TABASKI 2017 : Vendeurs de moutons cherchent clients
Demain, 1er septembre 2017, les musulmans du Burkina Faso, à l’instar de leurs frères du monde entier, célébreront l’Aïd el Kébir ou fête de la Tabaski. En entendant, les vendeurs de moutons décrient la faible affluence de clients. Les prix des animaux varient entre 50 000 et 350 000 F CFA, selon la taille du mouton. Nous sommes allé à la rencontre de ces vendeurs, le 30 août dernier à Ouagadougou.
A quelques heures de la célébration de l’Aïd el Kébir ou fête de la Tabaski, les acheteurs de moutons ne se bousculent pas dans les marchés de bétails de la capitale burkinabè, Ouagadougou. Les raisons avancées par ces derniers sont, entre autres, la rareté des moyens financiers, le coût élevé des bêtes. Ce que déplorent les vendeurs de moutons. Nous avons sillonné quelques marchés de la ville de Ouagdougou, le 30 août 2017. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les vendeurs de moutons cherchent des lients qui se font rares. El Hadj Oumar Kiéma, habitant du quartier Somgandé de Ouagadougou, ne pourra pas faire comme l’année dernière. En effet, il ne pourra pas sacrifier 20 moutons. Il se contentera d’offrir aux nécessiteux, comme le recommande sa religion, 10 moutons. La raison avancée, le manque de moyens financiers et la cherté des animaux. Comme lui, El Hadj Moussa Compaoré que nous avons rencontré au marché de bétails de Tanghin, dit la même chose en relevant que « les prix des moutons ne sont pas abordables. Vous savez, la principale difficulté que rencontrent les pères de familles à la fête de la Tabaski, c’est comment avoir un mouton qui est une nécessité pour le musulman qui doit perpétuer l’acte ou l’obéissance d’Abraham à Dieu ». Malheureusement, il faut dire que les prix des moutons ont, selon lui, connu une hausse. Grâce à l’une de ses connaissances, il a pu acquérir un bélier à 90 000 F CFA. Si les acheteurs déplorent la cherté des moutons, les vendeurs, eux, déplorent la faible affluence des acheteurs.
Des moutons vendus à hauteur de 350 000 F CFA
Amado Ouédraogo, vendeur de moutons à la gare routière de Ouagadougou, souffre aussi de la « maladie ». Les clients viennent au compte- goutte, affirme-t-il. Pour avoir beaucoup de clients, il dit avoir pris des dispositions en vendant ses animaux à bas prix, c’est-à-dire entre 50 000 F CFA et 75 000 F CFA. Malgré cela, déplore-t-il, les clients se font rares. Pire, il vient d’enregistrer une perte sèche de 50 000 F CFA. En effet, il avait acheté un mouton à 70 000 F CFA la veille. Malheureusement, ce mouton est mort le lendemain. Il fut donc obligé de le vendre à 20 000 F CFA aux bouchers.
Amado Bandé, venu de Boussouma avec 47 moutons, a du mal à écouler ses bêtes au marché de bétails de la gare routière. A 2 jours de la fête, il n’avait vendu que 7 moutons sur les 47. Cela, estime-t-il, malgré la réduction des prix. Ses prix varient entre 50 000 et 75 000 F CFA.
Si certains ont du mal à tirer leur épingle du jeu, d’autres, par contre, ne manquent pas d’astuces pour mieux vendre. Venu de Manga, chef-lieu de la région du Centre-Sud avec 70 moutons, Sito Zoungrana a scindé son troupeau en plusieurs groupes et les a placés à des endroits différents. Ce qui lui a permis de vendre, en une seule matinée, 10 moutons.
Après le marché de bétails de la gare routière, nous avons mis le cap sur celui de Tanghin. Mais avant, une petite escale vers le Musée national nous a permis de rencontrer quelques « vendeurs de moutons de circonstance ». En effet, Moustapha Yaméogo est vendeur d’ananas. Parallèlement à cette activité, il élève des moutons à Saaba, commune rurale située à quelques encablures de la ville de Ouagadougou. Comme la veille de la fête constitue une bonne période, il en profite pour exposer ses moutons qu’il vend entre 125 000 F CFA et 200 000 F CFA. Il dit savoir que la vente des animaux aux abords des routes et avenues est interdite, mais il ne manque pas de raisons pour justifier son acte. Pour lui, le Burkina n’a pas encore atteint le stade où tous les animaux peuvent être vendus dans les marchés à bétails. D’ailleurs, estime-t-il, ces marchés ne peuvent pas accueillir tous les moutons, même si tous les vendeurs décidaient de le faire. Aussi, pense-t-il, les marchés à bétails occasionnent d’autres frais. D’ailleurs, les Burkinabè qui vendent les moutons à l’extérieur, le font dans ces pays souvent dans la rue.
Après cette étape, nous avons poursuivi notre périple au marché de bétails de Tanghin. Là, des moutons à perte de vue. Des moutons de toutes tailles, vendus à divers prix. Certains moutons sont vendus à hauteur de 350 000 F CFA. Et certains vendeurs préfèrent rester aux bords de la route pour être les premiers à accoster les clients. C’est là que nous avons rencontré Nathalie Lompo/ Yélémou. « Je pratique ce métier depuis 17 ans », a-t-elle confié. Grâce à ce job, a-t-elle poursuivi, elle apporte son soutien aux membres de sa famille.
Issa SIGUIRE