HomeEchos des provincesINHUMATION DE SALIFOU DIALLO : Tout le Burkina était à Ouahigouya

INHUMATION DE SALIFOU DIALLO : Tout le Burkina était à Ouahigouya


La province du Yatenga vient de porter en terre l’un de ses dignes fils, en l’occurrence Salifou Diallo, précédemment président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, décédé le 19 août 2017 en France et dont la dépouille mortelle a été transférée le 24 août dernier à Ouahigouya, ville qui l’a vu naître en 1957. C’était en présence de sa famille, de parents et des plus hautes autorités du pays, notamment le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré et son épouse, avec à leurs côtés le couple présidentiel nigérien. De nombreux amis, collègues, connaissances et sympathisants du défunt, étaient également présents. Recueillement, prières, témoignages dans une ambiance de vives émotions et hommages à l’illustre disparu sont les quelque temps forts qui ont marqué les obsèques funéraires.

Plus jamais il ne répondra présent à l’invocation de son nom à l’Assemblée nationale du Burkina Faso dont il était le président. Le Dr Salifou Diallo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, décédé brutalement le 19 août dernier à Paris en France, a été porté en terre par les siens le vendredi 25 août dernier à sa résidence de Ouahigouya, sise au secteur 10 de cette ville qui l’a vu naître le 9 mai 1957. C’était en présence des autorités au plus haut sommet de l’Etat burkinabè, notamment le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, et son épouse, qui avaient à leurs côtés le président nigérien, Mahamadou Issoufou et son épouse, mais également de nombreux amis, collègues, connaissances et sympathisants du défunt, venus de l’intérieur comme de l’extérieur de notre pays.
La dépouille mortelle de l’illustre disparu, arrivée la veille, le 24 août en fin de soirée, a été accueillie à Somiaga, village situé à 7 km de Ouahigouya et point de ralliement des Ouahigouyalais.
Prévu pour 17h, c’est finalement à 19h que le cortège a franchi le point de ralliement, sous le regard d’une foule fortement mobilisée et composée de jeunes en uniformes estampillées à l’effigie du défunt, de personnes âgées, d’enfants, d’autorités coutumières, politiques et administratives. Les troupes Naaba Yadéga et Kisto Koinbré ont tenu la population en haleine durant les 3 heures d’attente du cortège. Salam Ouédraogo, conseiller du village de Somiaga que notre équipe a trouvé sur place, a marqué son approbation sur le choix de son village comme point de ralliement. Une fois à Ouahigouya, le cortège a fait le tour de quelques grands axes de la ville avant de se rendre à la résidence du défunt aux environs de 20h 30mn, où la dépouille a été déposée.
Les derniers hommages publics des populations de la région du Nord à leur digne fils lui ont été rendus lors de la cérémonie funéraire organisée à la Place de la Nation de Ouahigouya où sa dépouille a été exposée à partir de 7h 30mn, le vendredi 25 août. Pour la circonstance, ladite Place a fait son plein de monde, car personne n’a voulu se faire conter ce triste événement. Intrépide combattant pour la démocratie et le développement de son Faso natal comme l’ont relevé la quasi-totalité des intervenants lors de la cérémonie à lui dédiée, Dr Salifou Diallo, également président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), parti au pouvoir qu’il a créé avec ses camarades en 2014, quitte donc à jamais le navire battant pavillon Burkina, à un moment où la Nation, face aux défis multiples auxquelles elle est confrontée, a encore besoin de ses compétences et de ses loyaux services. Le sort en a décidé autrement et cette disparition vient comme pour rappeler cette maxime bien connue selon laquelle, « L’homme propose, Dieu dispose ».
Le discours d’hommage de la Nation à l’homme que nombre de personnes pleurent aujourd’hui, a été prononcé par le Premier ministre Paul Kaba Thiéba. Au cours de son allocution, il a relevé les hauts faits de l’illustre disparu, notamment ses nombreuses œuvres réalisées dans les secteurs de l’agriculture, de l’hydraulique et des ressources halieutiques, de l’élevage, du secteur économique, de l’autonomisation de la femme et de la jeunesse, pour ne citer que ceux-là. « Il était un modèle de patriote tant son amour et son combat pour le développement de son pays étaient inégalables », dira le Premier ministre. Et d’ajouter qu’ « il nous quitte au moment où de vastes chantiers de développement s’ouvrent pour notre pays, des chantiers dont son expérience et sa clairvoyance auraient contribuées à une mise en œuvre diligente ». Pour conclure, il dira ceci : « La nation entière salue ton courage, ta grande vision, l’immensité de tes œuvres, te traduit toute sa reconnaissance et souhaite que la terre libre du Burkina Faso te soit légère ». Avant Paul Kaba Thiéba, les représentants du roi du Yatenga, de la famille, des différentes confessions religieuses, de ses collègues et amis, des femmes ainsi que les porte-paroles des délégations présentes à Ouahigouya pour la circonstance, ont unanimement reconnu le courage et la combativité du Dr Diallo, non sans manquer de relever son sens de solidarité et le caractère humaniste qu’il incarnait. Le seul fait qui a pu provoquer un sourire au sein de l’assistance pendant cette grande cérémonie funéraire, est venu de la mise en scène des Gourmantchés, Samos et Bissas, parents à plaisanterie des Yadcés. A l’intention de ceux-ci, ils déclarèrent que le sable qui ne ment jamais, a révélé que Salifou Diallo qui n’est autre que le fils du roi du Gulmu que les Yadcés ont volé, n’est pas mort. Aussi ont-ils été envoyés par Sa Majesté Kupendieli, roi du Gulmu, pour récupérer leur fils qui se réveillera le lendemain matin à Fada. Et d’ajouter qu’après Salifou Diallo, le suivant sur la liste est déjà connu, mais qu’ils se gardent de dévoiler publiquement son nom.
Des moments d’intenses émotions de tristesse à ces obsèques, il fallait s’y attendre. Et les plus difficiles ont été ceux vécus pendant l’oraison funèbre à la résidence du défunt, où sa famille, ses amis notamment de l’Internationale socialiste, l’USO, le MPP et de l’Assemblée nationale, ont tous regretté la disparition brutale de cet homme qui constituait pour eux tout un symbole, un espoir, une source de vie, tant les projets en voie avec lui étaient nombreux. Mais hélas, dira Me Bénéwendé Stanislas Sankara, 1er vice-président de l’Assemblée nationale, qui a perdu ses mots dans un sanglot lors de son intervention. C’est d’ailleurs les larmes aux yeux et la gorge nouée, qu’il a pu dire « Adieu ! » à son président. Cette forte émotion de tristesse était également perceptible chez le ministre d’Etat en charge de la sécurité, Simon Compaoré. ‘‘Koro’’ Simon, synonyme de ‘‘mon aîné’’ Simon en langue nationale dioula, comme l’appelait affectueusement le défunt selon son propre témoignage, qui eut de la peine à achever son mot d’adieu à son compagnon de lutte. Il s’est même retrouvé entre les mains de bien des proches, obligés de le mettre à l’écart pour éviter qu’il ne sombre sous l’effet de l’atmosphère devenue insoutenable.
Notons qu’avant son inhumation peu avant 15h, la dépouille de Salifou Diallo a eu droit à des honneurs militaires à travers une parade, avant d’être conduite à la grande mosquée de Ouahigouya où le Grand Imam de la ville, El hadj Hamidou Traoré et ses fidèles, ont imploré le bon Dieu afin qu’il accepte et veille sur le repos éternel de leur fils dans le royaume céleste. Ils ont également prié pour sa femme, ses enfants, bref pour toute sa famille, afin que le Tout-Puissant leur donne le courage de surmonter ces temps de douleur. Car, dira le Grand Imam, « la mort est un passage obligatoire pour tous les hommes. Et le mieux qui nous reste à faire en de pareilles circonstances, c’est de prier pour nos devanciers en attendant notre propre tour ». La veillée de prière organisée dans la nuit du 24 au 25 août 2017 au domicile du défunt avec l’ensemble des Corps constitués de la région du Nord et les invités, en est une illustration.
Rappelons également qu’après la cérémonie d’hommage à la Place de la Nation, les deux chefs d’Etat sont allés rendre visite à la mère du défunt, à son domicile. A leur sortie, voici en substance ce que Roch Marc Christian Kaboré a laissé entendre : « En ce moment où on prépare l’inhumation de Son Excellence Salifou Diallo, les mots qui me viennent à cœur sont des mots d’encouragement et de soutien vis-à-vis de la famille, parce qu’elle en a besoin. Cette disparition brutale a surpris plus d’une personne. La présence de la population de Ouahigouya, de Ouagadougou et celle d’ailleurs est un vrai réconfort pour la famille et pour le Burkina Faso. Nous ne pouvons rien contre la mort. C’est une triste réalité. Mais nous devons surpasser cet événement pour regarder vers l’avenir. Ce qui est important serait que le travail et l’engagement de nos devanciers puissent perdurer. Je souhaite beaucoup de courage à toute la famille, surtout à ses enfants, sa femme et sa mère éprouvés. Nous sommes en Afrique, et tout parent souhaiterait devancer ses enfants. Mais c’est Dieu qui décide et ce qu’il fait est bon ».
Le Président nigérien qui s’est également prêté aux questions des journalistes, s’est exprimé en ces termes : « Je suis ici à Ouahigouya aux côtés de mon frère Roch Marc Christian Kaboré, pour marquer notre solidarité avec la famille d’un ami, d’un camarade. Je ne suis pas à ma première visite à Ouahigouya. C’est peut-être la 3e ou la 4e fois. Cela montre que les relations entre le défunt et moi, sont des relations très anciennes. Sa famille est ma famille et puisqu’elle est éprouvée aujourd’hui, elle a besoin de notre soutien. C’est ce témoignage de solidarité que nous sommes venus apporter. Une fois de plus, nous souhaitons que Salifou qui nous a devancés, repose en paix ».
A 60 ans, l’illustre disparu laisse derrière lui une femme et trois enfants, une mère âgée de 82 ans, mais également avec eux, des parents, amis et collaborateurs dans une profonde douleur, sans oublier la Nation entière pour laquelle il s’est battu durant sa vie. Que son âme repose en paix.

Mathias MILLOGO et Mahamoudou ZONGO

 


Comments
  • Quand des personnalités fondent en larmes à Ouahigouya , d’autres qui doivent pourtant leur poste de ministre à Salif Diallo ont royalement ignoré le respect du aux morts . Ainsi ,il se raconte que le ministre de la santé Nicolas MeDA n’aurait pas enlevé son chapeau au palais des sports au moment de se prosterner devant la dépouille de l’illustre disparu . C’est quand même grave cette négligence ou cette omission de la part de quelqu’un qui doit sa promotion de ministre à Salif Diallo

    28 août 2017

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