HomeA la uneVERS DES OBSEQUES NATIONALES POUR IBK: La junte cherche-t-elle à se racheter ?

VERS DES OBSEQUES NATIONALES POUR IBK: La junte cherche-t-elle à se racheter ?


Quelque dix-sept mois après avoir été renversé par la junte militaire au pouvoir à Bamako, l’ancien président malien, Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), a passé l’arme à gauche. C’était le 16 janvier dernier, à sa résidence privée à Bamako. Si depuis lors, les messages de compassion n’arrêtent pas d’affluer suite à la disparition de l’ex-chef d’Etat qui a surpris plus d’un, d’aucuns n’excluent pas que, plus que la maladie qui le rongeait, le valétudinaire président déchu soit mort de chagrin, face à la situation de son pays qui, selon certaines indiscrétions, est restée pour lui une préoccupation majeure jusqu’à son dernier souffle. De quoi mériter amplement, au-delà de son parcours politique qui l’a vu occuper tour à tour les plus hautes fonctions de l’Etat jusqu’à la magistrature suprême, l’hommage national que s’apprêtent à lui rendre, à en croire certaines sources, ses tombeurs.  Une décision qui grandirait d’autant plus ces derniers qu’après l’annonce de sa mort,  ils ont salué sa mémoire à travers un communiqué officiel, en plus de faire le déplacement de la famille mortuaire pour présenter leurs condoléances.

 

          On peut saluer la volonté des autorités de la transition d’élever IBK à la dignité qu’il mérite

Un geste qui se comprend aisément dans ce contexte africain dicté par le respect dû aux morts, mais qui est sans doute loin d’être usurpé pour IBK au regard des responsabilités que le peuple malien a eu à lui confier de présider à ses destinées pour dix ans, même s’il n’a pu aller au terme de son second mandat pour les raisons que l’on sait. Pour autant, faut-il lire dans cette façon de vouloir prendre les obsèques en main pour traduire au défunt président, la reconnaissance de la Nation, une volonté de rachat de la junte qui l’a renversé ? De là à penser que c’est le coup d’Etat qui a pu précipiter sa mort, il y a un pas que d’aucuns n’ont pas hésité à franchir. Quoi qu’il en soit, l’on peut déjà saluer la volonté des autorités de la transition d’élever IBK à la dignité qu’il mérite, et la disposition d’esprit de la famille éplorée à ouvrir des discussions sur l’organisation des obsèques avec le gouvernement, là où certains auraient pu trouver à redire. C’est un message d’apaisement qui devrait inspirer, au-delà de la dépouille mortelle d’IBK, les autorités de la transition à aller dans le sens d’un rapprochement avec la CEDEAO. Ce, dans l’optique de  trouver le plus rapidement possible une solution négociée en vue d’abréger les souffrances du peuple malien face aux lourdes sanctions d’embargo de l’institution sous-régionale, qui ne tarderont pas à faire leurs effets.  L’occasion est d’autant plus belle que l’institution sous-régionale se dit, de son côté, prête à réviser sa position et même à soutenir le Mali en cas d’accord sur un chronogramme « raisonnable » de retour à l’ordre constitutionnel.  Bamako saisira-t-elle la perche tendue ? On attend de voir.

                    Ce serait une seconde mort pour le natif de Koutiala, si le Mali devait tomber plus bas

Toujours est-il que cette tendance à l’apaisement et à l’ouverture au dialogue affichée par les deux camps, constitue autant de signaux forts de la possibilité de trouver une solution médiane, pour autant que quelqu’un, dans l’un ou l’autre des camps, se décide à faire le premier pas. En attendant de voir comment et à quel degré de représentativité la CEDEAO pourrait traduire sa compassion au peuple malien,  si les obsèques de IBK étaient l’occasion de nouer un tel dialogue, l’on pourrait dire que même dans la mort, le défunt président aura continué à servir la cause de son pays.

En tout état de cause, s’il est bien, pour les tombeurs d’IBK, de lui rendre un hommage national post-mortem, il est impératif, pour eux, de se montrer à la hauteur des défis du Mali. A tout le moins, de  sorte qu’on ne puisse pas leur reprocher les griefs qui ont conduit à la déchéance de l’ex-chef de l’Etat. En d’autres termes, en lui traduisant la reconnaissance de la Nation, on ose croire que loin d’être un acte de contrition, c’est un hommage national mérité pour IBK, qui obligera Assimi Goïta et compagnie à des résultats qui ne doivent pas être en deçà des attentes des Maliens en termes de paix, de sécurité, de gouvernance vertueuse et de renforcement de la démocratie. Autrement, ce serait une seconde mort pour le natif de Koutiala, si le Mali devait tomber plus bas, après tout ce qui a été dit sur son dos pour le déloger avant terme du palais de Koulouba.

 

                                                                        « Le Pays »

 

 

 


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