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CORONAVIRUS AU BURKINA


Après une fausse alerte, il y a de cela un peu moins d’un mois, le Burkina Faso enregistre, depuis le 9 mars dernier, ses deux premiers cas confirmés de coronavirus. L’annonce a été faite le même jour dans la soirée, par la ministre de la Santé, Léonie Claudine Lougué, à l’hôpital de Tengandogo où les patients, un couple burkinabè récemment rentrés de France, ont été admis pour des soins pendant qu’une troisième personne, proche dudit couple, a été mise en quarantaine pour observation. Pour un pays en pleine crise sociale et qui peine déjà à faire face à l’hydre terroriste avec son corollaire de morts et de déplacés internes, l’arrivée de ce redouté et redoutable virus qui fait des ravages dans le monde entier avec une centaine de pays déjà touchés, est une très mauvaise nouvelle. D’autant que des pays autrement plus nantis et mieux préparés que le Burkina, comme, par exemple, la France et l’Italie qui sont aussi frappés de plein fouet, connaissent d’énormes difficultés à faire face à la maladie.

Il est impératif de travailler à réduire les cas au strict minimum

Même la Chine qui passe actuellement pour être la première puissance économique mondiale et d’où est partie l’épidémie, n’a pas fini de laisser des plumes dans la lutte contre un virus dont la rapidité de propagation ne laisse pas toujours le temps à l’organisation d’une réaction appropriée. C’est pourquoi, dans des pays aussi vulnérables et démunis que les nôtres, où le système de santé n’est, en aucun point, comparable à celui des grandes puissances, il est impératif de travailler à réduire les cas au strict minimum pour ne pas courir à la catastrophe en cas de large propagation. Vite donc des mesures fortes et drastiques pour circonscrire, autant que faire se peut, le mal. Cela est d’autant plus nécessaire que les intéressés, selon la ministre, sont rentrés d’Europe le 24 février dernier avant de présenter plus tard les symptômes de la maladie, qui se sont révélés positifs au test. Et même si les autorités burkinabè assurent avoir établi la traçabilité du parcours des patients et, par mesure de précaution, mis en confinement, pour la période d’incubation du virus, les personnes identifiées comme ayant été en contact avec eux, la prudence recommande de garder la vigilance au niveau d’alerte le plus élevé et de ne négliger aucun détail par laxisme ou par imprudence. Il ne faut certes pas céder à la panique encore moins en rajouter à la psychose de la population déjà traumatisée par les attaques terroristes à répétition, mais il ne faudrait pas non plus essayer de minimiser le problème au risque d’être rapidement débordé et même dépassé par la situation, en cas de multiplication soudaine et accélérée des cas. C’est pourquoi il est capital que le gouvernement et les autorités sanitaires maintiennent une communication continue sur le sujet. D’abord, en insistant, auprès des citoyens, sur les mesures de prévention et les bons réflexes à avoir pour éviter une propagation rapide de la maladie. Ces mesures préventives vont, entre autres, du lavage régulier des mains au savon à l’utilisation de solutions hydro-alcooliques pour les frictionner.

Il ne serait pas superflu d’envisager la possibilité de congés anticipés dans les établissements scolaires

Il est aussi recommandé, à défaut d’un mouchoir, de se couvrir la bouche et le nez avec le pli du coude avant de tousser ; éviter les contacts rapprochés avec les personnes présentant une toux et un rhume ; éviter le contact avec les animaux et la consommation de produits d’origine animale mal cuits ; éviter de cracher par terre ; et en cas de fièvre, de toux et de difficultés respiratoires, se rendre immédiatement dans un centre de santé.  Ensuite, en plus de la mise sur pied d’une cellule de crise chargée du suivi de l’évolution de la maladie, il ne serait pas superflu, pour le gouvernement, d’envisager, dès à présent, la possibilité de congés anticipés dans les établissements scolaires, surtout en ce qui concerne les classes intermédiaires non concernées par les examens de fin de cycles. L’objectif étant de diminuer les lieux de regroupement ou de forte concentration de populations, qui sont autant de foyers potentiels de propagation du virus. Dans le même temps, des messages de sensibilisation pourraient être relayés dans les marchés et autres lieux de culte, à l’effet de freiner au maximum une éventuelle propagation du virus. Ce serait un moindre mal, face aux mesures autrement plus contraignantes de confinement de populations entières auxquelles sont aujourd’hui astreints certains pays.  Enfin, à défaut de pouvoir mettre systématiquement tous les voyageurs en quarantaine pour un temps d’observation, ou de procéder à la fermeture des frontières qui ne serait pas sans conséquences pour un pays enclavé comme le nôtre, l’on pourrait songer, si ce n’est déjà fait, à renforcer les dispositifs de contrôle et de détection à l’arrivée, surtout dans les aéroports qui reçoivent le plus de voyageurs lointains dont certains ne se plient pas toujours rigoureusement aux consignes de sécurité. C’est à ce prix et certainement à bien d’autres que l’on pourrait se prémunir contre la propagation d’un mal auquel nous n’avons visiblement pas les moyens de faire face, si l’incivisme désormais légendaire et peu flatteur des Burkinabè ne vient pas en rajouter à la complexité d’une équation déjà bien difficile à résoudre pour les autorités.

« Le Pays »


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