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VENTE DE LA PARCELLE ABRITANT LA STATION PETROFA DE BANFORA : Les conseillers municipaux divisés


 

Les membres de l’Exécutif communal de Banfora sont divisés sur la vente, à la Pétrolière du Faso (PETROFA), de la parcelle qui abrite sa station dans la ville. Mis en délibération lors de la session extraordinaire des 14 et 15 mai 2018, ledit point a créé des échauffourées dans la salle et des conseillers ont failli en venir aux mains, n’eut été l’intervention de la police. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la question suscite beaucoup d’interrogations et chacun y va de son commentaire.

 

Le 13 avril 2018, par correspondance adressée au maire de la commune de Banfora, la Pétrolière du Faso (PETROFA) demandait l’attribution à elle de la parcelle abritant sa station- service. En effet, cette station se trouve sur un terrain que la mairie loue à la société depuis plus d’une quinzaine d’années. Par une autre correspondance signée à la même date, PETROFA informe le maire qu’elle voudrait entreprendre des travaux sur ledit terrain qui lui a été attribué en 2002 et qui se trouve en face du Palais de justice de Banfora. Ces deux requêtes figuraient parmi les 17 points qui constituaient l’ossature de la session extraordinaire qui a été convoquée pour les 14 et 15 mai 2018. Lorsque les débats ont atteint ce point, rapportent plusieurs conseillers municipaux et témoins d’un même ton, l’ambiance dans la salle des délibérations s’est surchauffée soudainement. Publiquement, des conseillers ont tenu, les uns envers les autres, des propos peu amènes et il y en a qui ont failli en venir aux mains. D’autres se seraient même saisis de chaises comme armes. A ce qu’on dit, c’est l’intervention des éléments de la police qui s’y trouvaient, qui a permis d’éviter le pugilat.

« Il y a comme une odeur de deal », selon Salifou Barro

En effet, certains conseillers étaient favorables à la vente de la parcelle à PETROFA, tandis que d’autres y étaient farouchement opposés. Mais pourquoi des élus locaux se sont-ils opposés à la vente du terrain ? A cette question, le conseiller Salifou Barro, ex- député et responsable de la NAFA dans la région des Cascades, estime qu’il y a une forte odeur de deal derrière cette affaire. Et de s’expliquer en soutenant que la question de la vente de la parcelle à PETROFA est venue de façon récurrente dans les délibérations et cela, depuis mars 2018. « Lors de la session de mars 2018, il nous a dit que lui et le PDG de la société PETROFA se sont rencontrés à Gaoua, et que celui-ci souhaite l’investissement, à condition que le terrain lui soit donné. C’était au cours des points de divers, mais les conseillers ont rejeté en bloc. Le maire a ensuite soumis la question à l’étude de la commission foncière et celle économique et financière. Là aussi, les membres s’y sont opposés. Voilà qu’à la session extraordinaire du 14 mai 2018, la vente du terrain à PETROFA revient parmi les points à l’ordre du jour. Un point appuyé par une correspondance de PETROFA, en date du 13 mai 2018. Le maire semble oublier que c’est depuis mars 2018 qu’il a abordé la question. Ce qui veut dire qu’il n’avait pas encore la lettre. Donc, il y a un deal et je crois que c’est après toutes ces tentatives ratées que le maire a lui-même contacté PETROFA pour qu’elle écrive.  Personnellement, je pense qu’il y a quelque chose qui n’est pas clair dans cette affaire. Il y a comme une odeur de corruption, puisqu’à la veille de la session, le maire a convoqué certains conseillers chez lui à la maison, pour débattre de la question. A mon sens, comme la question n’a pas eu l’onction des deux commissions, la maire a simplement appelé les conseillers chez lui pour les corrompre ». Pour le conseiller Salifou Barro qui s’exprimait ainsi, PETROFA ne joue pas franc jeu avec la mairie car, à ce qui se dit, elle cumule des arriérés de loyer qu’elle doit à la mairie. Comment, s’interroge-t-il donc, peut-elle venir aujourd’hui dire qu’elle veut acquérir le domaine dont elle n’arrive pas à payer le loyer ? «  Là où le bât blesse, il faut savoir que dans son exposé, le maire lui-même nous a fait comprendre que PETROFA doit à la mairie près de 40 millions d’arriérés de loyer. Je crois que dans pareille situation, il nous faut d’abord réclamer ce dû, avant d’envisager autre chose. En d’autres termes, c’est dire que PETROFA a de l’argent, mais refuse de payer ce qu’elle nous doit. Sinon, comment expliquer qu’en plus de nous être redevable, elle souhaite acquérir le domaine » ?, a lancé Salifou Barro tout amer. En dehors de tout cela, poursuit-il, les communes ont des lignes budgétaires pour s’acheter des terres. Pourquoi celle de Banfora ramerait-elle à contre-courant  en vendant celle dont elle dispose au motif que c’est pour acheter des machines de forage. « Il ne faut pas qu’ils tuent l’économie de ce pays, car il y a des gens qui évoluent dans le domaine de forage et qui fonctionnent bien », soutient Salifou Barro qui, à propos du second terrain de PETROFA, pense que le maire s’obstine à ne rien comprendre. « Il faut dire qu’il s’agissait d’une attribution provisoire. Sur les documents y relatifs, il est bien dit en attendant les paiements des taxes de jouissance qui sont de 6 millions de F CFA. Le maire nous fait croire que PETROFA s’est acquittée de cette somme mais nous, nous n’avons jamais rien vu. S’ils ont payé, qu’ils en fassent la preuve en présentant les quittances. Cette zone d’ailleurs fait partie des points litigieux pour lesquels la Cour des comptes et l’Inspection d’Etat sont venues à Banfora, au moment où il y avait des problèmes sur le lotissement. Après enquête, la Cour des comptes a demandé de régulariser la situation puisque le domaine, tout comme d’autres, avait été morcelé et attribué. Les maires qui se sont succédé, ont écrit à la Cour des comptes pour effectivement demander la régularisation de ces parcelles et les lettres sont disponibles », atteste le responsable de la NAFA dans les Cascades.

Mamoudou TRAORE

 

 

 

 


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