VERS UN SECOND TOUR EN SIERRA LEONE : La démocratie en marche !
« Freetown résolument sur la bonne voie ». Ainsi écrivions-nous dans notre édition du 7 mars dernier, soit le jour même où se déroulaient les élections générales en Sierra Leone. On ne pensait pas si bien dire, puisqu’à l’issue d’une campagne civilisée et une journée électorale sans couac ni anicroche, il se dessine un second tour. En effet, sur les 16 candidats en lice, deux sortent la tête de l’eau. Il s’agit, pour ne pas les nommer, du ministre des Affaires étrangères, Samura Kamara, qui défend les couleurs de l’APC, parti au pouvoir et de Julins Maada Bio du SLPP (Sierra Leone People’s Party). Ce dernier, à en croire les résultats rendus publics par la Commission électorale, caracole en tête avec près de 43% des voix. Pour l’instant, il est difficile de dire qui des deux candidats (Samura Kamara et Julins Maada Bio) l’emportera au finish, tant le plus souvent, dans l’entre-deux-tours, beaucoup d’eau coule sous les ponts. Si fait que l’on a vu des candidats largement en tête être battus à plate couture au second tour. Le cas le plus emblématique est celui du président guinéen, Alpha Condé, qui, en 2010, avait envoyé paître son adversaire, Cellou Dalein Diallo qui, pourtant, était crédité de 43,69% contre 18,25 au premier tour. C’est dire que l’opposition sierra-léonaise aurait tort de crier victoire avant la fin du match. Ce d’autant que la politique n’est pas une science exacte où il est universellement reconnu que 2+2 font 4. Toutefois, il y a un motif de satisfaction qui mérite d’être relevé. C’est le fait de voir un candidat de l’opposition mettre en ballotage celui du parti au pouvoir qui, qui plus est, est soutenu par le président sortant. Certes, même si ce dernier n’est pas candidat à sa propre succession, il reste entendu que c’est lui qui, d’une manière ou d’une autre, a mis les bouchées doubles pour que puissent se dérouler ces élections générales.
Gageons que le second tour de la présidentielle se déroulera aussi dans le calme
Cela dit, quand on se rappelle le slogan jadis en vogue sur le continent qui voulait que « l’on n’organise pas des élections pour les perdre », on ne peut que tirer le chapeau à Ernest Bai Koroma qui, en plus, a eu l’élégance de faire valoir ses droits à la retraite et ce, après ses deux mandats constitutionnels. C’est la preuve, pour ceux qui en doutaient encore, que le scrutin s’est déroulé dans la transparence et dans les règles de l’art. Sous d’autres cieux, les choses se seraient passées autrement. Les résultats, s’ils n’étaient pas favorables au candidat du parti au pouvoir, seraient tout simplement inversés, ouvrant la porte à la contestation avec son corollaire de violences parfois meurtrières. Or, la Sierra Leone n’a pas besoin de ça ; elle qui, faut-il le rappeler, a connu une guerre civile qui aura fait au bas mot, près de 120 000 morts. Et comme si cela ne suffisait pas, est venue s’ajouter l’épidémie d’Ebola qui, en plus d’avoir décimé de nombreuses familles, a ruiné le pays sur le plan économique. Gageons donc que comme le premier, le second tour de la présidentielle en Sierra-Leone se déroulera aussi dans le calme et que le vaincu, au soir du jour de la proclamation des résultats définitifs, tendra la main au vainqueur et ce, dans l’intérêt supérieur du peuple. On croise donc les doigts.
Boundi OUOBA