SOUTIEN DE UHURU KENYATTA A RAILA ODINGA : L’Afrique anglophone montre encore la voie à suivre
La présidentielle au Kenya aura lieu en août prochain. Mais à six mois de cet événement important, l’on assiste déjà à un véritable branle-bas sur la scène politique nationale. En effet, le président sortant, Uhuru Kenyatta, qui n’est plus autorisé par la Constitution, à briguer un autre mandat, a officialisé, au cours du week-end écoulé, son soutien à Raila Odinga. Ce dernier, qui est resté pendant longtemps le rival de l’actuel chef de l’Etat kényan, se présente pour la cinquième fois à la présidentielle. Le soutien dont il vient de bénéficier de la part de Uhuru Kenyatta, n’a pas surpris grand monde d’autant que les deux hommes, depuis 2018, s’étaient rabibochés, mettant ainsi fin à la crise post-électorale au cours de laquelle ils s’étaient farouchement affrontés par militants interposés. C’est la preuve qu’en politique, il n’y a pas d’ennemis éternels. Finalement, c’est le vice-président William Ruto qui s’en trouve marginalisé ; lui qui se voyait comme le dauphin naturel de Uhuru Kenyatta. En fait, ce n’est un secret pour personne que les deux hommes, depuis quelque temps, n’étaient plus en odeur de sainteté au point que, par moments, ils se livraient publiquement à des passes d’armes. La rupture vient, en effet, du fait que William Ruto a réussi aux yeux de l’opinion, à se présenter comme « le représentant des débrouillards du petit peuple » face aux dynasties politiques qu’incarnent Kenyatta et Odinga, s’attirant ainsi les foudres de son mentor.
En politique, il y a parfois des surprises qui défient toute logique
Cela dit, s’il est vrai que Raila Odinga, avec le soutien du gouvernement, part favori à la prochaine présidentielle, il ne faut cependant pas oublier que le jeu électoral n’est pas comme de l’arithmétique où 2×2 font 4. En politique, il y a parfois des surprises qui défient toute logique tant et si bien qu’Odinga doit se garder de crier victoire avant l’heure. Car, ce qui importe ici, c’est ce que décideront les Kényans, le 9 août prochain. C’est à eux que revient le dernier mot. Cela dit, on ne peut s’empêcher de tresser des lauriers à Uhuru Kenyatta. Car, voilà un président qui, à l’issue de son deuxième mandat Constitutionnel, a décidé de faire valoir ses droits à la retraite dans un continent ou la tendance est aux règnes à vie. C’est tout à son honneur. Car, c’eût été sous d’autres cieux, que l’on aurait assisté à un tripatouillage constitutionnel aux fins de justifier le maintien du président sortant dans la course à sa propre succession. Les exemples sont si légion que l’on ne se hasarderait pas à les citer exhaustivement au risque d’en perdre l’haleine. En tout cas, une fois de plus, c’est l’Afrique anglophone, en matière d’alternance au sommet de l’Etat, qui montre la voie à suivre pendant que l’Afrique francophone cherche toujours ses marques.
B.O