TRENTIEME ANNIVERSAIRE DE L’ASSASSINAT DU PRESIDENT THOMAS SANKARA : Laissez le « pouvoir aux révolutionnaires sincères »
Ceci est une déclaration de l’Alliance des démocrates révolutionnaires (ADR) à l’occasion des 30 ans de l’assassinat de Sankara.
« Peuple du Burkina Faso,
Militantes et militants de l’Alliance des démocrates révolutionnaires,
Chers camarades et sympathisants,
Cela fait trente ans que des politiciens platement ambitieux appuyés par l’impérialisme mettaient fin au Burkina Faso à la révolution démocratique et populaire dirigée par le capitaine visionnaire Thomas Sankara ! En effet, ce sont trente ans de douleur et de peine consécutives à la félonie du clan réactionnaire qui avait infiltré la révolution et qui, quatre années durant, a eu le temps de détruire de l’intérieur par des actes condamnables ce que la révolution construisait en vue de rejeter plus tard le tort sur un homme dont le seul péché a été de vivre honnête, digne et patriote, en l’occurrence le président Thomas Sankara. Et trente ans après, la Justice institutionnelle est toujours muette sur le dossier de son assassinat qu’elle avait même essayé d’étouffer à cause du maillage de comploteurs que l’histoire permettra de démasquer et de condamner sans pitié, y compris ceux qui sont déjà morts. Déjà, l’insurrection populaire d’octobre 2014 a permis de relancer l’affaire et le peuple burkinabè connaîtra tôt ou tard ses ennemis, c’est-à-dire ceux qui ont arrêté sa radieuse marche vers le développement avec le capitaine Sankara.
Camarades,
L’ADR estime, au regard des faits et gestes de certains acteurs, que c’est avec préméditation que l’assassin de Thomas Sankara a pris le pouvoir le 15 octobre 1987 dans le sang si l’on s’en tient à la déclaration qui faisait du père de la révolution d’août 1983 le diable, « ce traitre qui s’est hissé à la tête de la révolution pour mieux l’étouffer de l’intérieur », selon le Front populaire dirigé par Blaise Compaoré. D’ailleurs, son frère François, dans une interview accordée à JEUNE AFRIQUE, a soutenu que Thomas Sankara avait confondu la rhétorique à la politique et à la gestion du pouvoir d’Etat. Là, on ne peut être plus clair quand on sait que Blaise lui-même, lors d’une conférence de presse après sa forfaiture du 15 octobre, avait déclaré devant les journalistes en parlant de Thomas que « c’est parce qu’il avait du succès avec la presse qu’il se croyait aimé de tout le monde ». L’impérialisme n’a fait qu’exploiter la soif de pouvoir du faux compagnon de l’homme et de son penchant fort pour les honneurs indus pour freiner la marche qui allait nous mettre définitivement à l’abri de la mendicité d’Etat. Toutefois, il faut relever que les complices de l’acte d’assassinat tout comme ceux qui ont accompagné et consolidé le système mis en place après le 15 octobre sont comptables des souffrances de notre peuple et ne peuvent aujourd’hui prétendre hypocritement magnifier l’œuvre de Thomas Sankara.
Peuple du Burkina Faso,
De tous les régimes politiques qui se sont succédé dans notre pays, que ce soit des régimes dits d’exception ou ceux qui ont existé sous la dénomination d’« Etat de droit », l’histoire retient que c’est sous la révolution que le peuple a été réellement acteur et bénéficiaire des politiques publiques en contrôlant lui-même la gestion des affaires de l’Etat et en instaurant une justice sociale jamais connue dans notre chère patrie. Ceux qui étaient contre la révolution tout comme ceux qui ne souhaitent plus voir une révolution au Burkina sont ceux-là mêmes qui exploitent le peuple en aimant le soumettre pour satisfaire leurs lubies. Dans ces conditions, il est clair que si nous voulons un pays où tous les citoyens jouissent effectivement des mêmes droits, il n’y a pas une autre voie que celle tracée par le président Thomas Sankara car toute autre option relève du mirage et n’est que de l’aventurisme.
Camarades,
Trente ans après l’assassinat du guide de la révolution burkinabè, son aura continue de grandir et son esprit influence extraordinairement le monde, surtout la jeunesse combattante éprise de liberté, de justice et de solidarité. Au Burkina Faso, même ceux qui n’aimaient pas la politique de l’homme se font passer de nos jours pour ses héritiers, usurpant au passage le statut de révolutionnaires alors que dans les actes, ils déçoivent ceux qui ont pris Thomas Sankara pour modèle. Ces pseudo-révolutionnaires se recrutent parmi ceux qui, sous le Front populaire, ont travaillé avec Blaise Compaoré et sa clique pour effacer la mémoire de Sankara dont l’exaltation de l’œuvre pouvait vous coûter la vie à l’époque tout en se rendant complices de la non-manifestation de la vérité et de la justice sur sa mort jusqu’à nos jours. Ils se recrutent également parmi ceux qui ont juré sur la tombe de Sankara de ne cesser la lutte que quand justice lui sera rendue après manifestation de la vérité sur sa mort, et qui, depuis un certain temps, ont pactisé avec les premiers cités qui sont de très grands ouvriers du système Compaoré. Ils se recrutent enfin parmi ceux qui ont décidé d’accompagner et de soutenir les dissidents du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti dans lequel ces derniers ont géré le pouvoir un quart de siècle durant avec Blaise Compaoré et qu’on tente malhonnêtement de blanchir. Bref, le retournement de veste constaté à plusieurs niveaux montre bien que ceux qui ont un idéal politique sont peu nombreux. L’on a d’ailleurs observé avec amertume lors du décès de Salifou Diallo, celui-là qui était à la radio le 15 octobre 1987 armé de kalachnikov pour assister à la déclaration des putschistes, des gens magnifier sa façon de faire la politique qui se décline ainsi: force de corruption, capacité à détruire les partis politiques adverses, protection des délinquants à col blanc, promotion d’indésirables ayant des dossiers sales, influence négative sur la Justice, etc. En un mot, on a inversé les valeurs en pensant que ceux qui se fondent sur la morale pour l’action politique sont des imbéciles qui ne comprennent rien à la politique. Paradoxalement, ceux qui sont dans ce paradigme prônent à cor et à cri la gouvernance vertueuse dans tous les domaines.
Peuple du Burkina,
Militantes et militants de l’ADR,
Chers camarades,
L’insurrection populaire d’octobre 2014 qui, en principe, devait constituer un nouveau départ a été malheureusement dévoyée par des infiltrés qui y ont vu une occasion de s’enrichir eux aussi et de tordre le cou aux règles de la morale politique pour s’adonner à des passions catastrophiques dont nous subissons encore les affres qui se traduisent par une escalade de violences verbales, des attaques terroristes, des manifestations organisées par des individus qui réclament l’impunité pour leurs partisans, des provocations tous azimuts et bien d’autres vilaines choses. Tout cela est l’expression d’une guerre entre deux camps du même système dont l’un refuse l’arrivée au pouvoir de l’autre. Mais notre peuple ne doit être l’otage de personne et ne doit non plus être victime d’un ostracisme dont l’inéluctable dénouement sera des affrontements sanglants. C’est pourquoi, l’ADR pense que la seule façon de rétablir l’ordre et la quiétude dans notre pays, c’est de laisser le pouvoir aux révolutionnaires sincères, prêts à se sacrifier pour la patrie à travers une clairvoyante exploitation des valeurs de justice sociale, de sincérité, de solidarité, de sacrifice de soi, d’altruisme, en un mot, d’intégrité. C’est cela qui constitue le socle du développement, et c’est cela le secret de la réussite du mythique président du Conseil national de la révolution. Mais alors, les dirigeants actuels doivent comprendre qu’il est hasardeux pour eux de vouloir briguer un autre mandat pour totaliser plus de trente ans d’exercice du pouvoir sans avoir pu offrir de l’eau potable au peuple, ni réaliser cent pour cent de taux de scolarisation, ni produire ne serait-ce que soixante-quinze pour cent de couverture sanitaire, ni atteindre l’autosuffisance alimentaire, ni même donner une parcelle à celui qui y a droit. Toutefois, l’ADR se garde de confondre jeunesse avec honnêteté et se refuse à considérer les anciens comme des « has been ». Pour nous, il est plutôt judicieux de rechercher les acteurs vertueux dans toutes les couches sociales pour une synergie incitative de progrès.
Justice à l’immortel Thomas SANKARA !
Vive la révolution !
Vive l’ADR !
ADR= Intégrité-Détermination-Victoire
Ouagadougou, 15 octobre 2017
Pour le Présidium suprême de la révolution
Le premier membre,
Boucolou SENI