HomeA la uneVERS LA MISE EN PLACE D’UNE SOUS-COMMISSION VERITE-JUSTICE-RECONCILIATION :Une chance historique de repartir du bon pied

VERS LA MISE EN PLACE D’UNE SOUS-COMMISSION VERITE-JUSTICE-RECONCILIATION :Une chance historique de repartir du bon pied


 

Le projet de charte de la transition proposé par la société civile et l’opposition politique burkinabè, a l’allure d’une mini-Constitution, tant les dispositions qu’il contient  encadrent bien le pouvoir d’Etat pour la période de transition à venir. On peut saluer la célérité dont ces entités ont fait preuve dans la formulation de ces propositions, surtout quand on sait que ce travail a été fait sous grande pression. En effet, la société civile et l’opposition ont dû travailler dans le climat délétère qu’on connait et sous la pression de la communauté internationale, pressée, à juste titre, de voir une transition civile et démocratique se mettre en place. Cette célérité et la vision holistique de la situation dont ont fait montre les auteurs de ce projet de charte sont, à n’en point douter, une preuve si besoin en était encore, du patriotisme de ces organisations, déterminées à sortir le pays de l’ornière dans les meilleurs délais.

 

Il faudra tirer toutes les leçons du passé

 

Au nombre de ces propositions de la société civile et de l’opposition politique visant à permettre au Burkina de se remettre sur de bons rails après la chute du régime de Blaise Compaoré suite à l’insurrection populaire, figure la mise en place d’une sous-commission Vérité-Justice-Réconciliation. Le moins que l’on puisse dire par rapport à cette proposition, c’est que le pays en a vraiment besoin. Après tant d’années de régime Compaoré, il y a certainement beaucoup de choses à vider dans la poubelle à. Les Burkinabè ont besoin de se dire les vérités, de faire la lumière sur certains dossiers qui, à tort ou à raison, ont contribué à polluer le climat sociopolitique. Le principe de reddition des comptes dans toute démocratie qui se respecte, commande du reste un tel exercice. Les crimes de sang tout comme les crimes économiques ne doivent pas être tolérés dans un Etat de droit. Et il ne serait pas non plus normal que des citoyens soient condamnés sans avoir eu le temps et les moyens de se défendre. En d’autres termes, la vérité, la justice et la réconciliation sont un triptyque indispensable et leur avènement nécessite la réunion de certaines conditions.

L’importance et la sensibilité du sujet commandent en effet que tout ce qui doit se faire dans ce sens, le soit de la façon la plus objective et la plus professionnelle possible. Ce serait du gâchis si les Burkinabè devaient assister à une réédition de la Journée nationale du pardon ou des assises qu’il y a eues au lendemain de la chute du Conseil national de la Révolution. En rappel, à l’avènement de la « Rectification » qui a mis fin à la Révolution d’août 1983, les « rectificateurs » ont entrepris de faire le bilan des  4 ans de Révolution. Mais comme il fallait s’y attendre en pareilles circonstances, l’objectivité n’a pas été au rendez-vous. Les vainqueurs ont fait, de façon unilatérale et dans un climat de psychose et de règlements de compte, le procès du régime déchu. Dans ces conditions, les leçons ne sont pas vraiment à la hauteur. Lors de la Journée nationale du Pardon, initiée en Mars 2001 suite aux troubles consécutifs à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune du 13 décembre 1998, l’occasion n’avait pas été saisie non plus par les autorités d’alors pour  réaliser une véritable catharsis. On a sciemment occulté l’aspect justice pour prétendre au pardon et à la réconciliation. Et ce qui devait arriver, arriva. Ce fut une cérémonie sans effet réel sur bien des populations qui l’ont vécue comme une vraie comédie. En effet, comment peut-on convaincre quelqu’un qu’on lui demande pardon en toute sincérité si on ne s’identifie pas d’abord et  qu’ on ne prend pas le soin de reconnaître au préalable sa faute ? Pire, si on lui fait comprendre en même temps qu’on ne se reproche rien de particulier par rapport à ce qu’il a subi comme mal ? Il est incontestable qu’en pareille situation, le pardon demandé s’apparente à de la poudre aux yeux pour ne pas dire à des railleries et cela ôte à une telle initiative toute chance de succès.

Il faudra donc tirer toutes les leçons du passé et s’inspirer des bons exemples en la matière. Le cas de la République sud-africaine sert d’école.

 

C’est une chance inespérée de vider les vieux contentieux

 

Il ne faut sauter aucune étape et associer tous ceux qui sont nécessaires à la manifestation de la vérité. Aussi faut-il se convaincre que la réconciliation ne peut pas faire l’économie de la justice et que celle-ci est tributaire de la vérité. Les trois éléments sont donc intimement liés. Et chaque chose devra intervenir à son heure. Pas autrement. Cela commande que l’équipe qui va être aux manettes de cette commission soit constituée avec objectivité et qu’elle travaille avec professionnalisme. En vue d’éviter tout excès dans un sens comme dans l’autre, il faut que les personnalités qui auront pour mandat d’animer cette structure soient neutres. Ce qui exclut d’emblée les hommes politiques de tous bords. En effet, la société civile est la mieux indiquée pour piloter une telle structure du fait qu’elle bénéficie d’une présomption de neutralité. Le choix devra donc être orienté vers ceux de ses membres qui se seront illustrés par leur probité, leur neutralité et leur indépendance. Le choix de ces personnalités devra se faire également de la façon la plus consensuelle possible et les membres d’une telle structure devront avoir, dans la mesure du possible, tous les moyens de faire leur travail de façon méticuleuse et exhaustive.

Cette situation constitue, en tout cas, pour le Burkina, une chance historique de repartir du bon pied, sur de bonnes bases. Il faudra, de ce fait, saisir avec empressement cette opportunité. Et le travail est des plus immenses. Car, il faudra détricoter tout ce qu’il y a eu de nauséabond, nettoyer de façon méthodique les écuries d’Augias. Les actes répréhensibles doivent être jugés et les responsabilités des uns et des autres doivent, à l’occasion, être clairement situées et ce, en toute objectivité, selon les règles de l’Etat de droit. Il serait donc bien que les personnes contre lesquelles il y aurait quelque élément à charge, aient l’occasion de se défendre et d’être blanchies si elles n’ont rien à se reprocher ou condamnés sur la base de preuves réelles. Et cela ne saurait se faire sans le concours d’une Justice qui brille par son indépendance et la qualité de son travail. Or, c’est un truisme de dire que la Justice burkinabè ne brille pas de mille feux aujourd’hui. Des magistrats conspués, des décisions de justice qui ont laissé perplexes bien des observateurs, etc., il y a des indices qui en disent long sur le mauvais état de santé de l’institution judiciaire de façon globale, sous nos cieux. Ils sont en tout cas nombreux à estimer que la Justice burkinabè est malade et a besoin d’être soignée. Il faudra donc tenir compte du fait qu’un coup de balai dans cette institution judiciaire n’est pas de trop en termes de  préalables nécessaires au succès des travaux de cette sous-commission Vérité – Justice – Réconciliation.

L’échec, faut-il le rappeler, est interdit dans cette entreprise. Les Burkinabè doivent réussir cette catharsis non seulement pour eux-mêmes, mais aussi, pour, à toutes fins utiles, inspirer des populations d’autres pays. C’est une chance inespérée de vider les vieux contentieux et de bouter hors de la vie du pays, des principes et des modes de gouvernance qui jurent avec la démocratie et l’Etat de droit. Principes et modes de gouvernance qui ont conduit à l’ « agonie de la morale » et terni à l’occasion quelque peu l’image du pays des Hommes intègres dont le Burkina se réclame. Aux Burkinabè d’exploiter à fond cette opportunité historique de façon courageuse et clairvoyante. C’est la condition sine qua non pour apaiser les cœurs, atténuer  un tant soit peu  les rancœurs,  dans la perspective de poser les bases réelles et solides d’une unité nationale effective. Une unité nationale, pièce maîtresse d’un avenir vertueux et radieux pour l’ensemble des populations burkinabè.

 

« Le Pays »

 


Comments
  • Naaba Wend maana tönd nérééééééé ed na yan nor yénééééééé, Naaba Wend maana tônd néréèèèèèèèè, Tônd na yan nôr yê m’puseb yééééééé.

    J’enverrai comme tout le monde bientôt ma contribution.

    9 novembre 2014
  • Tres bonne analyse que je soutiens de toutes mes forces. Il faut avant tout une justice equitable qui lit le droit sans passion ni clientelisme.
    C’est une occasion unique et historique pour le Burkina, car la peur de la repression est maintenant eteinte et la fierte devra reprendre le dessus. Je re-deviens fier d’etre Burkinabe!!!

    10 novembre 2014
  • Il ne faut pas laisser le juge Wenceslas Ilboudo fuir, ni le juge Barry avec son visage grêlé.Il faut les surveiller pour qu’ils ne fuient pas.Ils ont beaucoup à nous dire sur l’affaire Norbert Zongo.

    10 novembre 2014
  • Voyez vous comment le peuple burkinabé est si tolerant; sinon comment comprendre qu’il n’ait pas attenté à la vie des sbires du cdp, de l’adf/rda, du front republicain.
    Mais qu’ils restent tranquilles car le moment opportun vient où ils vont tous repondre des actes sanglants posés à l’encontre du peuple.

    11 novembre 2014
  • Je ne crois pas en la reussite d’une telle pretention de reconciliation nationale et serait heureux d’etre CONTREDIT par l’histoire.
    Juger Blaise, n’est-ce pas juger Djenguere? Serait-ce pas la un rêve ?
    Juger Blaise, n’est-ce pas juger Salif Diallo? Serait-ce pas la un rêve ?
    Juger Blaise, n’est-ce pas juger Rock Marc Kabore ? Serait-ce pas la un rêve ?
    Juger Blaise, n’est-ce pas juger Simon Compaoré ? Serait-ce pas la un rêve ?
    Et c’est là que la frange jeune de l’insurrection du 30 oct se trompe. “Il n’y pleuvra pluie, il n’y ventera vent” Francois Rabelais. Ce mouvement est lojn d’être une revolution, à maints egards. L’espoir c’est peut-etre dans 20 à 30 ans à la disparition de tous les acteurs de l’ancien regime Blaise.

    Pour une transition APAISEE et non BIAISEE, en avant !

    11 novembre 2014
    • Mon frere c est de l amalgame votre hypothese. Jugez Blaise n a rien avoir avec les anciens membres du CDP qui ont formes le MPP. Blaise etait le President de tous les burkinabe de tous bords confondus. Son peche mortel etait tout cours la revision de la constitution fondamentale,l Article 37. Ou la societe civile, religieuse, traditionelle lui ont fait fi. Mais comme un homme fort ne diaise pas de tout ce qu il entreprenera il s est tirer lui meme sur ses pieds. Avec des sorties non eleguantes d un Chef d Etat a l exterieur du pays qui n ont jamais ete au diapason avec les aspirations de son peuple. Aucun pays dans ce monde n a ceder a cause d une marche pour ceder a reformer des articles de sa constitutions. La reponse a Obama etc. Cela a prouver encore mieux qu on avait plus affaire a un President mais a un Dictateur. Il a recolter ce qu il a semer. Il a choisi la petite porte au lieu de la grande porte.

      NB: Lui qui avait conseiller Tandja l Ex-President Nigerien.

      20 novembre 2014
  • En effet, dans la période de transition, la structuration des organes ne devrait pas être pléthorique, et dans cette option le remplacement de l’assemblée nationale de transition par le conseil national de transition qui pourrait jouer le rôle d’une assemblée est tout à fait pertinente ! Cependant, la création d’une structure pour traiter les cas de crimes de sang et autres s’avère nécessaire pour liquider les dossiers pendants et pour une véritable réconciliation nationale est d’autant opportun. Ceci, afin que le pays reparte sur de nouvelles bases dans paix des cœurs et la stabilité nationale! Salut!

    12 novembre 2014

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