HomeA la uneTABLE RONDE DE PARIS SUR LE PNDES : L’espoir est permis

TABLE RONDE DE PARIS SUR LE PNDES : L’espoir est permis


C’est hier, 7 décembre que s’est ouverte, à Paris, pour deux jours,  sous la présidence de Roch Marc Christian Kaboré (RMCK), la table ronde des bailleurs de fonds destinée à collecter des fonds à hauteur de 6 000 milliards de F CFA sur les 15 000 prévus pour financer le Plan national de développement économique et social (PNDES) du Burkina Faso.  C’est devant un parterre d’environ 700 convives que le Burkina s’est efforcé de vanter au mieux ses atouts pour relever le défi de la relance économique. L’optimisme affiché du maître de cérémonie, le Premier ministre Paul Kaba Thiéba (PKT), indique que le gouvernement a mis les petits plats dans les grands. En attendant l’heure du bilan, il faut déjà se féliciter de cette initiative qui prouve que le gouvernement ne dort pas sur les problèmes des Burkinabè. Bien au contraire, conformément à la sagesse qui stipule qu’ « il faut vendre sa maladie pour en avoir le remède », il a fait l’effort d’aller sur les grandes places financières pour y trouver la solution aux difficultés économiques et sociales de ses populations.

 

Le gouvernement mise  sur la conférence de Paris qui doit permettre la mise en orbite du programme présidentiel

 

Ce faisant, avant même d’engranger la totalité des recettes attendues, il réalise une formidable opération de communication politique.  Certes, on peut ergoter sur cette manie que les gouvernants du Sud ont toujours à se tourner vers les métropoles occidentales pour trouver les solutions aux problèmes de leur Etat, mais force est d’admettre que «  la main qui reçoit ne peut être plus haute que celle qui donne ». A défaut donc de pouvoir convoquer, en terre africaine, ceux qui détiennent les cordons de la bourse, il faut  se résoudre à avaler son orgueil pour aller en Occident,  là où ils se trouvent. Car, « qui a besoin du pape, se rend à Rome », dit-on. Et à vrai dire, le gouvernement de PKT avait- il vraiment le choix ? Pour sûr, la réponse à cette interrogation est non. Le voyage sur les bords de la Seine n’est pas une promenade de santé. Le régime post-transitionnel du président RMCK a, à ce qu’on dit, trouvé les caisses de l’Etat vides. La chute du régime de Blaise Compaoré a rendu l’économie nationale exsangue et la gestion financière à tort ou à raison, décriée de la Transition, semble avoir davantage compliqué la situation.  Le régime joue donc  sa survie face à une rue aux prises avec  les affres des difficultés économiques  et  dont le grondement va en s’amplifiant. Les Burkinabè s’impatientent, en témoignent les revendications sociales tous azimuts. Certains ont vite fait d’accuser le régime d’avoir dévoyé l’esprit des 30 et 31 octobre quand tout simplement ils ne le traitent pas d’incompétent. Pour contenir les menaces d’éruption du volcan sur lequel il danse, le gouvernement mise  sur cette conférence de Paris qui doit permettre la mise en orbite du programme présidentiel.  Mais quelles sont ses chances de succès ? L’Exécutif burkinabè peut d’abord miser sur l’ancrage démocratique du pays. Les démocraties occidentales qui ont semé la graine de la démocratie sur le continent et qui en ont fait une conditionnalité pour le financement du développement économique en Afrique, ont là une occasion d’offrir une prime à la démocratie. En accédant aux sollicitations du gouvernement burkinabè, elles peuvent se racheter des financements des dictatures dont elles sont accusées et qui leur collent à la peau. Deuxième atout du gouvernement et pas des moindres, le dossier  au menu de la table ronde, aux dires des spécialistes, semble bien ficelé techniquement. Il a, de ce fait, les charmes pour ravir le cœur des investisseurs. D’ores et déjà, le communiqué final fait cas de plus de 8 000 milliards de F CFA de financement annoncés par les partenaires publics au 1er jour dont la Banque mondiale qui a promis de doubler sa contribution annuelle pour appuyer le PNDES. Quant à l’Union européenne (UE), elle a promis la bagatelle de 800 millions d’euros pour aider les autorités burkinabè à lutter contre la pauvreté. En tout cas, le gouvernement PKT envoie des signaux intéressants d’une volonté d’assainissement du milieu des affaires en s’attaquant à la corruption.

 

La partie n’est pas gagnée d’avance mais l’espoir est permis

 

Il y a donc fort à espérer que le gouvernement revienne avec tout au moins de belles promesses, mais il devra, pour ce faire, donner beaucoup d’assurances  aux partenaires techniques et financiers (PTF) sur certaines questions. La première de ces préoccupations que ne manqueront pas de soulever les bailleurs de fonds intéressés à investir au Burkina Faso, c’est sans conteste la question sécuritaire. En effet, depuis les attentats du 15 janvier 2016, le pays est dans l’œil du cyclone des mouvements terroristes. C’est sans doute une mauvaise publicité dont le pays se serait bien passé à ce moment crucial où son économie a besoin d’être dopée.  Mais le Burkina peut se consoler du fait qu’aucun pays n’est aujourd’hui à l’abri du mal. Il faudra néanmoins convaincre les partenaires techniques et financiers des efforts faits pour sécuriser le pays. Autre terrain sur lequel les chargés du lobbying burkinabè sont attendus, c’est la trop grande puissance de la société civile et plus particulièrement des syndicats. C’est une donnée qui effraie les investisseurs et le gouvernement burkinabè devra donner des gages d’une accalmie prochaine de ce front, pour donner plus de sérénité à l’environnement socio-économique. Au regard de tout ce qui précède, on peut le dire, la partie n’est pas gagnée d’avance mais l’espoir est permis. C’est pourquoi la table ronde de Paris ne devra  être qu’une étape et ce d’autant plus que le PNDES est un programme quinquennal. Les efforts doivent se poursuivre dans le sens d’une plus grande adhésion des PTF au projet porté par le gouvernement burkinabè. En effet, au retour de Paris, le Burkina devra dynamiser davantage sa diplomatie pour rallier plus de partenaires à sa cause. Car, force est de reconnaître que de ce côté, la mayonnaise tarde à prendre. En plus, le pays devra fournir plus d’efforts dans la mobilisation interne, notamment en direction du secteur privé dont le potentiel insoupçonné peut assurer une importante part du développement économique national. Enfin et surtout, le gouvernement devra faire preuve de plus d’audace dans la relecture du Code des investissements pour le rendre plus attractif,  avec la mise en œuvre de projets structurants. Car, un environnement sain des affaires vaut plus que de nombreuses tables rondes.

 

« Le Pays »

 

 

 

 


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