HomeA la uneUHURU KENYATTA ET LA CPI : Un dossier qui embarrasse tout le monde

UHURU KENYATTA ET LA CPI : Un dossier qui embarrasse tout le monde


 

 

Une semaine ! C’est le délai accordé par les juges de la Cour pénale internationale (CPI) à la procureure Fatou Bensouda, pour rassembler les preuves supplémentaires contre le président kényan Uhuru Kenyatta en vue d’aboutir à un procès. Passé ce délai, la procureure devra retirer purement et simplement sa plainte. S’achemine-t-on vers une relaxation de Uhuru Kenyatta, soupçonné de crimes contre l’humanité, pour son rôle présumé dans les violences post-électorales de 2007-2008 au Kenya ?  C’est fort probable. Ce d’autant que la procureure Bensouda avait reconnu n’avoir pas assez de preuves pour inculper le président kényan. Ce qui, en soi, n’est pas étonnant.

Etant encore en exercice, Uhuru Kenyatta a eu le loisir de mener un travail de subornation systématique des témoins de cette affaire, si bien que beaucoup d’entre eux ont fini par se rétracter. Faut-il le rappeler, le procès de Uhuru Kenyatta a plus d’une fois été reporté après la rétractation de témoins sur lesquels l’accusation aurait pu compter. Aussi, Nairobi n’a pas daigné transmettre des documents permettant de confondre l’homme fort du Kenya. Elle est restée sourde à l’appel de l’accusation, refusant de collaborer avec la cour. Et l’on pouvait s’y attendre.

Uhuru Kenyatta a l’appui des puissances occidentales qui vouent une haine viscérale aux islamistes

Rares sont ceux qui, sous nos tropiques, osent contrarier publiquement le prince régnant ; un tel affront vaudrait une longue traversée du désert, voire l’échafaud. En tout cas, ce qui se passe actuellement entre la CPI et le président Kenyatta n’est pas de nature à favoriser l’alternance au Kenya. Car, si Fatou Bensouda et son équipe peinent jusque-là à épingler le gros gibier kényan à leur tableau de chasse, c’est sans aucun doute parce que Uhuru Kenyatta est un président en exercice. Et, fort de cela, ce dernier travaillera à rester le plus longtemps possible au pouvoir. L’exemple du Soudan est à cet égard, édifiant.

Par ailleurs, au regard du contexte socio-politique au Kenya, une détention éventuelle de Uhuru Kenyatta par la CPI, pourrait provoquer des remous dans ce pays où les attaques terroristes ont déjà pignon sur rue. En effet, le Kenya, pays fortement américanisé, est en guerre contre les islamistes shebabs depuis belle lurette. Dans la lutte contre ces derniers, une croisade qu’il a d’ailleurs promis d’intensifier, Uhuru Kenyatta a certainement l’appui des Etats-Unis et des puissances occidentales qui, on le sait, vouent une haine viscérale aux islamistes. Ces considérations ont sans doute pu rendre le dossier Kenyatta fort embarrassant pour tout le monde, y compris pour la CPI qui, avant tout, ne peut faire la sourde oreille face aux occidentaux, qui sont  son bras financier.

En termes de priorité, il est clair que ces derniers  pencheront pour la lutte contre les insurgés shebabs plutôt que pour un procès de Uhuru Kenyatta.

Car une instabilité politique au Kenya donnerait l’occasion aux islamistes d’étaler davantage leurs tentacules.

Pour toutes ces raisons, Uhuru Kenyatta est sûr de son fait. La preuve, libre de ses mouvements, contrairement au président soudanais Omar El-Béchir qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international.

Considéré dans son pays comme un héros pour avoir été le premier président en exercice à avoir accepté de se mettre à la disposition de la CPI, en se rendant lui-même à La Haye, Kenyatta peut à présent appréhender l’avenir avec sérénité. Tant qu’il demeurera à la magistrature suprême du Kenya.

 

Thierry Sami SOU


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