HomeA la uneVIOLATION REPETEE DU CESSEZ-LE-FEU AU SOUDAN DU SUD : La paix passera par l’éviction de Salva Kiir et Riek Machar

VIOLATION REPETEE DU CESSEZ-LE-FEU AU SOUDAN DU SUD : La paix passera par l’éviction de Salva Kiir et Riek Machar


 

L’accord de paix signé le 26 août 2015 par le président Salva Kiir et son rival Riek Machar, a déjà pris du plomb dans l’aile. En effet, cet accord, arraché au prix de mille efforts, n’aura pas permis de faire taire les armes plus de 24 heures après son entrée en vigueur. Le cessez-le-feu, espoir d’un retour à la paix,  a été illico presto violé.  Et comme il fallait s’y attendre, les belligérants signataires de l’accord s’accusent mutuellement.  Car, aucun ne veut assumer la responsabilité de ce grand  coup de canif porté à la paix au Soudan du Sud. Et pourtant, la chose semble évidente. Si ce n’est Salva Kiir, c’est donc son rival. Mais tout laisse penser que c’est l’homme au chapeau borsalino qui aura poignardé la communauté internationale dans le dos en violant le premier, le cessez-le-feu. On a d’autant plus de bonnes raisons de le penser qu’il avait adopté une posture de résistance face à l’accord, avant de se raviser sous la pression de l’ONU et des Etats-Unis. Peut-on respecter un accord signé le couteau sous la gorge ?  C’est la question que nous nous posions dans nos précédentes éditions.

En vérité, cette violation du cessez-le-feu n’est guère surprenante.  Il faut bien le dire, les belligérants ont accepté de signer l’accord juste parce qu’ils voulaient éviter les sanctions ciblées que brandissait la communauté internationale. Le cessez-le-feu aura donc fait long feu. Pouvait-il en être autrement quand on sait que les précédents accords n’avaient jamais été respectés? Depuis le début de la guerre, on aura enregistré au total huit cessez-le-feu et autant de violations. Toutes choses qui montrent que les héritiers de John Garang ne sont pas des enfants de chœur. La rivalité entre les deux hommes est si tenace qu’il est quasiment impossible de construire une paix durable au Soudan du Sud. En tout cas, tant que ces deux frères ennemis ne seront pas écartés de la scène politique et militaire soudanaise, il ne faut pas rêver d’une paix au Soudan du Sud.

Il ne sert à rien de fonder des espoirs sur un accord qui n’est pas viable

Les violations répétées du cessez-le-feu sont la preuve qu’ils sont incapables de mettre fin à la guerre qui aura fait des dizaines de milliers de victimes et mis sur le chemin de l’exil, des milliers de Soudanais. Elle montre également que ces deux commandants en chef n’ont de respect ni pour la vie humaine, ni pour leurs parrains, notamment les Etats-Unis qui les auront soutenus à bout de bras jusqu’à porter sur les fonts baptismaux, le jeune Etat dont ils se disputent à coups de canon  la direction. On assiste à ce triste spectacle tout simplement parce que leur mentor, John Garang, a mangé les pissenlits par les racines. Sans doute que si cet homme charismatique était encore vivant, le Soudan du Sud ne se serait pas aussitôt transformé en un chaudron, quatre ans seulement après  son indépendance.  Avec cette 8e violation du cessez-le-feu, le problème soudanais reste entier. Il urge que la communauté internationale siffle la fin de la récréation et ce, en contraignant les deux rivaux à quitter les planches. Certes, une paix forcée est ce qu’elle vaut. Mais on ne saurait  rester les bras croisés et laisser continuer la guerre des héritiers de John Garang. Puisque les deux protagonistes ont suffisamment montré à la face du monde qu’ils ne peuvent pas cohabiter dans un gouvernement d’union nationale, les Etats-Unis doivent prendre leurs responsabilités. Car, il ne sert à rien de fonder des espoirs sur un accord qui n’est pas viable. Les Sud-soudanais ont déjà assez souffert de cette guerre des ego entre Salva Kiir et Rieck Machar. Il serait criminel de continuer à fermer les yeux sur les graves manquements de ces deux hommes. Si rien n’est fait, cette guerre à connotation ethnique qui se déroule actuellement au Soudan du Sud, risque de devenir une guerre civile ; tous les ingrédients en sont réunis. En tout cas, cette guerre qui, au départ, faisait l’affaire du voisin immédiat, Omar El Béchir, est devenue un véritable casse-tête. Car, l’instabilité qu’elle a créée ne permet plus d’attendre une quelconque retombée financière du pétrole dont les gisements se trouvent au Soudan du Sud.

Dabadi ZOUMBARA


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