TOURNEE DE LAMENTATIONS DE JEAN PING : Le Gabon ce n’est pas l’Amérique

Alors que la victoire d’Ali Bongo Odimba à la dernière présidentielle semble définitivement actée, son challenger malheureux,  Jean Ping, continue sa croisade contre ce qu’il qualifie de hold-up électoral. Il a, de ce fait, entrepris une tournée européenne qui, après Bruxelles, l’a conduit sur les bords de la Seine. L’objectif affiché est de s’expliquer auprès des démocraties occidentales qui, après l’avoir contraint à user des voies légales de recours pour contester la victoire mal acquise de son rival, semblent l’avoir abandonné à son sort, faisant ainsi de lui le dindon de la farce. Mais que peut-il véritablement obtenir de cette campagne ?

Sauf à susciter la pitié des Européens, Jean Ping ne se fait pas trop d’illusions sur les retombées positives de sa mission. Car, c’est un truisme de dire que la politique des Occidentaux en Afrique, est dictée par la logique des intérêts. Si fait que leur attitude laisse croire que le plus dur sur le continent, c’est de réussir à voler la victoire. Mais après avoir fait main basse sur le butin, on vous accompagne. Il est donc quasi certain que la priorité des Etats européens est d’assainir au mieux leurs relations avec le régime en place au profit des intérêts mutuels, que d’enfiler la tenue de combat pour une cause déjà perdue. C’est dire que cette tournée de l’opposant est plus destinée à se donner bonne conscience face à ses sympathisants et militants au Gabon et surtout aux familles des martyrs  auxquels il veut laisser croire qu’il ne baisse pas les bras et que les victimes ne sont pas tombées pour rien sur les champs de bataille. Il reste même à espérer que cette tournée ne se transformera pas en un exil qui ne dit pas son nom.

 

Il ne faut pas compter sur les Occidentaux pour être le moteur de la démocratie en Afrique

 

Cela dit, cette tournée de Jean Ping a de quoi chagriner les démocrates du continent, du fait du bel exemple de démocratie que viennent de donner les Américains. Alors qu’en un jour, les résultats de la présidentielle américaine  étaient disponibles et en totale transparence, il a fallu, au Gabon, attendre de longues semaines pour finalement obtenir des chiffres truqués et fabriqués. Alors qu’en Afrique, les urnes, en règle générale, comme on l’a vu au Gabon, n’élisent pas les présidents, l’élection américaine vient donner au vote citoyen, tout son sens en reflétant la volonté du peuple. La présidentielle américaine a donc de quoi augmenter les tourments de Jean Ping qui doit intérieurement se dire que si le Gabon était les USA, il serait l’actuel locataire du Palais du bord de mer de Libreville. Mais l’homme ne peut cependant que s’en prendre à lui-même.

D’abord, parce qu’il a contribué à tisser les fils de la toile dans lesquels il est aujourd’hui pris au piège. Il a été, avec d’autres camarades de l’opposition gabonaise, l’un des architectes du  régime de Bongo, et, de ce fait, récolte ce qu’il a semé. Mieux, il a dirigé l’Union africaine (UA) et n’a jamais eu la poigne de son prédécesseur Alpha Omar Konaré vis-à-vis des dictateurs. On comprend d’ailleurs pourquoi, pour sa croisade, il s’est plutôt orienté vers l’Union européenne (UE) que l’UA, bien conscient que sa cause ne serait pas entendue. Quoi qu’il en soit, ces mésaventures de Ping donnent beaucoup à réfléchir.

Et la principale leçon à en tirer est qu’il ne faut pas compter sur les Occidentaux pour être le moteur de la démocratie en Afrique. Seuls les peuples africains peuvent décider de leur destinée en prenant en main leurs responsabilités.

 

SAHO