HomeA la uneULTIMATUM DE L’OPPOSITION AU PRESIDENT BURUNDAIS : Nkurunziza est allé trop loin pour reculer

ULTIMATUM DE L’OPPOSITION AU PRESIDENT BURUNDAIS : Nkurunziza est allé trop loin pour reculer


 

L’Opposition politique burundaise n’en démord pas, dans sa détermination à contraindre le président Pierre Nkurunziza à respecter la Constitution. Elle vient, en effet, de lancer un ultimatum à ce dernier, lui enjoignant de quitter ses fonctions avant le 26 août 2015. Rappelons que la fin de cet ultimatum correspond à la date à laquelle prend fin le mandat en cours du président Pierre Nkurunziza.  Cette nouvelle sortie constitue-t-elle une menace à même d’ébranler la  foi du pasteur président ? Annonce-t-elle des lendemains difficiles pour le mandat que Nkurunziza se prépare à entamer en dépit du climat social malsain ? Ou n’est-elle qu’un simple effet d’annonce, destiné plus à l’animation de la vie politique qu’à une vraie résolution à faire partir le dictateur ?

Il est sans doute bien trop tôt pour répondre avec certitude à ces questions. Par contre, ce qui ne souffre d’aucun doute, c’est le fait que cette sortie est, à tout le moins, la preuve que cette mascarade d’élection organisée à la va-vite, est loin de faire retomber le mercure à Bujumbura. Malheureusement, tout porte à croire que Pierre Nkurunziza est déjà allé si loin dans sa fuite en avant, qu’il ne fera pas machine arrière. Du reste, quel dictateur s’est-il déjà incliné devant la volonté de son peuple ? L’histoire nous enseigne que tous les tyrans se croient toujours des surhommes, investis d’une mission divine, donc toujours au-dessus de leur peuple. Nkurunziza ne fera pas exception à cette règle et partira donc un jour comme tous ces satrapes qui l’ont précédé, la queue entre les fesses.

En tout état de cause, la période d’après la date du 26 août risque fort de constituer un tournant décisif pour le Burundi. Sur le plan sécuritaire, il est à craindre que la situation se dégrade davantage, dans la mesure où l’opposition organise la résistance non plus uniquement sur les plans politique et diplomatique, mais aussi sur le plan militaire. Les centaines de soldats qui ont déserté au lendemain de l’échec du coup d’Etat et qui ont promis de faire partir le dictateur par tous les moyens, se préparent sans doute à appuyer militairement les actions de l’opposition sur le terrain. Et l’assassinat du général Adolphe, l’homme qui avait tout fait pour sauver le fauteuil de Nkurunziza, n’est pas étranger à cette stratégie de reconquête du pouvoir par les armes.

Aucun dictateur ne sait reconnaître un signe prémonitoire

Quant au président Pierre Nkurunziza, le sort ne semble pas lui laisser d’autre choix que de persister dans son entêtement, en intensifiant les enlèvements et les tueries ciblées de personnalités de l’opposition ou de la société civile. De toute façon, au point où il en est, qu’est-ce que cinq ou même dix  assassinats de plus feront à la  conscience du pasteur-dictateur ? Si son dieu  qu’il sert a fermé les yeux sur sa volonté de régner ad vitam aeternam sur le Burundi, il lui pardonnera encore ces quelques meurtres supplémentaires. Si Pierre Nkurunziza persiste dans sa logique du pis-aller, la dernière sortie en date des Etats-Unis troublera-t-elle le sommeil du dictateur ? Rien n’est moins sûr. En fait, suite à sa sortie, le pays de l’Oncle Sam dit envisager de retirer le Burundi de la liste des pays sub-sahariens bénéficiant du programme de l’AGOA. Un programme qui soutient l’économie des pays africains en leur facilitant l’accès au marché américain. Qu’est-ce que cela peut bien faire à un autocrate, tant que ce n’est pas son fauteuil qui est dans la ligne de mire de Washington ? En tout cas, cette menace s’avère bien trop faible pour inquiéter le satrape. On peut même voir en cette attitude des Etats-Unis, une forme d’hypocrisie.

Cela dit, que faut-il comprendre dans le silence radio observé par les chefs d’Etat des pays voisins du Burundi, qui n’ont envoyé aucun message de félicitations au pasteur, après sa « réélection » constatée à la tête de son pays ?

Chacun d’eux s’aménage-t-il une porte de sortie, histoire de pouvoir affirmer en cas d’éventuelle chute du dictateur, qu’il ne l’avait jamais soutenu ? Ce silence est peut-être un signe prémonitoire. Mais heureusement,  aucun dictateur ne sait reconnaître un signe prémonitoire. C’est d’ailleurs ce qui rend inéluctable la victoire des peuples.

Dieudonné MAKIENI


Comments
  • Quand on aime son peuple, l’on doit être à son écoute. Mais malheureusement tout se fait sur le dos du peuple pour lequel on dit travailler. Quelle bassesse de nos chefs avides du pouvoir façonné à leur bon vouloir. Oh l’Afrique avec ses dirigeants. Cependant l’opposition doit dialoguer car la guerre a toujours des conséquences désastreuses.

    20 août 2015

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