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HAUT CONSEIL POUR LA RECONCILIATION ET L’UNITE NATIONALE : Session délocalisée pour « une réconciliation inclusive et participative » à Bobo-Dioulasso


Le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) organise du 14 au 23 décembre 2016 à Bobo-Dioulasso sa troisième session sur le thème : « Quel modèle pour une réconciliation participative et inclusive » ? L’ouverture de la session a eu lieu dans la matinée du 14 décembre au Centre Muraz de Bobo-Dioulasso en présence des autorités administratives, coutumières et religieuses. La session délocalisée a été précédée de plusieurs visites de la délégation du HCRUN aux autorités politiques, administratives, religieuses et coutumières, dans la journée du 13 décembre 2016.

 

La session délocalisée du HCRUN s’inscrit dans « la précaution et le discernement qui doivent nous guider dans le traitement des dossiers », dans « le nécessaire besoin de visibilité de l’institution  et de lisibilité de ses actions aux plans régional et national », selon les mots de son président, Benoît Kambou. « Cette session délocalisée participe, entre autres, d’une meilleure visibilité de l’institution et d’une bonne perception de sa vision », a-t-il indiqué. Cette vision du HCRUN est de « vivre ensemble dans la vérité, la justice au sein d’une nation réconciliée avec elle-même ». A l’entendre, la mission née de cette vision  engage l’institution « à trouver les voies pacifiques  devant permettre au Burkina Faso de ne plus traîner, comme un boulet au pied, ni les rancœurs trop longtemps enfouies, ni les crimes économiques et de sang trop longtemps relégués aux oubliettes ». Convaincu que la concorde nationale ne s’obtient qu’au moyen d’une réconciliation sincère et précède l’unité nationale, Benoît Kambou a souligné que le HCRUN « va, dans une approche holistique, intégrer et capitaliser les richesses liées aux mœurs, aux coutumes et aux croyances en usage dans nos terroirs ainsi que celles  prônées par les religions pratiquées par les Burkinabè ». Dans ce sens, la délégation du HCRUN a, tour à tour, rencontré le gouverneur de la region des Hauts Bassins, les autorités coutumières (le chef de canton, le chef de Dagasso et le chef Dioula), les responsables de la communauté musulmane, des protestants ainsi que l’Archevêque de Bobo- Dioulasso, avec lesquels elle a eu des échanges. Le président de la communauté musulmane de Bobo, Mahama Sanou, a salué l’initiative du HCRUN de venir partager sa vision et sa mission avec les musulmans. Rappelant la nécessité du pardon et de la tolérance à Benoît Kambou et sa suite, Mahama Sanou les a rassurés de la disponibilité des musulmans à les accompagner dans leur mission. « Les membres du HCRUN sont des missionnaires, nous devons les accompagner par nos prières et nos actions », a-t-il laissé entendre. Un des éducateurs musulmans, imam Ahmed Sawadogo a indiqué que « sans bonne volonté, rien ne va changer », avant de notifier à la délégation du HCRUN quelques problèmes auxquels les musulmans font face, notamment le port du voile islamique par les filles musulmanes que certains établissements scolaires refusent, selon ses mots. Face aux actes de violence et d’intolérance dans la cité, un des responsables musulmans a ajouté qu’il faut éduquer les enfants à comprendre la nécessité d’aller devant la justice au lieu de se rendre justice. Monseigneur Paul Ouédraogo, qui a reçu la visite de la délégation du HCRUN à « Lafiaso »,  est « un géniteur du HCRUN » selon les mots de Benoît Kambou. Sans doute, parce qu’il a dirigé la Commission de réconciliation nationale et des réformes, l’homme connaît bien le dur labeur qui attend Benoît Kambou et ses collaborateurs. « C’est le rapport de la Commission nationale de réconciliation et des réformes qui a demandé la création du HCRUN », a rappelé  Mgr Paul Ouédraogo qui a apprécié à sa juste valeur la visite de courtoisie de la délégation du HCRUN. « Les gens ont besoin de réconciliation ; sans réconciliation, on ne peut aller nulle part », a-t-il dit, avant d’ajouter que certains ont posé des conditions pour embarquer dans le train de la réconciliation nationale. Le HCRUN bénéficie, selon Mgr Paul Ouédraogo de la « légitimité populaire » et est, à ses yeux, l’institution qui peut interpeller les 3 pouvoirs, à savoir l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Pour lui,  « nous devons nous donner les mains afin d’affiner ses moyens d’intervention » pour que l’espoir suscité par la transition ne s’estompe pas. Les Burkinabè qui ne savent plus de quel côté se tourner doivent venir se confier au HCRUN, selon lui.  Et d’ajouter : « nous devons nous organiser pour que la réconciliation dont nous avons tous besoin soit une réalité ». Faisant allusion aux récents évènements survenus à l’arrondissement 8 de Ouaga, Mgr Paul Ouédraogo n’a pu s’empêcher de dire ceci : « c’est terrible, la dose de violence dont on est capable dans notre pays ». « On a le sentiment qu’en matière de démocratie, nous avons reculé », a-t-il déploré, précisant qu’il porte dans sa prière le HCRUN et s’est dit prêt à l’aider s’il le faut.

 

Des thématiques d’intérêt certain en débat

 

Benoît Kambou a fait savoir que les travaux de la session délocalisée permettront   de dépouiller les dossiers en cours, l’identification des acteurs du processus, leur rôle et les modalités de leur collaboration, et de faire le lien entre la justice transitionnelle, et la justice classique dans le contexte de la réconciliation. Entre autres thématiques qui seront traitées, on a « confidentialité et sécurité informatique », « réconciliation et unité  nationale »,  « enjeux et portée des réparations dans un processus  de justice transitionnelle », etc. Des thématiques dont le traitement concourt à la recherche de la paix. Aussi a-t-il rappelé en conclusion, que la session délocalisée est « un appel à l’esprit de chaque femme et de chaque homme, quel que soit son milieu, à se tourner vers la conscience du vrai, du juste, du désintéressé, vers les valeurs communautaires et sociétales…, vers la paix de l’homme avec lui-même et sa société ». Et pour le HCRUN, la présence des autorités admnistratives, coutumières et religieuses à l’ouverture de la session est un témoignage éloquent de l’intérêt qu’elles portent à l’institution.

 

Lonsani SANOGO

 

 


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