HomeLe fait du jourSOUSCRIPTION POUR LA LUTTE CONTRE LE REFERENDUM:Près de 2 200 000 F CFA récoltés

SOUSCRIPTION POUR LA LUTTE CONTRE LE REFERENDUM:Près de 2 200 000 F CFA récoltés


L’opposition politique a animé une conférence de presse, le jeudi 26 juin 2014 à Ouagadougou. Au menu principal des échanges avec les journalistes, la campagne nationale de  souscription populaire pour la lutte contre le référendum. Le contexte, les objectifs et le public cible visé par cette souscription ainsi que la stratégie organisationnelle et celle de mobilisation des fonds ont été passés au peigne fin, lors de ce rendez-vous avec la presse nationale et internationale.

2 millions 200 cent mille francs CFA à peu près. Tel est le montant des fonds récoltés à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso, dans le cadre de l’opération dénommée « Campagne nationale de souscription populaire pour la lutte contre le référendum », initiée par les partis politiques regroupés au sein du Chef de file de l’opposition politique (CFOP). Cette campagne s’inscrit, selon les animateurs de la conférence de presse du 26 juin, dans le cadre du financement de la mise en œuvre de la batterie de mesures prises pour empêcher tout scrutin référendaire visant à modifier l’article 37 de la Constitution. Elle vise, selon le coordonnateur de l’équipe de la campagne, Adama Kanazoé, à recueillir des fonds pour le financement des actions du CFOP en vue de contrer le référendum, de créer un sentiment d’implication réelle et directe dans la lutte contre le référendum chez les populations, à travers leurs contributions financières. De même, l’initiative vise à gagner la sympathie et l’adhésion de toutes les couches sociales sur l’ensemble du territoire national, en faisant d’elles des acteurs de 1er plan dans la lutte. C’est pourquoi, le public cible concerné par les souscriptions est constitué par tous les Burkinabé de toutes les couches sociales, la diaspora burkinabé dans le monde entier et tous les amis du pays à l’étranger, a expliqué Adama Kanazoé. Quant à l’équipe chargée de la gestion du projet de la campagne de souscription populaire, elle est composée de 4 personnes : 1 coordonnateur, 1 responsable à la communication, 1 responsable administratif et 1 responsable financier. Ce quatuor qui compose l’équipe réalisera très prochainement des actions de communication de masse auprès des populations en vue de favoriser leur engagement patriotique. Les messages de ces actions de communication seront vulgarisés à travers des affiches à Ouagadougou et dans les provinces, des flyers qui seront distribués, des spots radio et télévision, des émissions radiophoniques, des insertions presse, de l’incrustation permanente de messages dans les médias en ligne et de la publicité via les réseaux sociaux. Des tee-shirts estampillés « J’aime le Faso, je dis non au référendum » seront également confectionnés à cet effet. Pour les souscriptions déjà lancées, elles peuvent se faire en plus des urnes déposées au CFOP et dans les sièges des partis politiques de l’opposition, par virement bancaire par chèque au nom du CFOP et par les téléphonies mobiles pouvant offrir des services de transfert d’argent. Ce qui préside à cette démarche, c’est la responsabilisation des Burkinabè. « Nous demandons de contribuer parce que la lutte que nous menons, c’est leur lutte. D’un côté, on paie pour que les gens viennent, pour que les gens se mobilisent. De l’autre, on invite les gens à s’engager. La collecte de fonds demandée aux populations est importante pour nous sur le plan financier, mais aussi et surtout sur le plan symbolique. Même si c’est 500 francs par souscripteur, cela veut dire qu’il y a l’implication de beaucoup de personnes. La responsabilisation de ces personnes par leur geste, prouve qu’elles épousent la cause de l’opposition. Sur le plan symbolique, c’est très important de même que sur le plan financier. Le meeting de l’opposition organisé à Ouagadougou a coûté à peu près 12 millions et celui de Bobo-Dioulasso a aussi coûté 12 millions. Ce sont des sommes qui ne sont pas terribles, mais pour les mobiliser, il faut des sacrifices, il faut que chacun s’y engage et se sente concerné », a expliqué le doyen des conférenciers du jour, Jean Hubert Bazié. Et celui-ci de rassurer sur la gestion des fonds collectés : « Nous tenons à préciser qu’à chaque levée de fonds, un point est fait, le montant est donné, l’activité qui est menée est répertoriée et financée, expliquée de façon permanente. Il y aura de la transparence parce que nous n’allons pas nous amuser avec les 500 F CFA de l’homme de la rue qui accepte son sacrifice pour que notre cause soit entendue et que notre bataille aboutisse. La responsabilité morale nous incombe d’apporter la paix des cœurs, des esprits et que chacun comprenne que la conduite des affaires de l’Etat passe aussi par celle des affaires sectorielles. Si on ne réussit pas à la maison, on ne peut pas réussir au niveau de la nation ». Même assurance donnée par le coordonnateur de la campagne qui indique que toutes les dispositions ont été prises pour assurer la sécurité des fonds collectés. Pour éviter les braquages, des mesures sont prises pour la protection des urnes, a ajouté Adama Kanazoé. Pour plus de sécurité, des collectes régulières seront organisées pour récupérer l’argent dans les urnes afin de le déposer dans un compte bancaire. A en croire également le coordonnateur du projet de mobilisation des fonds, au moins 1 million de contributions de la part des Burkinabé est attendu. «Chacun pourra dire que mes 100 F CFA ou 500 F CFA ont permis d’encrer la démocratie au Burkina Faso et cela est fondamental. De la plus petite pièce de monnaie à la plus grande liasse, nous sommes preneurs. Cela servira toujours, et c’est tout cela qui permettra d’atteindre nos objectifs. Nous ne sommes fermés à aucune contribution tant qu’elle provient d’un organisme ou d’une institution avérée ». En revanche, a-t-il précisé, pas question pour l’opposition d’accepter par exemple l’argent de Boko Haram. Il en est de même de l’argent blanchi, avertit Jean Hubert Bazié : « Le dernier meeting du CDP est évalué au bas mot à 1 demi-milliard de F CFA. C’est un problème moral et d’éthique politique. Comment est-ce que l’on peut investir des sommes de ce genre pour soutenir une cause de ce genre ? Quand peut-on investir une somme aussi colossale pour une manifestation de ce genre, en transportant des gens des divers points du pays pour venir remplir le simple stade ? Nous, nous ne remplissons pas les stades pour faire des démonstrations, mais pour que les gens comprennent notre message, et qu’ils soient mobilisés. A un moment, l’opposition n’était pas visible, elle est maintenant de plus en plus visible », a-t-il constaté.

A propos de la mort du juge Nébié

Sur la question de la mort de Salifou Nébié, Jean Hubert Bazié a répondu au Secrétaire exécutif national du CDP qui avait rappelé lors du meeting de son parti le 21 juin dernier, que le juge constitutionnel défunt était un militant de 1ère heure de son parti. « L’opposition n’a pas réagi parce que c’est un militant du CDP ou de l’opposition, mais ici se pose la question du respect de la vie tout court. Salifou Nébié, nous le considérons comme un être humain, comme un Burkinabé et la manière horrible de sa mort nous interpelle tous. Si c’était leur militant, ils auraient dû réagir de façon vigoureuse parce que la sensibilité du peuple ne se conjugue pas avec le silence des 1ers responsables de son parti. Il y a quand même un minimum de compassion à manifester en attendant les décisions de justice. Il y a un ensemble d’attitudes que l’on peut afficher pour montrer sa réprobation de ce qui s’est passé. Chez les chrétiens, on identifie le péché et l’on dit que l’on peut pécher en pensée, en parole, par action et par omission. Le CDP a péché par omission. Si vous considérez que Salifou Nébié est l’un de vos frères, que c’est un militant du CDP, que c’est un ami, que c’est un camarade de combat et que sa façon horrible de mourir est révoltante, automatiquement, même les minutes qui suivent, vous devez manifester votre solidarité et de façon officielle dire que vous reprouvez ce qui s’est passé. Nous ne sommes pas de ceux qui disent que le juge a rencontré un objet volant non identifié. Ce n’est pas la peine de faire du cinéma, cette attitude d’Assimi Kouanda rejoint exactement la bataille pour laquelle nous nous lançons dans une lutte véritablement effrénée », a soutenu le président du parti de l’Espoir. Et Jean Hubert Bazié de renchérir : « Si le juge Nébié est leur militant qu’ils le prennent. Nous aussi, nous allons le prendre en tant que Burkinabé, en tant qu’être humain et nous allons manifester notre désapprobation. Nous allons exiger que la lumière soit faite sur sa mort, comme nous exigeons que la lumière soit faite sur les morts suspectes depuis un certain nombre d’années ». Concernant le problème de sécurité des leaders et militants de l’opposition dans le contexte actuel, le président du parti de l’espoir a indiqué que les partis politiques de l’opposition ont prouvé qu’ils sont suffisamment responsables : « Nous avons géré la colère populaire avec responsabilité, et nous ne voudrions pas que l’on mettre sur notre dos des éclatements éventuels qui pourraient survenir à la suite de l’exacerbation de la patience populaire. Nous sommes pour la sécurité et la paix. Et nous ne voudrions pas que l’on nous assimile à ceux qui se réclament être des bandits chefs. Officiellement, certains ont dit qu’ils ont des armes et que si l’on ne fait pas attention, on va savoir qui certaines personnes sont. Et à chacun de nos meetings, on dit hey !!! hey !!! Nous allons continuer nos activités en ayant confiance en nos forces de sécurité, au patriotisme de nos forces de police et de gendarmerie, en attendant que l’on ne prouve le contraire », a martelé Jean Hubert Bazié, visiblement très inspiré au cours des échanges avec les journalistes.

Saïdou ZOROME


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