HomeA la uneTABASKI 2018 : Les vendeurs de moutons cherchent désespérément des clients

TABASKI 2018 : Les vendeurs de moutons cherchent désespérément des clients


 

Deux jours avant la fête de Tabaski, le marché des moutons est animé à Ouagadougou. Au quartier Hamdalaye et à Ouaga Inter, aux marchés de bétail, nous avons pu nous faire une idée de ce qu’offre ou présente le marché aux vendeurs de moutons comme aux clients ou acheteurs.  Ce qu’on retient, c’est que le marché est bien morose cette année.

 

Lorsque nous arrivons au marché de bétail de Ouaga Inter autour de 10h dans la matinée, ce dernier grouille de monde. Des bœufs et des moutons (béliers) attachés çà et là ou détenus par leurs propriétaires, donnent une idée de l’ambiance d’avant fête. Des vendeurs de moutons par profession et des apprentis vendeurs de moutons qui ont improvisé l’activité à quelques encablures de la grande fête musulmane, la fête de l’Aïd El-Kébir, se disputent le marché. Chacun espère ou entend se faire du bénéfice. Harouna Zongo est vendeur de bœufs de profession. Il espère faire de bonnes affaires en cette veille de la fête de Tabaski, mais constate avec amertume la « sécheresse du marché de bétail ». Il déplore la détérioration du marché : On n’arrive même pas à obtenir le prix d’achat de l’animal à la vente, confie-t-il, amer. Mais, il a vendu il n’y a pas longtemps un taureau astronomique à plus du million de F CFA, nous confie-t-il. Dans le lot, il compte des bœufs dont les prix varient entre 150 000 et 350 000 F CFA. La proximité de la Tabaski n’a pas joué sur ses prix et les bœufs coûtent même plus cher qu’avant, soutient-il. Qu’est-ce qui peut bien expliquer la morosité du marché ? A son avis, c’est la situation économique nationale qui a plongé les affaires dans l’incertitude. Les gens manquent de ressources et cherchent à manger, dit-il. Mohamed Kouraogo est vendeur de moutons, mais il ne se fait pas d’illusions pour les ventes. Les prix varient de 25 000   à 110 000 F CFA. Pas de client, dit-il. Même pour payer un poulet de 3 000 F CFA, les gens éprouvent de la peine, lance-t-il. En trois jours de marché, il n’a vendu aucun mouton. Les prix ne sont pas à la portée des clients, selon lui, quand bien même ses prix ne sont pas élevés, avise-t-il.

« La vie chère se prolonge au marché du mouton »

 

A l’approche de la fête, il rallie les villages où il s’approvisionne en moutons de Tabaski qu’il vient revendre dans l’espoir de réaliser du bénéfice. Cette année,  pas facile de vendre un bélier n’en parlons pas de bénéfice, déplore-t-il. Bouba Zoungrana tire sur la corde du gros bélier qu’il conduit vers un client. Un bélier de 5 ans qu’il a fait venir du Niger voisin, nous dit-il. Son prix ? 200 000 F CFA cash, dit-il. Les gens viennent regarder les moutons, dit Adama Nana qui vient de vendre un bélier à 90 000 F CFA. Le seul qu’il a pu vendre depuis 3 jours sur un total de 20 têtes.  Dramane Ouédraogo qui a acheté le gros bélier, trouve l’animal très cher. Mais comme c’est la Tabaski, on est obligé, dit-il. « Il faut un mouton pour la Tabaski, on a fait un effort et c’est gagné », dit-il, avant d’embarquer l’animal dans son véhicule. A Hamdalaye, ce sont les mêmes complaintes chez les vendeurs. Pas d’affluence comme les années antérieures. Plus d’un vendeur croit que les dernières minutes d’avant Tabaski peuvent créer la surprise. Hamadou Diallo est venu de la localité de Dori avec une race de 8 gros béliers qu’il a fait venir du Niger. Le plus petit bélier coûte 150 000 F CFA et il vend le plus gros à 255 000 F CFA. Arrivé le 18 août, il a vendu un seul bélier à 95 000 F CFA alors que chaque jour il faut donner des aliments de qualité au lot de béliers en plus de les faire garder les nuits moyennant de l’argent.  Plus d’un vendeur estime que le marché du mouton se porte très mal cette année. Certains craignent d’être obligé de vendre à bas prix leurs moutons à la dernière minute. Quand les clients viennent, ce sont les moutons de 35 000 ou 40 000 F CFA qu’ils demandent, alors que cette catégorie concerne les petits moutons, fait observer un vendeur. Certains clients estiment que même si les prix des moutons restent abordables, les gens n’ont pas les moyens du fait du climat des affaires et de l’état de notre économie nationale. Boukar T. trouve que la vie chère se prolonge jusqu’au marché du mouton. A chacun sa Tabaski selon ses moyens, soutient un autre client qui nous fait entendre que « Allah n’est pas obligé ». Pas obligé de donner un mouton à chaque personne pour la fête, ironise-t-il. A l’endroit de ceux qui se font du mouron pour le mouton de Tabaski, une cliente croit savoir que « Dieu a bien dit de sacrifier un mouton si on en a les moyens ».

Lonsani SANOGO

 

 


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