HomeOmbre et lumièreASSISES NATIONALES DE LA JEUNESSE : Etait-ce nécessaire pendant la transition ?

ASSISES NATIONALES DE LA JEUNESSE : Etait-ce nécessaire pendant la transition ?


Les Assises nationales de la jeunesse ont eu lieu les 18 et 19 juin derniers, sous les auspices du chef de l’Etat, Michel Kafando. Pas de confusion ! Les Assises nationales de la jeunesse ne sont rien d’autre que le fameux Forum national des jeunes mis en place sous le défunt régime de Blaise Compaoré. C’est donc pour marquer une rupture avec l’ère Compaoré que les autorités de la transition ont préféré parler d’Assises nationales de la Jeunesse. Et cette année, c’est Gaoua, la cité du Bafudji, qui a eu l’honneur d’abriter cette rencontre qui, chaque année, réunit les jeunes venant des quatre coins du pays pour discuter des problèmes qui sont les leurs. Sous Blaise Compaoré, ce rendez-vous annuel était devenu une tribune idéale pour les dirigeants pour promettre monts et merveilles aux jeunes, dans le dessein de s’attirer leur sympathie pour les prochaines consultations électorales. Si fait que les différents représentants des jeunes qui intervenaient lors de ces fora, étaient triés sur le volet avec des discours aseptisés qu’ils récitaient sans conviction. Tout était mis en œuvre pour éviter toute voix discordante de nature à critiquer la gouvernance du grand Naaba. Pour tout dire, le Forum national des jeunes était devenu l’occasion pour les Raspoutine et autres courtisans de vanter les mérites de leur mentor, certains allant jusqu’à le placer au rang d’un démiurge. Cela, on le comprend. D’autant qu’on avait en face un gouvernement dont la mission essentielle était de mettre en œuvre le programme politique d’un chef d’Etat qui ne voulait pas quitter le pouvoir.

D’année en année, on prend des résolutions qui ne sont suivies d’aucun effet

Mais était-ce nécessaire de perpétuer ce genre de rencontres sous la transition ? Evidemment, non. Car la transition n’a pas été mise en place pour exécuter un programme politique. L’une des missions essentielles qui lui est confiée est l’organisation, dans les délais impartis, d’élections libres et transparentes. Les problèmes des jeunes étant connus, la transition aurait pu se passer de la tenue de ces assises nationales, surtout que l’on parle de plus en plus d’austérité budgétaire et financière. En plus, on n’a pas besoin d’être un devin pour savoir que le chômage est l’un des fléaux qui affectent sérieusement les jeunes burkinabè dont certains, en désespoir de cause, prennent la route de l’émigration avec tous les risques que cela comporte. Sans doute aurait-on pu répondre à quelques unes des préoccupations des jeunes si on avait mis les sous engloutis dans l’organisation de ces assises nationales dans la création de micro-projets, par exemple. Ce qui est d’autant plus ahurissant, c’est que d’année en année, on prend des résolutions qui ne sont suivies d’aucun effet, comme si l’on était obligé de le faire. Ce qui laisse croire que nos dirigeants ne veulent pas d’une jeunesse consciente et éclairée parce qu’en vérité, cette dernière constitue une menace pour leur fauteuil. Ainsi, ils préfèrent la maintenir dans la misère pour pouvoir la tenir en laisse, conscients que même jeune, « un homme qui a faim, n’est pas un homme libre ». Cela dit, il faut que l’on arrête de tourner en round. Les assises nationales des jeunes constituent un cadre de trop. Pourquoi réunir mille personnes pour discuter d’un mal diagnostiqué depuis belle lurette et dont on connaît les racines ? S’il fallait rééditer ces assises, on pourrait travailler à réduire le nombre de participants, en demandant à chaque région de n’envoyer désormais que deux représentants. Ce qui permettra de minimiser un tant soit peu les dépenses inutiles qui grèvent le budget de l’Etat.

Sidzabda


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