HomeA la uneTENSION ENTRE LE MNLA ET LA MINUSMA : La rançon de la compromission

TENSION ENTRE LE MNLA ET LA MINUSMA : La rançon de la compromission


Dans le cadre de la lutte contre les djihadistes au Nord-Mali, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) s’était trouvée un allié de taille. Il s’agit du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad). En effet, ce dernier, pour avoir un moment flirté avec les « barbus » et pour sa connaissance parfaite du terrain, représente de toute évidence un appui de taille pour la force onusienne dans sa périlleuse mission de débarrasser le Mali de la menace djihadiste. De ce fait, une relation de confiance et de collaboration a pu être établie entre la MINUSMA et le MNLA. Cette relation vient d’être mise à rude épreuve par les événements qui se sont passés le 20 janvier 2015 à Tabankort. En effet,   ce jour-là, la force onusienne a ouvert le feu sur des positions des groupes armés, en réaction, dit-elle, à des tirs qu’elle impute à ceux-ci. Cette version est réfutée par le MNLA qui soutient que ce sont les forces onusiennes qui ont tiré en premier. En attendant d’en savoir plus sur la véracité de ces deux versions, l’on peut déjà faire le constat que cet incident a provoqué 11 morts et 21 blessés du côté des combattants des groupes armés, si l’on en croit le MNLA. Il n’en fallait pas plus pour susciter la colère des habitants de Kidal qui s’en sont pris violemment aux installations des forces onusiennes. Le slogan « Azawad oui, MINUSMA non », qu’ils scandaient en dit long sur le type de rapport qui pourrait exister désormais entre les deux parties. Le moins que l’on puisse dire est que la confiance pourrait se rompre. Et dans cette hypothèse, l’on peut redouter le pire pour le Mali. En effet, même avec l’entente qui prévalait entre la MINUSMA et le MNLA, les djihadistes arrivaient à faire par moments des incursions criminelles dirigées notamment contre des installations onusiennes dans la zone sous contrôle du MNLA. Aujourd’hui, avec ce qu’on pourrait appeler la fin de la lune de miel entre le mouvement rebelle touareg et l’ONU, l’on est en droit de croire que cela pourrait être mis à contribution par les djihadistes pour faire davantage mal à la force onusienne. L’on doit d’autant plus le croire que le MNLA, qui livrait des informations précieuses sur les positions djihadistes à la MINUSMA, menace de ne plus le faire en guise de représailles.

Les incidents de Tabankort peuvent être perçus comme une stratégie du MNLA

Les bénéficiaires de cette nouvelle donne sont, de toute évidence, les djihadistes dont on sait qu’ils n’ont jamais renoncé à leur projet funeste de placer le Mali voire l’Afrique de l’Ouest sous le giron d’un califat. Si ce projet venait à prendre forme, l’on peut dire que la MINUSMA pourrait en porter en partie la responsabilité. Pour l’heure, elle est en train de payer la rançon de sa compromission avec le MNLA. En effet, pour avoir permis au MNLA de gérer Kidal comme un Etat dans l’Etat malien, la MINUSMA, peut-on dire, s’est rendue coupable d’avoir contribué à mettre en place dans la région, une zone de non-droit où prospèrent des trafiquants et des contrebandiers de tout acabit.

Cette bonhomie coupable vis-à-vis du MNLA, que Bamako a, du reste, dénoncée à plusieurs reprises, peut s’apparenter à une caution politique qui ne dit pas son nom au projet initial du MNLA de faire de l’Azawad un Etat indépendant. Tout porte à croire que le MNLA n’y a pas encore renoncé aujourd’hui. De ce point de vue, les incidents de Tabankort peuvent être perçus comme une stratégie du MNLA de faire obstruction aux négociations  en cours à Alger dont on sait qu’elles ont écarté d’office toute idée de sécession de l’Azawad. Cela pourrait ne pas plaire au MNLA qui s’évertue à trouver un alibi pour quitter la table des négociations inter-maliennes. Et l’alibi, il semble l’avoir trouvé en provoquant les forces onusiennes, convaincu que celles-ci ne resteront pas les bras croisés. L’incident ainsi créé, le MNLA pourrait le brandir pour justifier un éventuel retrait des négociations d’Alger.

C’est pourquoi Bamako, la médiation algérienne et les Maliens épris de paix, doivent tout faire pour éviter le piège de cette énième tentative du MNLA de faire obstruction à la paix au Nord-Mali.

Pousdem PICKOU


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