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CRISE SOUDANAISE


La marche du « million » organisée, hier, 30 juin 2019, par l’Association des professionnels soudanais (SPA), pour exiger du Conseil militaire de transition, le transfert du pouvoir aux civils, comme il fallait s’y attendre, a été réprimée. Même si cette répression n’est pas à comparer avec le carnage du 3 juin, il faut dire que cette nouvelle dispersion de foule traduit, si besoin en était encore, que la junte au pouvoir n’entend pas lâcher du lest de sitôt. Au stade actuel de la situation qui prévaut au Soudan, difficile de savoir si les deux protagonistes arriveront à accorder leurs violons étant donné que les protestataires ont haussé le ton en demandant, au cours de leur marche d’hier, la chute du Conseil militaire de transition. Ce qui ne va pas manquer de corser davantage le travail des médiateurs éthiopien et de l’Union africaine (UA).

Les contestataires n’ont pas d’autre choix que de maintenir la pression de la rue

Depuis qu’ils ont réussi à faire tomber Omar el-Béchir le 11 avril dernier, c’est peu de dire que les civils peinent à imposer leur volonté d’une cogestion de la transition avec moins d’hommes en kaki. Alors, exiger aujourd’hui de la junte, qu’elle débarrasse le plancher, risque d’être une gageurre quand on sait que si Béchir est tombé, c’est essentiellement avec la complicité des dirigeants de ce Conseil militaire. On peut d’autant plus l’affirmer qu’il est de notoriété publique que la hiérarchie militaire au pouvoir, bénéficie du soutien politique du président en exercice de l’Union africaine (UA), le Général Al Sissi, et du soutien financier des monarchies pétrolières du Golfe.  Tout compte fait, ce serait faire un mauvais procès aux leaders du mouvement de contestation, que de leur reprocher de radicaliser la lutte. C’est pourquoi, même si cette armée qui est prête à tuer pour conserver le pouvoir qu’elle a subtilisé au peuple au lendemain de la chute du dictateur Omar el- Béchir, ne le lâchera pas aussi facilement, les protestataires doivent davantage se battre pour obtenir une transition à forte coloration civile comme ils l’ont souhaité jusque-là. Et la meilleure alternative serait, pour eux, de se montrer plus réceptifs aux propositions de sortie de crise faites par les médiateurs. Cela dit, les contestataires n’ont pas d’autre choix que de maintenir la pression de la rue en ce sens que même après des décennies de règne d’un même régime répressif et dictatorial comme celui du Soudan il lui sera difficile de continuer à résister en se mettant à dos le peuple.

Drissa TRAORE


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