TOURNEE SOUS- REGIONALE DU VICE-PRESIDENT IVOIRIEN : Un devoir de gratitude qui cache mal d’autres objectifs
Quelques jours après sa prestation de serment le 20 avril dernier, le nouveau vice-président de la Côte d’Ivoire, Tiémoko Meyliet Koné, a pris son bâton de pèlerin pour remercier et dire au revoir aux chefs d’Etat des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Ce périple l’a d’abord conduit au Sénégal où il travaillait en qualité de gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), ensuite au Togo, au Bénin et enfin au Niger. Si on ne peut douter de la pertinence de cet acte de reconnaissance et de politesse parce qu’il relève de la culture africaine, on ne peut s’empêcher de se demander s’il ne cache pas d’autres visées. On le sait, depuis le 19 avril dernier, date de sa nomination, Tiémoko Meyliet Koné a tronqué sa veste de banquier contre le costume d’homme politique. De ce fait, il a besoin de se faire connaître sur le plan politique, de rentrer dans le fameux réseau des têtes couronnées du continent noir. Et c’est un combat légitime ce d’autant que l’ex-gouverneur de la BCEAO est désormais le dauphin constitutionnel de Alassane Dramane Ouattara (ADO). Certes, il n’a pas encore reçu la caution morale du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) comme étant l’unique candidat du parti, mais il pourrait bien succéder à ADO. On est d’autant plus fondé à le penser que sa nomination a fait consensus au sein de la famille RHDP. Mais comme on le sait, que ce soit sous nos tropiques ou ailleurs, on ne peut pas parvenir aux plus hautes cimes de l’Etat sans l’appui de certains chefs d’Etat.
Il a besoin de fourbir ses armes avant la présidentielle
Autant dire que cette tournée sous-régionale du vice-président ivoirien est un devoir de gratitude qui cache mal d’autres objectifs. S’il est vrai que Tiémoko Meyliet Koné est un as des finances, il n’est pas aussi vrai que ses expériences accumulées de 4 ans dans les fonctions de ministre de la Construction, de l’urbanisme et de l’habitat, de directeur de cabinet du Premier ministre et de Conseiller spécial à la présidence ivoirienne, font de lui un homme rompu à la tâche. Il a donc besoin de fourbir ses armes avant la présidentielle qui, sauf changement de calendrier, se tiendra en 2023. En tout cas, à moins qu’ADO se dédise en prolongeant son bail à la tête de l’Etat, ce qui n’est pas impossible, M. Koné a de fortes chances d’être le prochain président de la Côte d’Ivoire. Du reste, s’il a écourté son deuxième mandat à la tête de la BCEAO pour être vice-président de la Côte d’Ivoire, c’est qu’il a eu de solides garanties de la part de son mentor. Surtout qu’ADO ne semble plus arc-bouté sur son projet de passer la main à une nouvelle génération. En tous les cas, on ne voit pas un jeune cadre du RHDP aujourd’hui en pôle position pour succéder à ADO, surtout face à des vieux loups aux dents acérées de la scène politique ivoirienne comme le Sphinx de Daoukro ou le Christ de Mama qui rongent leurs freins. D’ailleurs, on n’aurait pas tort d’affirmer que le plus grand échec d’ADO, c’est de n’avoir pas pu se préparer un dauphin durant sa décennie de gouvernance. Cela dit, si l’objectif du septuagénaire vice-présdident était de se faire adouber par les chefs d’Etat influents de l’UEMOA, il aura réussi puisqu’en plus des honneurs dus à son rang, il a été élevé au rang de Commandeur de l’Ordre du mérite du Niger.
Dabadi ZOUMBARA