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VISITE DU PATRON DE BARKHANE AUX AUTORITES MALIENNES SUR FOND DE RECRUTEMENT DE MERCENAIRES RUSSES  


Le patron de la force française au Mali, le général Laurent Michon a rendu une visite hier, 5 octobre 2021, aux autorités de la transition malienne. Reçu par le ministre malien de la Défense, le colonel Sadio Camara, les deux hommes ont surtout parlé de la réorganisation de la force française au Mali. A ce que l’on dit, la question de Wagner n’aurait pas été abordée. Paris cherche-t-elle à manager Bamako ? Réussira-t-elle à fléchir la position du Mali qui, à bien des égards, cherche à recruter des mercenaires de la société russe Wagner ? Rien n’est moins sûr. Cependant, l’on pourrait affirmer que la France cherche à obtenir l’assurance des autorités de la transition qu’elles ne feront pas appel à des mercenaires. C’est d’autant plus vrai qu’avant cette visite, c’est la ministre française des Armées, Florence Parly, himself qui s’était rendue à Bamako, le 19 septembre dernier. Objectif : la réorganisation en cours de l’opération Barkhane dont le départ des bases maliennes de Kidal, Tessalit et Tombouctou, a commencé au moment où la base aérienne projetée française de Niamey au Niger, est appelée à prendre plus d’importance.  A l’occasion, la patronne des armées françaises n’avait pas manqué de réitérer aux autorités de la transition malienne, la position de la France par rapport à la présence annoncée de mercenaires russes qui reste, pour Paris, une ligne rouge dont le franchissement serait lourd de conséquences si la junte faisait la sourde oreille face aux avertissements répétés de l’Elysée.

 

De quoi Paris a-t-elle peur ?

 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’éventualité d’un rapprochement des autorités de la transition malienne avec Moscou, semble véritablement troubler le sommeil de Paris. Mais qu’est-ce qui fait tant courir la France ? De quoi Paris a-t-elle peur ? Est-on tenté de se demander. Des questions d’autant plus fondées qu’au- delà de la question sécuritaire, l’on est porté à se demander si cette agitation frénétique de Paris ne cache pas d’autres dessous inavoués. Car, pour le commun des Maliens, en lieu et place des pressions et autres menaces à peine voilées, l’équation devrait être simple pour Paris : plier bagage et partir si les autorités de la transition persistent, à leurs risques et périls, à vouloir nouer des relations avec les Russes. Ce qui, dans le fond, est un droit qu’on ne peut pas non plus leur renier. Mais dans le cas d’espèce, on a le sentiment que Paris ne laisse pas d’autre alternative à Bamako que de récuser publiquement Moscou. C’est à se demander si ces Russes-là ne sont pas finalement le diable personnifié dont Paris voudrait coûte que coûte protéger Bamako. Mais, même à supposer que ce soit le cas, peut-on être plus royaliste que le roi au point de faire preuve d’autant d’intransigeance sur une question qui relève, quoi qu’on dise, a priori de la souveraineté d’Etat ? Quoi qu’il en soit, l’on est curieux de voir jusqu’où ira le bras de fer entre les autorités de la transition malienne et la France sur une question aussi sensible, qui va au-delà des relations entre les deux pays.  Car, il faut le rappeler, Paris n’est pas seule dans sa croisade anti-mercenaire russe au Sahel. La CEDEAO, l’Allemagne, les Etats-Unis sont sur la même longueur d’onde que la France sur la question, et l’ont déjà fait savoir publiquement. Bamako est donc prévenue du risque d’isolement qui la menace, si Assimi Goïta et compagnie venaient à succomber aux sirènes des Popov. D’autant qu’en plus des pays ci-dessus cités, ils sont au bord de la brouille diplomatique avec leur voisin nigérien dont les autorités n’ont pas porté de gants pour pointer du doigt la conduite de la transition par les hommes en kaki de Kati sur les rives du fleuve Djoliba.

 

On peut douter de la sincérité et de la noblesse des intentions des dirigeants de la transition

 

Ceci étant, il faut aussi relever le jeu trouble des autorités de la transition malienne. En effet, tout en s’étonnant des allégations sur des négociations souterraines avec une société privée russe pour des services de mercenariat, elles claironnent à qui veut les entendre que le Mali « ne permettra à aucun Etat de faire des choix à sa place et encore moins de décider quels partenaires il peut solliciter ou pas ». On n’aurait rien eu à redire de cette position si le sort du Mali n’était pas aujourd’hui lié à celui du Sahel et surtout, si le Mali n’avait pas été la porte d’entrée du terrorisme dans l’espace commun. C’est dire si par leur décision, Assimi Goïta et compagnie doivent prendre conscience des risques qu’ils font courir non seulement au Mali, mais aussi à la région du Sahel tout entière. Surtout que dans le cas d’espèce, tout, dans leurs actes et attitude, tend à prouver qu’ils sont plus préoccupés par comment se maintenir  à la tête de l’Etat malien que par l’organisation des élections pour remettre le pays le plus rapidement possible, sur les rails de la démocratie.

 

« Le Pays »

 

 


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