HomeOmbre et lumièreOPPORTUNISME POLITIQUE AU BURKINA : Si le ridicule pouvait tuer !

OPPORTUNISME POLITIQUE AU BURKINA : Si le ridicule pouvait tuer !


De l’opportunisme politique au Burkina, parlons-en, tant le phénomène est en passe de devenir le sport favori de bien des hommes politiques. Il faut d’abord relever que la pratique ne date pas d’aujourd’hui. Elle est née pratiquement avec les premiers moments de l’accession du pays à l’indépendance voire peu avant. En effet, peu avant l’indépendance du pays, l’on se rappelle que Feu Maurice Yaméogo n’avait pas hésité à claquer la porte de son parti d’origine, le MDV, (Mouvement démocratique voltaïque) de Michel Dorange, pour déposer armes et bagages au RDA (Rassemblement démocratique africain) de Feu Ouezzin Coulibaly. Ce revirement spectaculaire lui avait valu, à la mort de ce dernier, de s’arroger les rênes du pouvoir au détriment des militants de la première heure, tel que Christophe Kalanzaga. Sous le régime du Général Sangoulé Lamizana, l’on peut citer l’exemple de ce syndicaliste redoutable qui s’était servi de sa structure comme marchepied pour arracher, au grand dam de sa base, le maroquin de ministre de la Fonction publique. Zoumana Traoré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, avait agi de cette manière on ne peut plus opportuniste, juste pour beurrer ses épinards plutôt que de défendre la cause des travailleurs. Conspué et traité de tous les noms d’oiseaux par ses anciens camarades, le Général Lamizana avait fini par le remercier dès que la première occasion s’est présentée. Mais, il faut avoir le courage de reconnaître que la période la plus faste de l’opportunisme politique a commencé avec la Révolution démocratique et populaire de Thomas Sankara. Et c’est une des raisons d’ailleurs qui peut expliquer la facilité avec laquelle le téméraire Sankara a connu le sort que tout le monde sait. En effet, le chef de la révolution était pratiquement le seul qui avait fait l’option de la Révolution par conviction.

 

En plus de se salir les mains, les opportunistes politiques se salissent également l’âme

 

La plupart de ses anciens camarades et laudateurs, qui donnaient l’impression de lier leur destin à celui de leur mentor à coups de slogans anti-impérialistes, étaient en réalité d’illustres opportunistes. La preuve, s’il en est encore besoin parmi tant d’autres, est que, immédiatement après son assassinat et pendant que ses restes ont été enfouis à la va-vite au cimetière de Dagnoën, les mêmes dont la bouche ne tarissait pas d’éloges pour Sankara, ont vite fait de tourner casaque, sans le moindre état d’âme, pour rallier le camp des vainqueurs. L’on peut se risquer à dire que certains parmi eux, font partie des commanditaires de son assassinat. Cela leur a valu de s’enrichir à la vitesse grand V. Non contents de cela, ils ont osé joindre leur voix à celle de tous ceux qui ne voulaient pas voir Sankara, même en peinture, pour salir la mémoire de l’homme. Et sous le régime du nouveau chef, Blaise Compaoré, ils ont repris du service et d’une manière non moins ignoble. Ainsi, l’on a vu des ministres, toute honte bue, marteler avoir intégré le gouvernement de Blaise Compaoré par « amour » pour ce dernier. Si c’était par les temps qui courent, leurs détracteurs les auraient accusés de ce que tout le monde sait et dont par décence, nous taisons le nom ici. Le phénomène de l’opportunisme politique au Burkina avait envahi presque toute la cité, au point que Feu Francis Méda l’avait brocardé dans l’une de ses chansons. Les Burkinabè d’un certain âge s’en souviennent encore. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’opportunisme politique a la peau dure. En effet, à l’occasion du dernier remaniement du gouvernement de Roch Marc Christian Kaboré, l’on a entendu des heureux élus qui, naguère, avait la dent dure contre le régime de l’enfant de Tuiré, se fendre d’explications qui ne résistent pas à l’analyse pour justifier leur participation au gouvernement. En réalité, cela n’est ni plus ni moins que de l’opportunisme politique. Et au Burkina, cela ne tue guère. C’est cette attitude de nos hommes politiques dont la plupart sont prêts à faire l’âne  pour avoir le foin, qui contribue à leur ôter tout crédit auprès des populations. Et à ce jeu d’opportunisme politique se livrent malheureusement certains grands intellectuels ou supposés tels. Il est vrai que pour Sartre, participer à la gestion du pouvoir, c’est accepter se salir les mains, mais l’on peut dire qu’en ce qui concerne les opportunistes politiques, en plus de se salir les mains, ils se salissent également l’âme.

Sidzabda

 

 


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