HomeA la uneTOURNEE OUEST- AFRICAINE DU PRESIDENT CENTRAFRICAIN : Ouaga valait bien un détour

TOURNEE OUEST- AFRICAINE DU PRESIDENT CENTRAFRICAIN : Ouaga valait bien un détour


Hier, 8 novembre 2016, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a reçu la visite d’un archange.   Il s’agit là du président centrafricain, Fautin Archange Touadéra. En effet, après un séjour sur les bords de la lagune Ebrié où il a puisé aux sources de l’expérience ivoirienne pour vaincre les démons de la guerre civile et de la haine et où il a aussi mis à profit son séjour pour faire  une cour assidue à la Banque africaine de développement (BAD), le chef de l’Etat centrafricain a foulé le sol burkinabè pour la 1ère fois, depuis le début de son accession au pouvoir. L’on pourrait se demander ce qui a bien pu appâter en terre burkinabè le numéro un des Centrafricains, si loin de ses bases.

Aussi éloignés géographiquement que sont les deux pays, le Burkina Faso et la RCA ont cela de commun, qu’ils viennent de quitter une période de transition. Et comme dit l’adage, « qui se ressemble, s’assemble ».  C’est donc naturellement à un partage d’expériences mutuelles que les deux têtes des Exécutifs burkinabè et centrafricain s’invitent. On peut cependant être dubitatif quant aux fruits de cet exercice, tant les réalités sont différentes et que les équations se posent différemment.  

Plus intéressant pour Faustin Archange Touadéra est plutôt l’exemple burkinabè de la tolérance religieuse et de la cohésion sociale, dont le pays s’est fait une réputation au point de valoir à Roch Marc Christian Kaboré d’être reçu au Vatican par le Saint Père. On le sait, la Centrafrique est rongée par le cancer de l’intolérance religieuse qui a fini par cristalliser les antagonismes sociaux à travers l’interminable guerre entre Séléka (musulmans) et Anti-Balaka (chrétiens). Le président s’est donc efforcé lors de son séjour ouagalais, de s’inspirer de l’expérience burkinabè dans l’espoir d’y trouver l’élixir  qui permettra de faire fumer le calumet de la paix aux frères ennemis centrafricains.

Tout compte fait donc, Ouaga valait bien un détour. Et ce séjour, aussi bref soit-il, n’est pas fait pour déplaire aux autorités burkinabè qui se sentaient  plus ou moins snobées par l’étranger.

 

Aucune tunique prêt-à-porter importée ne peut suffire à rassembler les Centrafricains

 

Car, hormis les visites de quelques chefs d’Etat africains consécutives aux attentats du  15 janvier 2016, la capitale burkinabè n’a plus bruissé aux sons des sirènes des escortes présidentielles étrangères. La visite du président centrafricain vient briser l’embargo diplomatique de fait, qui semblait frapper Ouagadougou, jadis incontournable. Mais Roch Marc Christian Kaboré devrait bien se rendre à l’évidence qu’ « une seule hirondelle ne fait pas le printemps » et travailler à repositionner de façon durable le Burkina Faso au rang des nations qui comptent. C’est à ce prix que le Burkina Faso, malgré l’admiration qu’il a suscitée après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et lors de la résistance au putsch du 16 septembre 2015, trouvera sa place dans  le concert des nations.

Quant à Faustin Archange  Touadéra, si l’on peut se réjouir du fait qu’il semble ne pas dormir sur ses lauriers avec les problèmes de son pays et ne semble donc ménager aucun effort pour le tirer de l’ornière, il devra aussi intérioriser le fait que la paix en Centrafrique est beaucoup plus tributaire du désir de vivre-ensemble des Centrafricains eux-mêmes et des efforts qu’ils y consacrent. Aucune tunique prêt-à-porter importée de l’extérieur, aussi belle soit-elle, ne peut suffire à rassembler les Centrafricains si les populations de Bangui et de l’arrière-pays ne veulent pas s’en accommoder. Mais il est vrai que l’accompagnement de la Communauté internationale est nécessaire pour soutenir les efforts internes.

 

SAHO


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