HomeOmbre et lumièreABSENTEISME ET RETARDS DANS L’ADMINISTRATION PUBLIQUE : Il faut une thérapie de choc

ABSENTEISME ET RETARDS DANS L’ADMINISTRATION PUBLIQUE : Il faut une thérapie de choc


 

 

Lors de la traditionnelle cérémonie de présentation de vœux le 5 janvier 2018, le président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, s’est engagé à s’attaquer à deux grands maux de l’Administration parlementaire. Il s’agit de l’absentéisme et du retard. A cet effet, il entend mettre en place un système de contrôle des heures d’arrivée et des temps de présence au service, qui s’appliquera non seulement aux agents, mais aussi aux élus nationaux dont l’absentéisme de certains, à l’occasion des sessions, est légendaire. Le chantier que vient d’ouvrir le successeur de Gorba est noble. Mais l’on peut se poser la question de savoir s’il dispose de moyens pour le conduire jusqu’au bout, tant l’absentéisme et les retards sont des maux qui minent toutes les législatures depuis que le Burkina a renoué avec la normalité constitutionnelle après 1991. En tout cas, Alassane Bala Sakandé peut être sûr d’une chose. La thérapie qu’il propose va susciter des grincements de dents. Car, les Burkinabè sont ainsi faits qu’ils ont horreur qu’on leur remonte les bretelles, même quand ils s’adonnent à des mauvaises pratiques. Et la tâche de Bala Sakandé sera d’autant plus compliquée que les hommes et les femmes dont il doit remonter les bretelles sont des députés comme lui. Mieux, certains d’entre eux pourraient être ses camarades de parti ou de la mouvance présidentielle. Le risque donc que le remède qu’il propose pour traquer l’absentéisme et les retards dans l’administration parlementaire ne produise un effet qui s’apparente à de l’eau versée sur les plumes d’un canard, n’est pas à exclure. Cela dit, l’absentéisme et les retards, au-delà de l’Assemblée nationale, se vivent au quotidien dans pratiquement tous les services de l’Administration publique au Burkina. Ces deux maux sont en passe d’être banalisés, tant ils ne choquent plus personne. Et pourtant, ils sont à l’origine de bien des désagréments dont sont victimes les usagers de l’Administration.

L’exemple doit venir d’en haut

Au-delà des usagers, ils constituent de véritables entraves au développement du pays. Pour les combattre, le régime de Saye Zerbo, le Comité miliaire de redressement pour le progrès national (CMRPN) avait mis en place des mesures draconiennes. L’une d’elles était l’interdiction faite aux fonctionnaires de fréquenter les débits de boisson pendant les heures de service. Cette mesure avait eu l’avantage de réduire le phénomène. Mais l’ingéniosité de certains Voltaïques, on se souvient, leur avait permis de contourner la mesure pour des trouvailles dont ils étaient les seuls à détenir le secret. Après Saye Zerbo, le coup le plus dur porté contre l’absentéisme et les retards dans l’Administration publique, est à mettre à l’actif du régime de Thomas Sankara. En effet, à cette époque, il fallait avoir le courage d’un kamikaze pour faire dans l’absentéisme et dans les retards dans l’Administration publique. Car, la sanction était immédiate et implacable. Dans certains cas, elle pouvait aller jusqu’au « dégagement », terme usité à l’époque et qui signifiait licenciement de la Fonction publique. Cette mesure extrême était d’autant plus sans recours que nous étions sous un régime d’exception. Certes, il y a eu des abus, mais il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que la tolérance zéro observée à l’époque vis-à-vis de l’absentéisme et des retards a contribué à assainir l’Administration publique. Aujourd’hui, nous sommes en démocratie, chose qu’il faut saluer, mais l’on peut avoir l’impression que pour bien des Burkinabè, démocratie rime avec « laisse-guidon », défiance de l’autorité de l’Etat, absentéisme et retard dans l’Administration publique. Toutes ces mauvaises pratiques doivent impérativement prendre fin, si nous voulons véritablement positionner le Burkina sur la voie du développement. Mais les mots et les discours ne suffisent pas pour combattre ces maux. Il faut une thérapie de choc. Et l’exemple doit venir d’en haut. Car, ne dit-on pas que la meilleure pédagogie est celle de l’exemple ?
Pour l’instant, l’on peut faire le constat que nos honorables députés, censés voter des lois pour combattre justement l’absentéisme et le retard, s’illustrent eux-mêmes de la pire des manières. Ce constat n’est pas de nous, il a été fait par le premier d’entre eux, le président Alassane Bala Sakandé.

Sidzabda


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