HomeA la uneTRANSITION POLITIQUE AU BURKINA :  Les Evêques pour « le respect des exigences de la communauté internationale »

TRANSITION POLITIQUE AU BURKINA :  Les Evêques pour « le respect des exigences de la communauté internationale »


Depuis leur sortie le 15 juillet 2013, qui avait d’ailleurs été diversement appréciée par la classe politique burkinabè, personne ne les avait encore entendus. Les Evêques du Burkina Faso, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, avait mis en garde le régime de Blaise Compaoré contre les risques d’instabilité dans notre pays. Constatant la démission du pouvoir de Blaise Compaoré, les  Evêques souhaitent la mise en place d’organes consensuels de transition dans le cadre d’un dialogue inclusif. C’est la substance de ce message que nous vous proposons in extenso. Lisez !

 

Chers fils et filles de l’Eglise- Famille de Dieu  au Burkina Faso, et vous hommes et femmes de bonne volonté,

 

A l’issue de notre assemblée extraordinaire des 3 et 4 novembre 2014, nous, vos archevêques et évêques, eu égard à la situation nationale, jugeons opportun de vous  adresser ce message de paix et d’espérance.

Dans l’esprit de nos messages précédents, et en vertu de notre mission d’être au service de la réconciliation, de la justice et de la paix, nous vous invitons toujours « à plus de vigilance et de responsabilité en vue de préserver les acquis sociaux et politiques de notre peuple.» (Message des évêques du 20 février 2010).

En effet, en juillet 2013, nous faisions le constat  de la « montée de la violence qui s’exprime parfois sous forme d’incivisme et qui est la traduction d’un mécontentement profond » (Message des évêques du 15 juillet 2013). Cela s’est progressivement exacerbé et a abouti au mouvement de nature insurrectionnelle du 30 octobre dernier avec ses nombreuses conséquences connues de tous. Des efforts louables  sont en cours pour parvenir rapidement à une vie constitutionnelle normale dans notre pays. Nous nous en réjouissons.

A ce tournant important de l’histoire  politique et sociale de notre pays, nous nous souvenons de cet appel que le Pape Benoît XVI lançait à tous les responsables politiques et économiques des pays africains et du reste du monde : « Ne privez pas vos peuples de l’espérance ! Ne les amputez pas de leur avenir en mutilant leur présent ! Ayez une approche éthique courageuse de vos responsabilités et, si vous êtes croyants, priez Dieu de vous accorder la sagesse ! Cette sagesse vous fera comprendre qu’étant les promoteurs de l’avenir de vos peuples, il faut devenir de vrais serviteurs de l’espérance. Il n’est pas facile de vivre la condition de serviteur, de rester intègre parmi les courants d’opinion et les intérêts puissants. Le pouvoir, quel qu’il soit, aveugle avec facilité, surtout lorsque sont en jeu des intérêts privés, familiaux, ethniques ou religieux. Dieu seul purifie les cœurs et les intentions» (Discours du Pape Benoît XVI au Corps diplomatique à Cotonou le 19 novembre 2011).

 

En ce moment précis de notre histoire,  nous nous unissons à la douleur des familles éplorées et implorons la miséricorde divine pour le repos des âmes de ceux qui ont perdu la vie dans ces manifestations. 

 

Ces événements passés, des personnes de bonne volonté ont débarrassé nos rues des stigmates des affrontements et des violences. Tout en saluant cette initiative citoyenne, il nous faut surtout, pour retrouver une fierté nationale légitime, travailler à éradiquer le mal et le péché de nos cœurs et de nos structures. Des vies humaines et des biens ont été brisés, détruits ou saccagés. Aussi devons-nous œuvrer à l’apaisement des cœurs, apporter la compassion et tous les soins nécessaires aux personnes blessées dans leur chair comme dans leur âme, assurer également la sécurité des personnes et des biens. Nous appelons à un véritable changement, c’est-à-dire à la conversion des cœurs pour un sursaut éthique susceptible d’ouvrir un avenir de justice, de pardon, de réconciliation et de paix.

 

En cette circonstance où les partis politiques ont manifesté leur esprit républicain et où les forces vives, notamment les femmes et les jeunes, se sont mobilisés avec courage pour un combat et une victoire historiques, il est plus que urgent pour nous d’inviter les uns et les autres à se laisser guider par ce qu’il y a de meilleur en eux : la retenue, la sagesse, l’esprit de concertation et de vérité en vue du bien commun et de l’intérêt supérieur de la Nation. Nous en appelons à la conscience civique de  tous et de toutes. Nous en appelons aussi au respect de la dignité des personnes et de l’autorité des forces de l’ordre et de sécurité. Nous invitons les médias à une éthique de responsabilité afin de rétablir une communication crédible au-delà des intérêts partisans.

Nous appelons tous les acteurs de la scène politique  à la prise en compte des aspirations du peuple et des exigences de la communauté internationale afin de mettre notre pays  à l’abri de conséquences déplorables. Pour garantir une transition consensuelle et rapide par un pouvoir civil,  à l’abri de calculs politiciens, il est à  souhaiter  que les principaux dirigeants des organes de cette transition soient exclus des compétitions électorales futures.

 

Tout en souhaitant que seul l’intérêt supérieur de la Nation guide les concertations en cours, nous réaffirmons  notre attachement au principe de dialogue et notre engagement en vue de la sauvegarde du bien commun. 

 

 Nous appelons de toutes nos forces la mise en place d’organes consensuels de transition à travers le dialogue incluant tous et toutes pour un retour à une situation de paix durable.  Nous lançons cet appel aux hommes politiques, à la société civile, aux forces militaires et paramilitaires et aux diverses communautés  coutumières et religieuses. C’est ensemble que nous serons protagonistes d’un changement profond et véritable au service de  l’espérance du peuple burkinabè.

Dieu aime notre peuple : invoquons-le avec vérité et dans la sincérité du cœur.  En ce moment où le tissu social de notre Nation est mis à rude épreuve, Lui seul peut nous aider à panser nos blessures pour trouver les ressources nécessaires pour l’édification d’un Burkina Faso réconcilié, dans la justice et la paix.

 

DIEU BENISSE ET SAUVE LE BURKINA FASO !


Ouagadougou, le 4 novembre 2014

 

Les  Evêques du Burkina Faso :

 

Mgr Paul Yemboado OUEDRAOGO, Archevêque de Bobo-Dioulasso

Président de la Conférence Episcopale Burkina-Niger

Cardinal Philippe OUEDRAOGO, Archevêque de Ouagadougou

Mgr Séraphin François ROUAMBA, Archevêque de Koupéla

Mgr Joachim OUEDRAOGO,  Evêque de Koudougou

Vice-Président de la Conférence Episcopale Burkina-Niger

Mgr Lucas Kalfa SANOU,  Evêque de Banfora

Mgr Thomas KABORE,  Evêque de Kaya

Mgr Joseph SAMA,  Evêque de Nouna

Mgr Jude BICABA,  Evêque de Dédougou

Mgr Der Raphaël KUSIELE DABIRE, Evêque de Diébougou

Mgr Justin KIENTEGA, Evêque de Ouahigouya

Mgr Gabriel SAYAOGO, Evêque de Manga

Mgr Modeste KAMBOU, Evêque de Gaoua

Mgr Pierre Claver Yenpaabu MALGO, Evêque de Fada N’Gourma

Mgr Prosper KONTIEBO,Evêque de Tenkodogo

Mgr Laurent BIRFUORE DABIRE, Evêque de Dori

Mgr Léopold Médard OUEDRAOGO, Evêque auxiliaire de Ouagadougou


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