HomeA la uneVERS UN GLISSEMENT DU CALENDRIER ELECTORAL EN RDC : Kabila tombe le masque

VERS UN GLISSEMENT DU CALENDRIER ELECTORAL EN RDC : Kabila tombe le masque


Le président congolais, Joseph Kabila, pourra rester au pouvoir à la fin de son mandat en cours si la présidentielle censée se tenir cette année 2016, n’a pas lieu. Ainsi en a décidé la Cour constitutionnelle qui répondait à une requête en interprétation à elle soumise par la majorité présidentielle. « Suivant le principe de la continuité de l’Etat et pour éviter le vide à la tête de l’Etat, le président actuel reste en fonction jusqu’à l’installation du nouveau président élu », ont laissé entendre les 9 juges de la plus haute juridiction congolaise, qui disent avoir privilégié l’article 70 de la Constitution. C’est donc clair comme l’eau de roche. L’opposition et la société civile peuvent ruer dans les brancards, mais Kabila ne quittera pas le pouvoir à la fin de son mandat constitutionnel. Ce d’autant plus que chaque jour qui passe rend davantage incertaine la tenue de la présidentielle de novembre prochain. A preuve, à six mois de ce grand rendez-vous important de la vie de la nation congolaise, les opérations d’enrôlement des électeurs n’ont pas encore commencé alors que plusieurs autres scrutins sont prévus pour se tenir d’ici la fin de l’année. A cela s’ajoute le contexte sociopolitique national qui est des plus délétères ; en témoigne le cas de l’ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, accusé d’avoir recruté des mercenaires étrangers, qui n’en finit pas de provoquer des ondes de choc. Conscient qu’il ne fera pas le poids devant cet homme d’affaires adulé des Congolais, Kabila qui hésitait entre manœuvrer pour  obtenir un bonus présidentiel et se déclarer candidat à un troisième mandat, semble avoir fait son choix : le glissement du calendrier électoral.

 

La Cour constitutionnelle n’a pas rendu service au peuple  congolais

 

C’est à croire que tout le ramdam auquel on assiste depuis peu, n’était qu’une pure stratégie bien pensée de l’homme pour se maintenir au pouvoir. Cela n’a rien de surprenant puisque tous les observateurs avisés de la scène politique congolaise voyaient venir Kabila dans ses gros souliers. Et comme il s’agit là d’une question de justice appliquée à un problème éminemment politique, la  casuistique du plus fort est toujours la meilleure. Et c’est peu dire. Car pendant que la Cour constitutionnelle dit vouloir éviter un vide institutionnel en recourant à l’article 70, l’opposition estime que la Constitution, en son article 75, a déjà réglé ce problème en prévoyant l’intérim par le président du Sénat en cas de vacance du pouvoir ou d’empêchement définitif. Chacun y va donc de ses arguments.  En tout cas, la Cour constitutionnelle n’a pas rendu service au peuple  congolais. Par cet acte à la limite de l’immoralité politique, elle  consacre la destruction de la cohésion sociale congolaise et donne en même temps la preuve qu’elle est au service d’un homme qui n’est autre que Joseph Kabila. Comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire où après avoir défendu bec et ongles le prince régnant d’alors avec toutes les conséquences que l’on  sait, le président du Conseil constitutionnel ivoirien, comme pour se racheter,  avait déclaré plus tard avoir été possédé… par le diable. Peut-être est-ce pour cette même raison que Benoit Luamba, ci-devant président de la Cour constitutionnelle congolaise, et ses  collègues,  viennent aussi de rendre cette décision aussi triste qu’inattendue. Ainsi va la démocratie dans les républiques gondwanaises.

 

B.O


Comments
  • On dirait que le diable qui posséderait donc les présidents des cours constitutionnelles africaines qui, à défaut de tordre le droit, valident des résultats improbables, le diable pour parler de lui en espérant que l’on ne verra pas sa queue, a décidé de faire désespérer de l’Afrique toute personne ayant encore un zeste de lucidité ou de raison.

    12 mai 2016

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