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Dr SIBRAOGO KIEMTORE, GYNECOLOGUE : « Les femmes qui utilisent les produits éclaircissants, sont souvent exposées à la mycose »


Elle est une infection du vagin, et est souvent très gênante et peut même être à l’origine de graves infections chez la femme. Cependant, elle ne favorise pas la survenue d’un cancer comme certaines infections ni la stérilité chez la femme. Elle, c’est la mycose génitale dont l’agent causal le plus fréquent est le candida albicans. Dans cet entretien réalisé avec le gynécologue du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, Dr Sibraogo Kiemtoré, celui-ci nous situe sur les causes et les conséquences et donne le profil des femmes qui sont le plus exposées à cette maladie. Lisez plutôt !

 

« Le Pays » : Comment peut-ont définir la mycose vaginale ?

 

Dr Sibraogo Kiemtoré : La mycose vaginale est une infection du vagin par des micro-organismes appelés champignons. C’est une maladie très répandue et très gênante mais pas grave car elle n’entraîne pas de cancer et ne rend pas stérile comme certaines infections génitales. Cependant, elle peut favoriser la transmission de graves infections sexuellement transmissibles en fragilisant la muqueuse vaginale.

 

Quelles sont les causes de la mycose vaginale ?

 

Le champignon le plus fréquemment responsable de la mycose vaginale est le candida albicans. Il est responsable de près de 80% des mycoses vaginales. Dans une faible proportion de cas, l’infection est due à d’autres espèces de candida.

Quelles sont les femmes qui sont le plus exposées à la mycose vaginale ?

 

Le candida albicans existe à l’état naturel chez presque toutes les femmes. C’est quand il se multiplie de façon exagérée qu’il provoque la maladie. Certaines conditions favorisent  sa multiplication, notamment l’excès de certaines hormones de la femme, surtout les oestrogènes, l’excès de sucre dans l’organisme, la baisse de l’immunité et la destruction de certains micro-organismes protecteurs du vagin appelés lactobacilles. De ce fait, les femmes qui sont plus à risque d’avoir une mycose vaginale sont :

– les femmes enceintes du fait de l’abondance des œstrogènes et de la baisse relative naturelle de l’immunité ;

 – les femmes diabétiques car les champignons ont besoin du sucre pour se développer et se multiplier :

– les femmes atteintes du Sida ;

– les femmes faisant des toilettes intimes surtout si l’utilisation d’antiseptiques est exagérée. Les antiseptiques détruisent les lactobacilles protecteurs ;

– les femmes qui utilisent des produits éclaircissants qui contiennent souvent des corticoïdes. En effet, les corticoïdes entraînent une baisse de l’immunité ;

– les femmes qui utilisent aussi les sous-vêtements serrés ;

–  et les femmes qui sont sous traitements antibiotiques.

La mycose génitale est-elle une maladie contagieuse ?

 

Contrairement à une idée répandue, la mycose vaginale n’est pas contagieuse. Aussi, elle est rarement sexuellement transmise. En effet, le candida est naturellement présent dans le vagin à l’état quiescent. C’est sous l’effet des facteurs ci-dessus mentionnés qu’il se met à se multiplier et à provoquer la maladie.

La mycose vaginale est-elle guérissable ?

 

Il existe des traitements efficaces de la mycose vaginale. Cependant, la récidive est fréquente si les facteurs favorisant sa survenue demeurent.

 

Quels sont les symptômes de la mycose ?

 

Le symptôme le plus fréquent est le prurit (c’est-à-dire des démangeaisons) vaginal qui est très gênant. Le prurit peut intéresser la vulve, voire les plis inguinaux car souvent, simultanément touchés par l’infection.

L’autre symptôme majeur est la leucorrhée communément appelée « pertes vaginales ». Dans la candidose vaginale, cette leucorrhée est sans odeur forte, épaisse, blanchâtre, ressemblant à du lait caillé. Les autres symptômes sont la dyspareunie, c’est-à-dire la douleur lors des rapports sexuels, et parfois, la douleur lors de l’émission des urines.

 

Comment la soigne-t-on ?

 

Il faut d’abord consulter et éviter l’automédication. Pour soigner la mycose vaginale, le médecin ou la sage-femme prescrira des médicaments appelés antifongiques. Ils seront souvent prescrits sous la forme d’ovules (à introduire dans le vagin). Dans les cas où s’associe une mycose vulvaire, il sera prescrit, en plus des antifongiques, une crème. Il arrive aussi que ces antifongiques soient prescrits sous la forme gélule ou comprimé à avaler.Pour mieux identifier un antifongique efficace à prescrire, le soignant peut procéder à un prélèvement vaginal pour une analyse au laboratoire. Il peut arriver aussi que le soignant prescrive un antifongique à avaler périodiquement pendant des mois chez les femmes qui ont des mycoses vaginales à répétition. Le traitement du (des) partenaire(s) sexuel(s) est rarement nécessaire. Il arrive qu’on prescrive des médicaments contenant des lactobacilles sous forme d’ovule pour rééquilibrer la flore vaginale détruite par les mauvaises toilettes intimes.

 

Quelles sont ses complications ?

 

La mycose vaginale est très gênante mais n’a pas de graves complications. Cependant, une mycose très étendue intéressant plusieurs organes à la fois, voire généralisée, peut se rencontrer chez les personnes très affaiblies sur le plan immunitaire comme dans le cas du Sida avancé.

 

Comment évite-t-on cette pathologie ?

 

La meilleure façon d’éviter la mycose vaginale est d’éviter les facteurs favorisants énumérés plus haut.

Interview réalisée par Valérie TIANHOUN

 

 


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