HomeA la uneZEPHIRIN DIABRE à propos des difficultés financières de la presse privée : « Un journal est une lumière. Quand il s’éteint, c’est le peuple qui entre dans les ténèbres »

ZEPHIRIN DIABRE à propos des difficultés financières de la presse privée : « Un journal est une lumière. Quand il s’éteint, c’est le peuple qui entre dans les ténèbres »


Le moins que l’on puisse dire, c’est que le non paiement des factures de la presse privée par l’Etat, est plus que jamais d’actualité. La Société des éditeurs de la presse privée (SEP), qui a pris les devants pour ‘’supplier’’ le gouvernement de s’acquitter de ses créances, a eu un soutien de taille, celui de l’opposition politique dont le chef de file, Zéphirin Diabré, s’est entretenu avec ses premiers responsables, le jeudi 30 mars 2017 au Centre de presse Norbert Zongo, autour de la situation.

 

Les factures des médias privés, estimées à 304 millions de F CFA, sont toujours en souffrance dans les circuits de paiement étatiques. Les articles de presse et les audiences, jusque-là, n’ont pu encore faire bouger les lignes. On ne dit pas que les différentes interpellations par rapport à cette situation de   non paiement des factures de la presse privée par l’Etat glissent comme de l’eau sur les plumes d’un canard, mais c’est que le gouvernement n’a pas encore pris des mesures concrètes. Et cette situation qui asphyxie les organes qui arrivent toujours à résister, parce que d’autres ont déjà rangé leurs plumes pour ne pas dire qu’ils ont cessé de paraître, n’a pas manqué d’interpeller le chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré, qui est allé à la rencontre de la SEP pour en savoir davantage. D’entrée de jeu, lors des échanges avec les responsables de cette organisation professionnelle des médias, il a tenu à préciser son approche en ces termes : « En tant qu’homme politique, on peut être amené à penser que parfois nous avons une appréciation quelque peu mitigée de ce que la presse dit. Et pour être franc et honnête avec vous, l’être humain aime bien quand on le flatte, et il est moins réceptif quand on lui dit un certain nombre de vérités….Il y a une formule célèbre appartenant à la famille dite libérale et qui date des siècles qui dit que : je ne suis pas d’accord avec ce que tu dis mais tu peux compter sur moi. » Tout en relevant la pertinence de la mission de la presse dans la société, il poursuit qu’en suivant l’actualité, depuis quelques mois, « il m’est apparu qu’un certain nombre d’organes de presse sont en train de mettre la clé sous le paillasson ». Une situation qui, dit-il, inquiète l’opposition, car « la presse est un pilier de la démocratie », soutient-il. Pour lui, « un journal est une lumière. Quand il s’éteint, c’est le peuple qui entre dans les ténèbres ». Alors, il dit donc avoir pensé utile de venir échanger avec la SEP, pour apprendre davantage des difficultés auxquelles la presse privée est confrontée.

Le décor ainsi planté, les responsables de la SEP ont dressé l’état des lieux en trois points essentiels. C’est d’abord les factures en souffrance au niveau de l’Etat depuis près de cinq ans, qui posent des problèmes de trésorerie aux médias. Ensuite, la fiscalité qui pressure les entreprises de presse. Et enfin, la pratique de deux poids deux mesures, dans la répartition de la publicité de l’Etat qui fait que nombre d’organes de la presse privée n’ont même pas souvent la portion congrue. Comme on le voit, tous ces problèmes tournent autour des finances. Et nul besoin de dire que c’est le dada de Zéphirin Diabré. Selon lui,

les difficultés que les médias burkinabè rencontrent, sont en partie liées au contexte même de la morosité de l’économie nationale. Morceaux choisis : « Nous, au niveau de l’opposition, on exhorte vraiment le gouvernement à prendre des initiatives et des mesures pour la relance rapide de l’économie qui traîne, malgré les annonces qu’on nous a faites après  le PNDES. On sent qu’il y a une grande morosité et cette morosité n’est pas de nature à favoriser l’action des journaux de notre pays ». Puis, il se rapproche mieux des préoccupations des médias, en soulignant que le gouvernement a le devoir d’apurer ses créances parce que « quand vous demandez des services à des gens, il faut quand même les payer ». Et il se rallie à la cause en ces termes : « Je vais donc joindre ma voix et celle de l’opposition à la vôtre, pour vraiment demander au gouvernement de regarder ce dossier là de très près et de faire en sorte que des mesures soient prises pour que ces factures soient apurées ».

 

S’il y en a qui mangent et puis d’autres regardent, ça peut amener des problèmes que l’histoire connaît et qu’on n’aimerait pas revoir

Sur la question de la fiscalité, le chef de file de l’opposition pense que « l’Etat puisse éventuellement faire une réforme de la fiscalité qui régit les organes de presse » pour leur permettre de survivre. Quant à l’inégalitaire répartition de la publicité des services publics, Zéphirin Diabré fait savoir que « C’est un gâteau (publicité) qui est déjà très restreint, et s’il y en a qui mangent et puis d’autres regardent, ça peut amener des problèmes que l’histoire connaît et qu’on n’aimerait pas revoir. »  Alors, « je vous traduis donc la solidarité de l’opposition et notre engagement à donner de la voix, c’est ça aussi notre rôle, pour faire entendre ces revendications en espérant que le concert de voix fera en sorte que le gouvernement prendra les choses au sérieux et va trouver des solutions », martèle-t-il. Dans tous les cas, cette initiative de Zéphirin Diabré de venir échanger avec la SEP, n’est pas sans plaire à ses premiers responsables. « Nous avons été agréablement surpris, lorsque le chef de file de l’opposition nous a exprimé son souhait de venir s’enquérir de nos soucis », s’est réjoui Boureima Ouédraogo, président de la SEP. « C’est une des premières fois que les politiques viennent vers nous pour savoir quelles sont les difficultés que nous vivons, poursuit-il. Ils sont plutôt plus prompts à nous appeler pour dire quelles sont, eux, leurs difficultés », avant de conclure : « nous sommes preneurs de toute contribution ou plaidoyer pour le règlement de nos problèmes de façon générale, et nous pensons que le chef de file de l’opposition, en tant qu’institution républicaine, peut être effectivement un acteur qui va contribuer au plaidoyer pour que les autorités prennent en compte les difficultés que nous vivons. »

 

Drissa TRAORE

 

 

 

 

 

 

 


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