HomeA la uneSUSPENSION DE LA VENTE EN FRANCE, DE LA RECADE DU ROI BEHANZIN : Une victoire d’étape pour le Bénin

SUSPENSION DE LA VENTE EN FRANCE, DE LA RECADE DU ROI BEHANZIN : Une victoire d’étape pour le Bénin


Du 19 au 20 décembre 2024, s’est déroulée à Paris, une vente aux enchères privée dénommée « Tribal Exception », organisée par le cabinet Millon. Parmi les œuvres mises en vente, figure la récade du roi Béhanzin. Un sceptre royal attribut de l’autorité du souverain, qui se présente comme un manche de bois d’une longueur d’environ 50 cm, coudé à une extrémité et orné de métal ouvragé. L’attribut royal a été, en effet, retiré de la vente, à la dernière minute et ce, à la demande des autorités béninoises. Une victoire d’étape, s’il en est, pour les héritiers de Béhanzin qui ont réussi à faire retirer le sceptre royal, du catalogue. Un retrait qui, faut-il le rappeler, ne met cependant pas fin à la vente du sceptre en question. A preuve, il ressort que la récade reste toujours en vente. Mais, le fait d’avoir réussi à interrompre le processus, est déjà à saluer. Et le rôle joué par le ministère français en charge de la culture qui, faut-il le relever, n’a pas autorité à faire suspendre la vente, mérite aussi d’être salué. Car, son intervention, sans doute, a pesé dans la balance, pour que l’actuel propriétaire de la récade dont l’identité n’a pas été révélée, accepte la requête qui lui a été soumise. Cela dit, le véritable défi à relever, sera le rapatriement de l’objet royal sur ses terres d’origine au Bénin. Ce à quoi les autorités béninoises vont certainement s’atteler.

 

Les autorités béninoises se doivent de poursuivre le plaidoyer en vue du retour de la récade au bercail

 

Pour ce faire, Cotonou pourrait décider de se porter acquéreur ou de négocier avec Paris, un mécanisme de restitution. L’un dans l’autre, cela ne devrait pas poser un grand problème au regard des excellentes relations qu’entretiennent les deux capitales. Mieux, elles sont déjà dans la dynamique de restitution d’œuvres d’art appartenant à l’Afrique. Déjà, la France, en 2021, avait restitué à son ancienne colonie, 26 œuvres d’art, et la 27e est en attente. Des œuvres qui, faut-il le rappeler, ont fait objet de pillage ou de vol durant la période coloniale.  Toutefois, selon la maison de vente Millon, la récade sculptée en forme de main saisissant le foie d’ennemi vaincu, aurait été offerte par le roi Béhanzin lors de sa reddition, à Emmeran Curzon, officier français ayant participé à la campagne de colonisation du Dahomey. Une version contestée par la partie béninoise qui, si elle arrive à prouver que l’œuvre d’art royale a fait l’objet d’un pillage, a des chances d’entrer en sa possession.  En tous les cas, l’ancien Dahomey affiche clairement sa volonté de récupérer les biens de ses ancêtres, pillés durant la période coloniale. La diplomatie ayant contribué au retrait du sceptre royal de l’étale lors de la récente vente aux enchères, les autorités béninoises se doivent de poursuivre le plaidoyer en vue du retour de la récade au bercail. Cela prendra le temps qu’il faudra, mais la mission n’est pas impossible.

 

Edoé MENSAH-DOMKPIN

 


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