflit, mais aussi certains de ses dirigeants se sont déjà illustrés pour avoir joué un rôle trouble dans bien des guerres civiles. C’est le cas aujourd’hui de Yoweri Museveni en ce qui concerne la guerre civile en RDC, il y a de cela plus de 10 ans et aujourd’hui, le Soudan du Sud où ses troupes y  ont été envoyées aux côtés de Salva Kiir pour faire barrage à Riek Machar. Et l’on peut imaginer facilement ce qui a motivé  le président ougandais à voler au secours de l’homme au borsalino noir : c’est le pétrole du Soudan du Sud. Ce même calcul a pu déterminer d’autres personnes à offrir leur soutien à son rival Riek Machar. Le grand enseignement que l’on peut tirer de cela, est que le pétrole a été le plus souvent à l’origine de bien des malheurs des peuples africains. Le mieux serait alors de ne pas l’avoir, peut-on être tenté de dire. En tout cas ce n’est pas le peuple libyen qui contredira aujourd’hui cette thèse.

« Le pays »


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