HomeA la uneVISITE ANNONCEE DU NOUVEAU PRESIDENT FRANÇAIS AU MALI : Macron sur les pas de François Hollande

VISITE ANNONCEE DU NOUVEAU PRESIDENT FRANÇAIS AU MALI : Macron sur les pas de François Hollande


 

C’est, en principe, aujourd’hui jeudi 18 mai ou demain vendredi que le nouveau chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, se rendra auprès des troupes françaises au Mali. L’information a été donnée par des membres de son entourage. Cette visite, dans l’hypothèse où elle serait effective, peut être décryptée de la manière suivante. Ce qui frappe d’emblée les esprits, c’est le fait qu’elle intervient 5 jours seulement après que le tout nouveau chef des Blancs a reçu les clefs de l’Elysée des mains de son prédécesseur, François Hollande. Ce qui est également digne d’intérêt et mérite d’être relevé, c’est le fait que contrairement au passé où les présidents français nouvellement élus, réservaient leurs premières escapades en terre d’Afrique aux pays membres du pré-carré que sont le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Gabon, cette fois-ci, c’est le Mali qui a ravi la vedette à ces derniers. Et ce privilège, si l’on peut l’appeler ainsi, en dit long sur ce que représente le Mali dans la stratégie de riposte de la France face au péril djihadiste dans l’espace saharo-sahélien. D’abord, depuis 2013, la France est militairement présente au pays de Modibo Keïta par le biais de Serval. C’est d’ailleurs, peut-on dire, grâce à cette opération que les djihadistes ont été en grande partie chassés du Nord du Mali. Mais pour autant, le pays est encore loin d’être pacifié, puisque des zones entières du Mali échappent toujours au contrôle  des forces maliennes, françaises et onusiennes.

Le boulot de la France est loin d’être terminé au Mali

Mieux, les barbus sont en passe de mettre le centre du pays dans leur zone d’influence. Et à partir de là, ils se permettent, de manière récurrente et insolente, des excursions meurtrières dans certains pays limitrophes du Mali. C’est la preuve, si besoin en était encore, que le boulot de la France est loin d’être terminé au Mali. Et Emmanuel Macron, par cette visite, veut le signifier sans équivoque aussi bien à son opinion (aux Français) qu’à ses partenaires africains de l’espace saharo-sahélien, à commencer par les Maliens eux-mêmes. Le message qu’il entend par là envoyer, est avant tout d’ordre sécuritaire. Et il émane beaucoup plus du chef suprême des armées françaises que du chef politique qu’il incarne à la fois. La deuxième grande raison qui fait courir Macron au Mali, c’est qu’il veut en profiter pour gonfler à bloc le moral de ses soldats dans ce pays ; eux qui, depuis le déclenchement de l’opération Serval en 2013, ont payé un lourd tribut dans la traque des barbus. Une vingtaine de morts ont été, en effet, enregistrés dans leurs rangs. Le « Général » Macron est donc venu sur le théâtre des opérations leur signifier que la France leur est reconnaissante pour l’ensemble des sacrifices consentis pour la cause d’un pays « ami » de longue date. La troisième raison est liée au fait que le Mali  représente le maillon le plus significatif de la force Barkhane, qui mobilise aujourd’hui 4000 soldats français sur cinq pays du Sahel à savoir le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Tchad. Bien que ce soit ce dernier pays qui abrite le Quartier général (QG) de l’opération, l’on peut faire le constat que l’essentiel de la troupe est basé au Mali. De ce fait, le Mali n’est pas un pays quelconque pour la France. Il compte beaucoup pour elle. De sa capacité à bouter les djihadistes hors de ce pays dépendront les chances de succès, au Sahel africain, de cette gigantesque opération militaire française.

Macron et son prédécesseur Hollande se ressemblent comme deux gouttes d’eau

Le Mali est donc un grand symbole pour la France, dans sa volonté qu’elle ne cache plus de casser du djihadiste, non seulement à l’intérieur de ses frontières mais aussi à l’extérieur. Et au-delà du Mali, ce message on ne peut plus martial, s’adresse à toute l’Afrique en général et en particulier à l’ensemble des 5 pays du Sahel. D’ailleurs, cette posture de tolérance zéro vis-à-vis des adeptes de l’apocalypse, Macron l’a affichée tout au long de sa campagne. Car, il savait que c’était l’un des enjeux de la présidentielle. Ce faisant, il a apporté la preuve que la fermeté vis-à-vis du péril djihadiste n’est pas le monopole du Front national, le parti de sa rivale malheureuse, Marine Le Pen. De tout ce qui précède, l’on peut aboutir à la conclusion qu’en ce qui concerne la lutte contre le djihadisme dans le monde et plus particulièrement en Afrique, Macron et son prédécesseur Hollande se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Sur ce point au moins, il peut revendiquer sans aucune gêne l’héritage de François Hollande dont l’intervention militaire au Mali a été un des temps forts de son quinquennat. Cela dit, les Maliens tout comme les populations des autres pays du G5 « Sahel » seraient mal inspirés de croire que c’est par philanthropie que le nouveau chef des Blancs, toutes affaires cessantes, a bien voulu leur réaffirmer le soutien sans faille de son pays, en dépit du lourd tribut déjà payé. Car, aujourd’hui plus que jamais, la France sait que la meilleure manière de lutter contre le terrorisme sur son sol implique de s’associer à la grande riposte que mènent les nations civilisées contre ce fléau de notre temps. Et le moindre répit accordé aux barbus qui écument aujourd’hui le Sahel africain, peut être interprété par leurs homologues qui sont en train de semer la mort aux quatre coins de la France comme un aveu d’impuissance, voire de capitulation. Et cela peut davantage les motiver dans leur désir de venir à bout de tous ceux qui ne partagent pas leur vision moyenâgeuse. De ce  point de vue, l’on peut dire que l’intérêt manifeste porté par la France au Mali dans le cadre de la lutte contre les djihadistes, répond d’abord à des impératifs sécuritaires domestiques. Et pour cela, tout président français sera toujours disposé à aller jusqu’au bout de l’enfer s’il le faut. Autre sujet qui sera vraisemblablement évoqué lors de cette visite à forte charge sécuritaire, c’est celui lié à l’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Car, bien de leurs compatriotes trépignent d’impatience d’en savoir davantage sur ce double meurtre. A cet effet, ils ont déjà interpellé leur nouveau président. Saura-t-il se montrer à la hauteur de leurs attentes ? Là est toute la question.

« Le Pays »


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