SUSPENSION DE L’AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT ET D’APPUI BUDGETAIRE DE LA FRANCE : Pourvu que le Burkina s’assume !
Décidément, l’axe Paris-Ouagadougou ne fait que se dégrader de plus en plus. C’est le moins que l’on puisse dire. En effet, après les départs de l’ambassadeur français et de la force Sabre, de la capitale burkinabè, sur fond de dénonciation des accords militaires, la tension semblait quelque peu retombée entre les deux capitales au point que Paris, dit-on, s’apprêtait à nommer un nouvel ambassadeur à Ouaga. C’est sur ces entrefaites que la France, à la surprise générale, décide de suspendre son aide au développement et d’appui budgétaire au pays des Hommes intègres. La nouvelle, tel un couperet, est tombée le 6 août dernier et ce, alors même que le Burkina Faso traverse une crise multidimensionnelle qui affecte durablement les différents secteurs de son économie. Pourquoi en est-on arrivé là ? Pourquoi Paris est-elle parvenue à prendre une telle mesure contre Ouagadougou qui, aujourd’hui plus qu’hier, a besoin du soutien de ses partenaires ? Les autorités françaises ont motivé leur décision par la situation qui prévaut au Niger, suite au coup d’Etat contre le président Mohamed Bazoum.
Car, pendant que la France soutient la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans ses efforts visant à rétablir le président déchu dont la proximité avec Paris était connue de tous, Ouagadougou s’est jointe à Bamako, pour apporter son soutien aux putschistes, menaçant même de combattre aux côtés de Niamey en cas d’intervention militaire de l’organisation ouest-africaine. Il en découle donc que les autorités burkinabè paient pour leurs choix politique et diplomatique. Sans doute devraient-elles s’attendre à des mesures de représailles surtout qu’en plus, elles se sont rapprochées du maître de Kremlin actuellement en rupture de ban avec les Occidentaux et cela, à cause de l’invasion de l’Ukraine. Ouagadougou, pour tout dire, aurait dû voir venir les choses. Et maintenant qu’elle est mise devant le fait accompli, elle n’a d’autre choix que de s’assumer pleinement. C’est le prix à payer quand l’on fait le choix de rester souverain. En effet, dans le combat qu’elles mènent contre l’impérialisme, les autorités burkinabè auraient fait preuve de cohérence si, dans leur détermination à rompre avec l’ex-puissance coloniale, elles avaient pris les devants en renonçant publiquement à l’aide publique au développement et à l’appui budgétaire de la France. Elles ne l’ont pas fait jusqu’à ce que ce soit la France qui, pour une raison ou pour une autre, décide de les en priver.
A présent, quelles peuvent en être les conséquences ? Quand on sait que l’aide publique au développement finance certains secteurs et zones délaissés à travers des prêts et autres formes de soutien, le Burkina Faso pourra-t-il combler le vide laissé par la France surtout dans ce contexte où la priorité des priorités, reste la reconquête du territoire national sous contrôle des groupes armés terroristes ? En tout cas, tout porte à croire que des pauvres populations vont trinquer ; elles qui paient déjà un lourd tribut du fait de la conjoncture nationale qui se caractérise par une morosité économique ambiante sur fond de vie chère. Cela dit, s’il est vrai que les grandes nations se développent dans la douleur et l’adversité, le Burkina Faso n’a pas à s’offusquer. Il dispose désormais d’une belle opportunité pour tracer le chemin de son progrès et de son indépendance politique et socio-économique, et quitter ainsi la posture d’éternel assisté comme le font bien d’autres pays. Mais cela nécessitera une dose supplémentaire d’adversité. Le Burkina en sera-t-il capable ? On attend de voir. Toujours est-il qu’un tel sacrifice nécessite que les Burkinabè se mettent au travail et que les dirigeants mettent un point d’honneur à combattre certaines mauvaises pratiques, en l’occurrence les détournements et la corruption qui demeurent de véritables goulots d’étranglement pour le développement de l’Afrique.
En effet, si, après une soixantaine d’années, l’aide publique au développement n’a pas contribué au développement de bien des pays africains, c’est en partie à cause de la mal gouvernance si fait que l’on assiste à une paupérisation continue des populations au moment où prospère une minorité. A cela s’ajoute le fait que la plupart des partenaires récupèrent de la main gauche, ce qu’ils donnent avec la main droite. A preuve, dans bien des projets et programmes en Afrique, travaillent des experts européens, américains, etc., dont les salaires engloutissent très souvent, finalement une bonne partie de l’aide publique au développement. Tant et si bien que les résultats se font attendre sur le terrain. Ce qui fait dire à certains que les Occidentaux travaillent à maintenir l’Afrique dans l’indigence, la dépendance et la mouise afin de pouvoir continuer à mieux l’exploiter.
« Le Pays »
Ynossa ZINSONNI
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Comment une aide au développement pourrait aider à développer si l’on récupère aussitôt de la main gauche ce que l’on donne de la main droite?
Nous n’avons nul regret pour cette aide puisqu’elle n’a vraiment pas empêché les choses d’aller à vau-l’eau.
Ce que nous regrettons actuellement, c’est que la rupture n’a pas été initié par nous.
Cela aurait plus prouvé notre volonté de nous assumer pleinement si tel était le cas.
Forces au peuple !
8 août 2023Ynossa ZINSONNI
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Cette rupture est la bien venue puisqu’elle n’a pas de toute façon empêcher les choses d’aller à vau-l’eau. Elle aurait encore été mieux si elle avait été pensée en premier par nos autorités, cela aurait plus prouver notre abyssale désire de nous assumer.
Forces au peuple !
8 août 2023