VICTOIRE DES ELEPHANTS A LA CAN 2015 : Le football va-t-il réussir là où la CDVR a échoué ?

La Côte d’Ivoire a vécu  une nuit de folie, après la victoire, le 8 février dernier,  des Eléphants  en finale de la  Coupe d’Afrique  des nations, 23 ans après  leur dernier sacre  continental.

“On a pleuré  pendant des années,  mais on mérite cette coupe. Aujourd’hui, on est tous derrière cette équipe. On n’a pas besoin des politiciens pour nous réconcilier». Ces propos d’un jeune Ivoirien, illustrent  l’intime rapport  qui existe entre le football et le peuple ivoirien. Des moments d’allégresse pareils, la Côte d’Ivoire en a cruellement manqué, après une décennie de crise sociopolitique qui a coûté la vie à des milliers de personnes. Le pays était coupé en deux, de 2002 à 2011, et la haine était devenue la chose la mieux partagée. Nul doute que ce succès des Eléphants rapprochera davantage les Ivoiriens. Nul doute  que le chef de l’Etat ivoirien en tirera des dividendes politiques, lui qu’on a aperçu exultant devant un écran de télévision, au coup de sifflet final.  Surtout que ce sacre intervient seulement  à quelques mois de la présidentielle prochaine. C’est de bonne guerre. Une récupération politique de ce grand événement ? Rien de surprenant à cela.  De fait, on a vu la ministre ivoirienne en charge de la Communication, arborant  un  képi sur lequel il était écrit, “avec ADO, on gagne ! “.  C’est de bonne guerre. Laurent Gbagbo n’aurait-il pas fait la même chose, sinon plus, s’il était jusqu’à ce jour toujours scotché au douillet fauteuil présidentiel ? Et puis, comment dénier à ADO, son droit de se sentir aussi, quelque part, “père” de cette victoire ?  Sans aucun doute convaincu qu’une victoire  des Eléphants serait un puissant élixir pour la réconciliation nationale, l’homme n’avait pas regardé à la dépense (en donnant les moyens qu’il fallait à la Fédération ivoirienne de football (FIF), soit  quelques 3 milliards de F CFA, pour la préparation de l’équipe), en dépit des résistances d’un certain  Alain Lobognon, son ministre des Sports,  qui trouvait la somme exorbitante, au regard des précédentes prestations décevantes des pachydermes.  A l’heure du bilan, on peut dire, bravo ADO !

Les cœurs des Ivoiriens ont vibré à l’unisson

Et l’on comprend la joie de son parti, le Rassemblement des Républicains (RDR),  qui n’a pas tardé à saluer  la victoire de ses champions. Même s’il s’est gouré  sur le lieu de l’exploit ivoirien, en  confondant  la Guinée équatoriale avec la Guinée Bissau.

Qu’à cela ne tienne, le cœur des Ivoiriens, en ces instants magiques, bat au rythme de la victoire de leurs champions à la CAN 2015.  La commission Dialogue, vérité et réconciliation  (CDVR) ayant échoué dans sa mission de réparer la fracture sociale, malgré une enveloppe de 16 milliards allouée par l’Etat ivoirien à cette institution, c’est peut-être par le football dont on dit qu’ il est l’opium du peuple, que les Ivoiriens arriveront à véritablement se réconcilier. Le football réussira-t-il  là où la CDVR a échoué ?

On observe, en tout cas, qu’après l’échec de la CDVR, l’effet “Eléphants-mania ”   aux  vertus analgésiques sans commune mesure, a pris le relais ! Et en ces temps d’ivresse collective,  on peut être sûr que les cœurs des Ivoiriens ont vibré à l’unisson !  Des instants fabuleux que la Nation ivoirienne a raison de savourer à leur juste mesure !

Seydou TRAORE