ACCORD DE PRET POUR LA REFECTION DU BOULEVARD DES TANSOABA : Des OSC demandent l’arrêt de la procédure
Siaka Coulibaly, Secrétaire exécutif du Réseau des Organisations de la société civile pour le développement (RESOCIDE) et Evariste Faustin Konsimbo, président de l’Association Cercle d’éveil (CEDEV) ont animé une conférence de presse le 7 juillet 2016 à Ouagadougou. Au menu des échanges : le financement du projet de réfection du Boulevard des Tansoaba, connu sous l’appellation de Circulaire à Ouagadougou.
Le projet de réfection du Boulevard des Tansoaba, encore appelé Circulaire à Ouagadougou, fait déjà des gorges chaudes au sein des Organisations de la société civile. En effet, Siaka Coulibaly du Réseau des Organisations de la société civile pour le développement (RESOCIDE) et Evariste Faustin Konsimbo de l’Association Cercle d’éveil (CEDEV) sont contre l’accord de prêt de 20 milliards de F CFA signé par l’Etat burkinabè et la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) au détriment du don de 22 milliards de F CFA du gouvernement japonais pour la réfection dudit tronçon long de 6, 5 km. Ils étaient face à la presse dans l’après-midi du 7 juillet dernier. Siaka Coulibaly et Evarsite Faustin Konsimbo, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, souhaitent que le gouvernement arrête immédiatement la procédure en cours de prêt avec la BOAD pour la réalisation du projet de réfection du Boulevard des Tansoaba dont le financement est acquis par don avec le gouvernement japonais. En conséquence, ils ont demandé à l’Etat burkinabè de reprendre les négociations avec le gouvernement japonais avant que celui-ci ne décide d’annuler le don octroyé en 2015. Mais comment en est-on arrivé là ? En effet, courant 2015, a expliqué le représentant du RESOCIDE, Siaka Coulibaly, le gouvernement japonais a fait un don au Burkina d’un montant de 22 milliards de F CFA, destiné à la réfection du tronçon de 6,5 km du Boulevard des Tansoaba situé entre l’échangeur de l’Est et celui de Ouaga 2000.
De ses explications, toutes les études de faisabilité ont été réalisées. « Ces diverses études ont été financées à hauteur d’environ 500 millions de F CFA et sont actuellement au stade de validation », a-t-il laissé entendre. Mais, a-t-il révélé, il est revenu que lors de la rencontre sur l’étude préparatoire du projet tenue du 7 février au 27 mars 2016, la partie burkinabè, notamment le ministère des Infrastructures, a demandé à la partie japonaise de réaffecter le financement du projet pour l’aménagement de Rocade Sud-Est du Boulevard des Tansoaba à d’autres tronçons, notamment la section de la Rocade-Nord, voie parallèle à la Rocade Sud-Est, le tronçon RN6 allant de l’hôtel Palace jusqu’à l’hôpital Blaise Compaoré, le tronçon allant du rond point du 2 octobre jusqu’au marché de Baskuy, embranchement Avenue de la liberté/Avenue Kumda Yooré, route de Karpala.
Quid des raisons de l’annulation du don du gouvernement japonais ?
Pour justifier sa position, selon Siaka Coulibaly, l’Etat burkinabè a estimé que la procédure de financement japonaise était longue, selon les principes du système de coopération financière non remboursable du Japon et que le délai de bouclage du dossier prévu pour fin 2017 était « loin ». Par conséquent, pour la mise en œuvre du projet initial dont la réalisation était assurée gratuitement par le gouvernement japonais, notamment l’aménagement de Rocade Sud-Est du Boulevard des Tansoaba, a poursuivi Siaka Coulibaly, le gouvernement burkinabè aurait engagé une procédure de prêt d’un montant de 20 milliards de F CFA auprès de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) dont l’accord de prêt à cet effet aurait été signé le 24 juin 2016 à Lomé, au Togo, entre le gouvernement burkinabè et la BOAD. « Contrairement au projet initial, le nouveau projet porte sur un aménagement partiel et non total du boulevard », foi de Siaka Coulibaly. Et pour lui, avec cette nouvelle donne, il est évident que la requête gouvernementale de réaffectation du don vers d’autres projets par ailleurs jugée inopportune par la partie japonaise sera sans doute annulée car, selon les procédures portant sur les dons au Japon, cette somme, objet d’un accord gouvernemental, ne peut plus être réaffectée à d’autres projets. « En clair, si le gouvernement burkinabè introduit une demande de réaffectation du don pour la réalisation d’autres projets, le gouvernement japonais n’aura d’autre choix que d’annuler le don de 22 milliards de FCFA. La question essentielle pour nous est de savoir quel est l’intérêt d’un pays comme le Burkina, déjà fortement endetté et pauvre, de refuser un don pour s’endetter ? Le gouvernement burkinabè, à travers sa décision, a-t-il évalué les implications en matière de coopération future entre le Japon et le Burkina ? Les pertes en termes d’opportunités de financement du développent de la part du Japon ont-elles été suffisamment calculées avant la prise de la décision du ministère des Infrastructures ? », s’est interrogé Siaka Coulibaly. En tout état de cause, lui et Evariste Faustin Konsimbo ont estimé que la décision du prêt BOAD, en plus d’être un très mauvais choix sur tous les plans pour le pays, « vraisemblablement, n’a aucune chance d’être débloqué avant fin 2016, eu égard aux procédures en matière de financement au niveau des institutions financières ». C’est pourquoi ils ont interpellé le Chef de l’Etat à instruire instamment son gouvernement, en particulier le Premier ministre, le ministre de l’Economie, des finances et du développement et celui en charge des Infrastructures, d’arrêter immédiatement la procédure en cours de prêt BOAD. Au demeurant, ils ont estimé que si la procédure de prêt doit continuer, il convient de la réorienter vers la réhabilitation des autres tronçons dont la section de la Rocade-Nord, voie parallèle à la Rocade Sud-Est, le tronçon RN6 allant de l’hôtel Palace jusqu’à l’hôpital Blaise Compaoré, le tronçon allant du rond point du 2 octobre jusqu’au marché de Baskuy.
Mamouda TANKOANO
