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TOGO : Faure marche vers son Golgotha


“Après le Burkina, à qui le tour?” Ainsi titrions-nous au lendemain de la démission forcée de l’ancien président du Faso, Blaise Compaoré, celui-là même qui, naguère, déclarait : « La rue n’a jamais fait changer une loi ». La lame de fond semble avoir atteint le Togo. Car, à peine la révolution burkinabè a-t-elle fini de compter ses morts  et de panser ses plaies, que l’on assiste à une véritable levée de boucliers contre le président Faure Gnassingbé qui tient mordicus à briguer un nouveau mandat à la prochaine présidentielle en 2015. Certes, la Constitution ne le lui interdit pas, mais tout comme Blaise Compaoré, le peuple, visiblement excédé, aspire au changement. C’est donc une lapalissade de dire que la crise togolaise est une émanation de la révolution  burkinabè, tant les similitudes sont nombreuses. Toutefois, si au Burkina, on a pu assister à des démonstrations de force à travers des marches-meetings et contremarches sans heurts, il en va autrement pour le Togo où, pas plus tard que la semaine dernière, une manif organisée par l’opposition politique a été sévèrement réprimée avec en sus de nombreuses interpellations. On le sait, la violence est la chose la mieux partagée au pays des Gnassingbé. Car la moindre manifestation dégénère en scène de violences, laissant parfois même des macchabées sur le carreau. On comprend donc pourquoi l’Organisation des Nations unies, à travers son représentant pour l’Afrique de l’Ouest, Mohammed Ibn Chambas, a décidé de suivre de près l’évolution de la situation au Togo. Tirant leçon de ce qui est arrivé au Burkina Faso, l’ONU veut faire de la prévention pour ne pas jouer les médecins après la mort, comme elle est d’ailleurs coutumière du fait. C’est tout à son honneur. Seulement, plutôt que d’adopter une position de fermeté, elle donne l’impression de vouloir ménager les susceptibilités des uns et des autres, oubliant que l’heure n’est plus aux belles formules diplomatiques.

Faure a  intérêt à écouter son peuple

Il faut dire à Faure Gnassingbé qu’après dix ans au pouvoir, il est temps pour lui de se retirer si tel est son souhait de terminer ses beaux jours au Togo. A défaut, il risque de finir  comme son mentor Blaise Compaoré qui, hier applaudi, va sans doute terminer ses vieux jours à l’étranger, loin des siens. Triste fin pour un homme qui a connu la gloire et les honneurs et qui se retrouve condamné à vivre loin de sa patrie, tel un damné de la terre. En tous les cas, Faure Gnassingbé doit comprendre que jamais dans l’histoire, on a vu un dictateur triompher de son peuple. Il finit toujours par plier l’échine,  quelle que soit sa témérité. Le peuple est l’alpha et l’oméga de tout. Tout part de lui et tout revient à lui. C’est lui qui donne le pouvoir  et c’est  lui encore qui le retire, au moment voulu et cela, peu importe le prix à payer. Faure a donc intérêt à écouter son peuple plutôt qu’à en rajouter à la colère de la rue en affirmant qu’il respectera les dispositions prévues par la Constitution en se présentant à nouveau à la présidentielle de 2015. Il est vrai, comme le dit un adage du terroir, que quand « un âne veut terrasser une personne, elle ne regarde pas la position de ses oreilles » qui, suivant qu’elles sont raides ou tendues, n’ont pas le même sens. Déjà, comme un signe des temps, il a été porté sur les fonts baptismaux au Togo, un mouvement de la société civile dénommé “Le Balai Citoyen”, à l’instar du Burkina Faso qui s’était inspiré du “Mouvement y en a marre” au Sénégal. Et cerise sur le gâteau, c’est l’espace de solidarité qui se crée entre les acteurs de la société civile et l’opposition politique togolaise contre Faure Gnassingbé. Toutefois, on ne peut que regretter le mutisme de l’Union africaine et de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) qui, en dépit de tout, ne pipent mot, préférant attendre l’embrasement pour venir jouer les pompiers, avec parfois des discours au ton martial, comme ce fut le cas du Burkina post-Blaise Compaoré. C’est une attitude irresponsable et indigne de structures dont l’une des missions est de prévenir les conflits en Afrique.

Boundi OUOBA


Comments
  • Jeunesse Togolaise lève comme un seul homme et dis NON aux règnes dynastiques. On ne doit plus faire des passes du père au fils, du fils au petit-fils ou au neveu. 50 ans d’Eyadémose, ça suffit!Chassez Bébé Eyadéma!

    28 novembre 2014
  • Moi j’aurais proposé à la société civile Togolaise le nom de “Rateau Citoyen” pour leur mouvement car les racines des Yassimbé sont telles que simple balai peut pas rendre propre le Togo. Il faut des rateaux. Tenez 37 ans pour le père et illimité pour le fils….Autant baptisé le pays “Eyadema Land”.

    28 novembre 2014
  • Les togolais sont très complaisants. Plus que les Congolais. Ils ne pourront même pas se courber pour essayer balayage. Alors qu’il leur faut plus que des rateaux; du feu pour brûler à sec les racines herbes et feuilles eyadema; s’ils sont fiers d’être togolais

    29 novembre 2014

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