HomeA la uneSUSPENSION TEMPORAIRE DU TRAITEMENT DES DOSSIERS DE PROMOTION IMMOBILIERE: Au-delà des mesures cosmétiques…

SUSPENSION TEMPORAIRE DU TRAITEMENT DES DOSSIERS DE PROMOTION IMMOBILIERE: Au-delà des mesures cosmétiques…


Le ministre de l’Urbanisme, de l’habitat et de la ville, Bénéwendé Sankara, dans une circulaire datant du 9 février  dernier, a procédé à la suspension temporaire du traitement des dossiers de promotion immobilière. Le ministre justifie la mesure par des « dérives constatées » dans la pratique de l’activité de promotion immobilière. La suspension du traitement des dossiers de promotion immobilière vise, à en croire le ministre, à « apporter des réponses idoines » à ces dérives. Le ministre reconnaît donc qu’il y a des dérives. Par ce mot, il faut entendre changement imprévu et incontrôlé d’une situation. Il y a, par conséquent, eu des entorses à la norme. Et ces dérapages sont dus à un manque de contrôle. Deux manquements sont à relever. Le premier est imputable aux promoteurs immobiliers en ce sens que ces derniers se sont donné la liberté de tordre le cou aux textes. L’autre manquement est le fait des agents chargés de faire respecter les textes. Et ces personnes, visiblement, ont failli. Car, leur laxisme a permis à des promoteurs immobiliers de marcher sur les textes. Leur responsabilité est donc engagée. Et sous d’autres cieux, ils répondraient de leurs actes devant des tribunaux.

C’est clair et net. Des fonctionnaires du ministère de l’Urbanisme, de l’habitat et de la ville ont fait montre de laxisme voire de connivence avec des promoteurs immobiliers. Le ministre est prévenu. Pour autant qu’il veuille véritablement apporter « des réponses idoines » aux dérives, il doit obligatoirement secouer le cocotier de manière à châtier non seulement les promoteurs immobiliers indélicats, mais aussi à sévir contre les agents du ministère qui ont failli à leur devoir de contrôle. Cela est un impératif catégorique. Mais la suspension temporaire du traitement des dossiers de promotion immobilière, n’est pas suffisante pour assainir le milieu.

Si l’Etat s’y prend mal, il s’expose au risque d’être traîné en Justice

Il faut absolument revoir les textes qui permettent aux propriétaires terriens, de vendre les terres aux promoteurs immobiliers. Sous la Révolution, la législation disposait que la terre appartenait à l’Etat. Et l’on peut affirmer sans grand risque de se tromper que c’est cette politique qui a permis à bien des Burkinabè de disposer de parcelle et cela à un prix raisonnable. Sauf omission ou oubli de notre part, l’on pouvait être attributaire d’une parcelle contre une somme inférieure à 100 000 F CFA. La Révolution avait certes des insuffisances, mais force est de reconnaître qu’elle a permis à des citoyens moyens voire pauvres d’être propriétaires de parcelle. Les choses ont commencé à se gâter quand la loi de 1984 a été relue de sorte à permettre aux propriétaires terriens de disposer de leur « patrimoine » comme ils veulent. Dès lors, l’on a assisté à une ruée des promoteurs immobiliers vers les terres. Et l’on peut avoir l’impression que c’est un métier qui nourrit son homme.

En tout cas, bien des Burkinabè sont dans la promotion immobilière aujourd’hui. Et au début de la création de ce métier, certains d’entre eux se sont octroyé des hectares et des hectares de terres et cela, moyennant des sommes dérisoires. En retour, ils ont parcellisé ces terres et les ont revendues à prix d’or. Cette façon de se faire de l’argent est tout simplement indécente. C’est pourquoi il faut absolument agir de sorte à mettre fin à ces pratiques. Mais il faut reconnaître que le ministre Sankara aura du mal à assainir le milieu.

Et il risque fort de finir comme Icare, c’est-à-dire se brûler les ailes ; tant les accointances, les enjeux et les intérêts qui entourent le milieu de la promotion immobilière, sont grands.

C’est donc à juste titre que les Burkinabè considèrent que le ministère de Me Bénéwendé Sankara est une patate chaude que Roch Marc Christian Kaboré lui a réfilée. En tout cas, on attend de voir ce que le Sankariste qu’il est, fera. Ira-t-il dans le sens des intérêts des promoteurs immobiliers au risque de perdre son âme ? Ou prendra-t-il fait et cause pour les intérêts du plus grand nombre au risque d’attirer sur sa personne, les représailles des magnats de la promotion immobilière ? En tout cas, pour résoudre l’épineuse question du foncier, il a intérêt à aller au-delà des mesures cosmétiques.

Déjà, les promoteurs immobiliers peuvent brandir contre lui, le fait que leur activité est légale. Et ce n’est pas faux. Si donc, l’Etat s’y prend mal, il s’expose au risque d’être traîné en Justice. Et comme on est dans un Etat de droit, cela peut coûter cher au pays. Il y a aussi que des forces politiques cachées pourraient travailler à mettre des bâtons dans les roues du ministre. Et parmi ces forces politiques cachées, certaines pourraient appartenir à la majorité comme lui. Il y a enfin le fait que la gestion du foncier est une question qui implique la chefferie traditionnelle. C’est certainement pour ne pas se mettre à dos cette institution, que le ministre Sankara a rencontré, le 12 février dernier, le Mogho Naaba. En tout cas, tout le mal que l’on lui souhaite est qu’il puisse réussir sa mission et cela dans l’intérêt bien compris des populations.

 

Sidzabda


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