VERS LA VICTOIRE DU OUI AU REFERENDUM CONSTITUTIONNEL EN RCI : Il n’y a pas de quoi pavoiser
Annoncés pour hier soir et au plus tard aujourd’hui, les résultats du référendum constitutionnel en Côte d’Ivoire n’étaient pas encore connus au moment où nous tracions ces lignes. Mais tout laisse croire qu’il n’y aura pas de surprise : le oui l’emportera, étant donné que l’appel au boycott du scrutin de l’opposition semble avoir été entendu. En tout cas, pour de nombreux observateurs de la scène politique ivoirienne, la victoire est déjà acquise pour le camp du président Alassane Ouattara. L’inconnu, c’est le taux de participation qui risque d’être faible étant donné que les électeurs ne se sont pas bousculés dans les bureaux de vote le dimanche 30 octobre 2016. Il n’y a donc pas de quoi pavoiser. ADO doit avoir plutôt un triomphe modeste. Cela est d’autant plus nécessaire que la faible participation des électeurs au scrutin est un signe de leur désaveu des réformes que le président veut opérer à travers la nouvelle constitution. Quid des anomalies et incidents qui ont émaillé le scrutin? Si les problèmes techniques comme le non fonctionnement de certaines tablettes pour l’identification des électeurs, ont pu trouver solution, cela n’aura pas été le cas pour les urnes volées ou saccagés dans certaines villes du pays dont Yopougon et Daloa. Certes, le pouvoir estime que ces incidents ne sont pas de nature à remettre en cause les résultats du scrutin, mais que vaut une constitution accouchée dans de telles conditions? Fermer les yeux sur les nombreux incidents qui ont émaillé le scrutin, c’est cultiver les germes d’une future crise dont la Côte d’Ivoire n’a pas besoin. Comment des populations pourraient-elles se reconnaître en des résultats d’un référendum sachant que leurs voix n’auront pas été prises en compte? ADO doit avoir le courage de reconnaître que ce référendum pour lequel il aura remué ciel et terre pour atteindre son but, est un fiasco. On ne peut pas cacher le soleil avec ses doigts. De la conception du projet de révision constitutionnelle au vote en passant par son adoption par l’Assemblée nationale, il n’y a pas eu de consensus. Or, une constitution, c’est le consensus d’un peuple. Vouloir donc, contre vents et marées, l’imposer à un peuple, c’est garantir au pays des lendemains incertains. En réussissant son passage en force en faisant voter son projet de révision constitutionnelle, ADO a certes gagné une bataille mais pas la guerre. Car, la mise en application de la nouvelle constitution pourrait se heurter à une opposition d’une partie du peuple ivoirien.
ADO gagnerait à faire preuve de sagesse
Comme le dit l’adage, on peut conduire l’âne au puits par la force mais on ne peut pas l’obliger à boire. Cela dit, ADO gagnerait à faire preuve de sagesse car, comme on le dit, il n’est jamais tard pour bien faire. S’il veut user de la forcer comme il l’a fait jusque là pour faire accepter la nouvelle constitution, il risque à coup sûr de réveiller les vieux démons. Il ne fait sans nul doute que cette constitution que l’opposition qualifie de taillée sur mesure pour le prince régnant va diviser davantage les Ivoiriens. Pourtant, elle était censée les unir après une longue et douloureuse période dont les stigmates sont encore visibles. Maintenant que le vin semble tirer, il ne reste plus aux Ivoiriens qu’à le boire. Et le mieux qu’ADO pourrait faire pour dorer la pilule afin que l’ensemble des Ivoiriens accepte l’avaler, c’est d’ouvrir tout de suite et maintenant un dialogue inclusif pour décider de façon consensuelle des conditions d’application de certaines réformes contenues dans la nouvelle constitution et qui suscitent polémique. C’est la voie la plus sûre pour éviter à la Côte d’Ivoire une nouvelle crise dont les conséquences pourraient se révéler dramatiques pour l’ensemble des Ivoiriens. Espérons que le Premier ministre français Manuel Valls qui a séjourné hier à Abidjan a conseillé la douceur à ADO qui aura, à travers son projet de révision constitutionnelle, prouvé qu’il n’est pas un démocrate bon teint comme il veut le faire croire. Certes, Valls a dit ne pas se mêler des affaires intérieures de la Côte d’Ivoire, certainement un langage diplomatique pour ne pas heurter la sensibilité de l’opposition ivoirienne, mais l’on voit mal comment un homme de son rang peut rencontrer ADO et occulter la question du référendum étant donné que la France a beaucoup d’intérêts économiques en Côte d’Ivoire.
DZ
tonyb
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excellent article c’est la vérité tout simplement
1 novembre 2016