HomeSur la braiseVELLEITES DE MODIFICATION CONSTITUTIONNELLE AU CONGO : Denis-Christel Sassou, le digne fils de son père

VELLEITES DE MODIFICATION CONSTITUTIONNELLE AU CONGO : Denis-Christel Sassou, le digne fils de son père


Le président congolais, Denis Sassou Nguesso, est sur les traces de son homologue burundais, Pierre NKurunziza . En effet, à mesure que la présidentielle approche, l’homme fort de Brazzaville ne fait plus mystère de sa volonté de briguer un nouveau mandat, même si la Constitution le lui interdit. Ce n’est pas nouveau sous nos tropiques qu’un chef d’Etat en fin de contrat avec son peuple, opère un passage en force pour régner ad vitam aeternam. Si fait que l’on est parfois tenté de dire que les bricolages constitutionnels en Afrique, sont devenus la règle qui confirme les exceptions, et non le contraire ; tant la pratique fait des émules sur le continent. Les exemples sont si légion que l’on ne s’aventurerait pas à vouloir les citer exhaustivement, au risque d’en perdre haleine. Seulement, on sait que Sassou Nguesso, tout comme son voisin Joseph Kabila, de l’autre côté de la rive, veut modifier la loi fondamentale de son pays dans la perspective de la présidentielle de 2016 ; d’où ces concertations tous azimuts avec les forces vives de la nation. En cela, il peut compter sur le soutien de son fils, en la personne de Denis-Christel Sassou Nguesso. En effet, à la tête d’une Dynamique pour l’émergence d’une nouvelle république, « Kiki le pétrolier », comme l’appellent ses intimes, a animé un meeting le week-end dernier à Dolisie, fief du premier parti d’opposition, pour mobiliser les populations derrière le projet de modifier la Constitution. Morceau choisi : « il ne s’agit pas uniquement d’un changement de Constitution, encore moins d’une révision de la Constitution existante. Il s’agit de la refondation de notre République, de nos institutions et avant tout, de notre pratique collective de la politique », a-t-il déclaré, appelant les Congolais à participer au dialogue initié par son géniteur. Ne riez pas ! Car tout se passe comme si Christel Sassou-Nguesso insultait l’intelligence du peuple congolais. Denis-Christel Sassou, le digne fils de son père !

Si seulement le cas de Karim Wade pouvait servir d’école

Modification constitutionnelle ou refondation de la République. Quelle différence, quand l’intention malveillante reste la même : sauter le verrou de la limitation des mandats pour permettre au père de s’accrocher au pouvoir ? En fait, toutes ces contorsions sémantiques témoignent d’une certaine gêne de Christel Sassou, à court d’arguments juridiques pour imposer papa en fin de course. En tout cas, le meilleur changement nécessaire au Congo doit venir de son père qui, après plus de trente ans de règne sans partage, doit avoir la sagesse de passer la main. En renonçant au pouvoir en 2016, il facilite l’alternance démocratique qui constitue le ciment de la refondation que son fils appelle de tous ses vœux. Hélas ! Denis-Christel Sassou Nguesso veut malheureusement d’un changement qui permettra à son père de rester au pouvoir. Jusqu’à quand cela va-t-il durer ? Et après, qui pour lui succéder ? D’aucuns prêtent des intentions au président Sassou, de préparer son fils pour lui succéder au pouvoir, et ce, au cas où son projet de révision constitutionnelle se heurterait à une résistance populaire. Les choses se précisent donc davantage. On ne le dira jamais assez. L’immixtion de la progéniture ou de la fratrie d’un chef d’Etat dans la gestion du pouvoir ouvre la porte à toutes sortes de dérives. On l’a vu au Sénégal avec Abdoulaye Wade, qui avait fait de son fils Karim, un super ministre, oubliant qu’il l’exposait ainsi à la vendetta politique. Et le voilà aujourd’hui tombé de son piédestal ; lui qui, habitué aux lambris dorés du pouvoir, se retrouve aujourd’hui en prison. Si seulement le cas de Karim Wade pouvait servir d’école à Denis-Christel et à bien d’autres rejetons de satrapes qui rêvent de prendre la place de leur papa ! Espérons que le président français, François Hollande, qui reçoit aujourd’hui son homologue congolais lui tiendra un langage de vérité pour que l’on assiste pas à une patrimonialisation du pouvoir à Brazzaville. On attend de voir.

Boundi OUOBA


No Comments

Leave A Comment