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TRANSITION POLITIQUE AU BURKINA : Les syndicats pour l’arrestation et le jugement de Blaise Compaoré


Ceci est une déclaration de l’Unité d’action syndicale (UAS) sur le processus de transition en cours. Les syndicats réaffirment leur souhait de voir arrêtés et jugés Blaise Compaoré et ses fidèles. Tout en interpellant le gouvernement sur la reprise du dialogue, ils souhaitent une nette amélioration des conditions de vie des travailleurs. Lisez !

 

Adresse aux militant(e)s, aux travailleuses et travailleurs

 

Camarades militant(e)s,

travailleuses et travailleurs,

 

A l’orée du nouvel an, les secrétaires généraux des centrales syndicales et des syndicats autonomes vous souhaitent à toutes et à tous, une bonne et heureuse année 2015. Que la nouvelle année renforce notre détermination à nous battre pour de meilleures conditions de vie et de travail et pour contribuer de manière encore plus significative à la lutte de notre peuple pour plus de justice, de liberté et de progrès.

 

Camarades militantes et militants, travailleuses et travailleurs,

L’évolution de la situation nationale deux mois après la chute de Blaise Compaoré et la mise en place des organes de la transition montre clairement que des défis importants s’imposent aux organisations démocratiques en général et aux syndicats en particulier. Si quelques-unes des préoccupations que nous avions évoquées dans la déclaration sus-évoquée ont été quelque peu satisfaites, il reste que pour l’essentiel, rien n’a fondamentalement changé. La belle formule lancée par les plus hautes autorités selon laquelle « plus rien ne sera comme avant », formule qui a fait rêver tant de Burkinabè, s’affadit chaque jour un peu plus. En effet, les changements auxquels aspirent les Burkinabè et pour lesquels de nombreux jeunes ont sacrifié leur vie se font toujours attendre. Dans les faits, les pratiques décriées de l’ancien régime (népotisme, dilapidation des ressources, corruption) se poursuivent avec les nouvelles autorités. En témoignent les nominations complaisantes au niveau des ministères et des directions générales et régionales, les émoluments faramineux que se sont octroyés les membres du Conseil national de transition. Et face aux contestations légitimes qu’organisent les travailleurs, les responsables de la transition ne trouvent pas mieux à faire que de menacer les populations de répression.

Camarades militant(e)s, travailleuses et travailleurs; nous avons estimé que des mesures importantes devaient être prises notamment l’arrestation et le jugement de Blaise Compaoré et de ses fidèles, l’établissement d’un bilan précis des personnes qui ont sacrifié leur vie lors de l’insurrection populaire et la prise de mesures en vue d’honorer leur mémoire, la mise à l’écart de tous ceux qui, au sein du système Compaoré, se sont illustrés dans des crimes économiques et de sang contre notre peuple; le maintien et l’élargissement des libertés démocratiques et syndicales, un examen sérieux des préoccupations du monde du travail synthétisées dans le cahier de doléances unitaire et dans les plates-formes revendicatives sectorielles, le traitement de la question de l’insécurité dans les zones urbaines et rurales.

A propos des revendications des travailleurs, il faut rappeler que nous avons suspendu deux mots d’ordre que nous avions lancés pour le mois de novembre. Dernièrement, suite à deux demandes d’audience adressées à son Excellence monsieur le Premier ministre, celui-ci nous a reçus le 6 janvier 2015 autour des préoccupations suivantes : la baisse attendue des prix des hydrocarbures, la situation des travailleurs qui ont perdu leurs emplois suite à la destruction de leurs unités de production au cours de l’insurrection et la situation au ministère des Infrastructures avec le cas Guiguemde. En divers, nous avons interpellé le ministre de la Fonction publique du travail et de la sécurité sociale sur nos attentes relatives à la reprise du dialogue Gouvernement/Syndicats autour des cahiers de doléances 2013 et 2014.

 

En réaction aux préoccupations soulevées, le Premier ministre a donné les réponses suivantes :

– Concernant les travailleurs qui ont perdu leurs emplois, le gouvernement estime que les responsables des sociétés concernées devraient assurer un minimum pour les travailleurs qui peuvent être mis en chômage technique. Du reste, le gouvernement a saisi tous les responsables des sociétés concernées excepté la patronne de la société Tan Aliz qui a quitté le pays. Il envisagerait même une rencontre avec ces responsables ;

– A propos des hydrocarbures, le gouvernement a pensé qu’il pouvait procéder à une baisse des prix mais en a été dissuadé par les techniciens qui ont montré que la baisse ne pourrait pas excéder 15f en raison de la situation difficile que connaît la Sonabhy qui connaîtrait un déficit de près de 36 milliards et à qui la Sonabel et l’Etat doivent respectivement 18 milliards et 36 milliards de francs. Il a aussi fait état de cas de surfacturation à la Sonabhy qui ont été portés à sa connaissance ;

– Enfin concernant l’affaire Guiguemde, il a déploré le fait que les manifestants ne soient pas venus vers le gouvernement pour poser leurs préoccupations. Selon lui, le gouvernement se serait adressé à l’Ambassadeur des Etats-Unis qui aurait déclaré qu’il pense que ce qui est sur Guiguemde est vrai mais qu’il ne lui appartenait pas de fournir des pièces au Burkina. Le gouvernement se serait adressé à l’Ambassadeur du Burkina aux USA mais jusqu’à la veille de la rencontre, le gouvernement n’avait encore rien reçu.

En réaction aux explications données par le Premier ministre, le mouvement syndical s’est félicité de la tenue de la rencontre. Il a dit son souhait de prendre part aux discussions avec les responsables des sociétés. Concernant le cas Guiguemde, il a transmis au Premier ministre un lot de documents sur M. Guiguemde qui constituent des preuves sur les faits reprochés au ministre. A la suite de cette rencontre, nous avons adressé une correspondance au Premier ministre dans laquelle nous avons précisé nos attentes sur les différents points.

En tout état de cause, l’UAS ne considère pas la période de transition comme une période durant laquelle les préoccupations des populations en général et celles des travailleurs en particulier doivent être mises sous boisseau. Elle est contre toute idée de trêve durant la transition. C’est pourquoi elle invite les autorités de la transition d’une part à marquer la rupture avec les pratiques de l’ancien régime et d’autre part à tracer la voie de la prise en compte des préoccupations populaires pour servir de référence aux hommes et partis politiques qui vont solliciter les suffrages populaires aux élections de 2015. Il n’y a pas de raison de différer le changement, celui-ci doit s’opérer dès maintenant et pour cela nous attendons du gouvernement des signaux forts.

L’UAS appelle ses militantes, l’ensemble des travailleuses et des travailleurs à rester mobilisés, à renforcer leurs structures et à se tenir prêts pour répondre à tout mot d’ordre que nous serions amenés à prendre au cas où nos préoccupations ne seraient pas prises en compte.

En vue d’échanger sur toutes ces questions, et surtout sur les perspectives, une assemblée générale des délégués du personnel et des délégués syndicaux du Kadiogo est convoquée pour le vendredi 22 janvier à 17h au Centre d’éducation ouvrière de Ouagadougou.

 

Ouagadougou, le 16 janvier 2015

Ont signé :

CGT-B

Bassolma BAZIE

Secrétaire général

 

CNTB

Augustin Blaise HIEN

Secrétaire général

 

CSB

Olivier G. OUEDRAOGO

Secrétaire général

 

FO/UNSL

Joseph L. TIENDREBEOGO

Secrétaire général

ONSL

Paul N. KABORE

Secrétaire général

 

USTB

  1. Georges KOANDA

Secrétaire général

 

Pour les syndicats autonomes :

 

Le Président de mois

 

François de Salle YAMEOGO

Secrétaire général/SYNATEB


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