HomeA la uneSOUVERAINETE ALIMENTAIRE : Bientôt un front commun de lutte contre les OGM en Afrique

SOUVERAINETE ALIMENTAIRE : Bientôt un front commun de lutte contre les OGM en Afrique


Le Collectif citoyen pour l’agro-écologie  (CCAE) a animé une conférence de presse le 3 novembre 2016 à Loumbila, localité située à une dizaine de kilomètres de Ouagadougou. Il s’est agi, pour les membres du collectif, de faire le point de leur lutte contre les Organismes génétiquement modifiés (OGM) au Burkina et d’annoncer la gestation d’un front commun de lutte contre les OGM en Afrique.

 

Les défenseurs de  l’agro-écologie veulent désormais parler le même langage. C’est dans cette optique qu’une délégation d’organisations de la société civile venues, entre autres, du Ghana, du Kenya, de l’Ouganda, de la Tanzanie, a séjourné au Burkina pour s’imprégner de l’expérience du Burkina Faso dans la lutte contre les OGM. Pour ce faire, les hôtes ont  visité quelques champs dans les Hauts-Bassins où ils ont échangé avec les producteurs qui utilisaient les OGM, notamment le coton BT.  « Nous sommes venus pour comprendre pourquoi, beaucoup de Burkinabè, après avoir utilisé les OGM, ont abandonné aujourd’hui cette pratique (…). Lorsque nous avons échangé avec les paysans, nous avons appris beaucoup de choses. Nous avons su pourquoi, par  exemple, beaucoup d’entre eux ont abandonné la culture du coton BT qui ne leur procurait pas non seulement grand-chose sur le plan économique, mais aussi décimait leurs troupeaux. C’est triste ! », a souligné Pierre Mokaya, membre de la délégation, spécialiste en développement rural et défenseur de l’agro-écologie. Selon les membres du CCAE, cette visite s’inscrit dans le cadre de la création d’un front commun de lutte contre les OGM en Afrique. Pour Blandine Sankara, membre du CCAE et coordonnatrice de l’Association Yélémani,  au-delà de l’aspect économique, l’utilisation des OGM est devenue une question de vie ou de mort. « Nous avons intérêt à travailler dans le sens de l’utilisation des produits naturels, locaux ou  bio pour  atteindre une indépendance alimentaire», a-t-elle soutenu. Pour elle, la souveraineté alimentaire n’est pas synonyme de  sécurité alimentaire. Et contrairement aux promoteurs des produits  OGM qui estiment que c’est un moyen privilégié de  lutter contre l’insécurité alimentaire, Blandine Sankara a affirmé que c’est un modèle productiviste mercantile et destructeur imposé aux producteurs et aux consommateurs. « Il y a la question de la santé humaine et des animaux qu’il faut prendre en compte », a-t-elle ajouté.  

 

« Autrefois, nos parents ne connaissaient pas de produits chimiques »

 

Pour sa part, Ali Tapsoba, porte-parole du CCAE, a laissé entendre qu’il y a une alternative agro-écologique à même d’atteindre la souveraineté alimentaire. Il en veut pour preuve, le jardin potager  de l’association Yélémani sis à Loumbila. Sur une superficie de  200 m2, ce site, en phase d’expérimentation, a été créé en 2013. Avec une dizaine de femmes de Loumbila, l’association fait de la maraîcher-culture grâce à l’utilisation de produits bio-insecticides. « Contre les insectes, nous utilisons du piment, des feuilles de neem et  du tabac. Nous n’utilisons pas de  produits chimiques », a expliqué la responsable de l’Association Yélémani, Blandine Sankara. Pour Ousmane Tiendrébéogo, membre du CCAE, l’utilisation des OGM est une autre forme de colonisation. « Autrefois, nos parents ne connaissaient pas de produits chimiques. Ils ne connaissaient pas ce que c’est qu’un OGM. Mais ils mangeaient à leur faim sans problème sanitaire ni pour eux, ni pour leurs troupeaux», a-t-il fait savoir. Pour lui, les mentalités ont commencé à changer au niveau des paysans, car beaucoup ont tiré leçon des effets néfastes des OGM.

 

Mamouda TANKOANO

 

 


Comments
  • erreur : ce n’est pas 200 m2, mais au moins 2000 m2 d’après mes souvenirs ! De la-haut Thomas doit être très touché de voir combien sa soeur Blandine l’a compris, et poursuit son projet, celui d’une terre habitable, où chacun se respecte, et respecte le sol qui nous nourrit.

    5 mars 2020

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