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L’UA FACE AUX CONFLITS ARMES EN AFRIQUE


Le 9 février 2020, l’Afrique s’est retrouvée à Addis-Abeba, en Ethiopie, dans le cadre du 33e sommet de l’Union africaine (UA). Trente-six (36) chefs d’Etat et plusieurs chefs de gouvernements ont honoré de leur présence la cérémonie d’inauguration de ce grand rendez-vous panafricain. A cette occasion, l’on a enregistré la passation effective de charges entre l’Egyptien Abdel Fatah al-Sissi et le Sud-africain Cyril Ramaphosa. Ce dernier a donc pris officiellement la présidence tournante de l’UA pour un an. L’une des spécificités de ce sommet est qu’il a été essentiellement consacré à des questions de sécurité et de paix. Et pour cause : le continent est aujourd’hui en proie à pas moins d’une vingtaine de conflits armés, à en croire le Peace Research Institute d’Olso (PRIO). L’heure est donc grave puisque ça crépite un peu partout en Afrique. C’est pourquoi l’on peut déjà rentre hommage à l’UA d’avoir orienté ses efforts lors de ce 33e sommet, pour « faire taire les armes ». Et au nombre des incendies qui sont en train de consumer l’Afrique, l’on peut retenir les attaques meurtrières des groupes terroristes au Sahel et la crise libyenne.

Roch et IBK invitent l’Afrique à aller au-delà des discours de compassion

Sur la question de l’insécurité liée au terrorisme au Sahel, l’on a assisté à un cri de détresse lancé par le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré et le Malien Ibrahim Boubakar Kéïta. Ces derniers ont notamment pointé du doigt le manque de solidarité du continent dans la difficile épreuve que traversent les populations du Sahel. De ce fait, ils invitent l’Afrique à aller au-delà des discours de compassion pour véritablement apporter une contribution concrète à la résolution de la question sécuritaire du Sahel. Dès lors, l’on peut se poser deux grandes questions. La première est de savoir si les cris de détresse du Burkinabè et du Malien seront entendus. La deuxième peut être formulée comme suit : Ramaphosa fera-t-il mieux que son prédécesseur face aux conflits armés en Afrique ? Relativement à la première question, l’on peut répondre par l’affirmative. En effet, sous le mandat de l’Egyptien Abdel Fatah al-Sissi, l’on avait l’impression que ce dernier ne s’est pas vraiment préoccupé de la question de sécurité au Sahel. Et pour cause, la problématique est loin de ses centres d’intérêt. Ce qui le faisait plutôt courir, était, d’une part, la crise libyenne et d’autre part, la crise entre l’Arabie Saoudite, chef de file du sunnisme et l’Iran, porte-flambeau du chiisme. Résultat, la crise au Sahel était pour lui une question subsidiaire. En tout cas, sous son mandat, l’homme n’a pas daigné, ne serait-ce que pour le symbole, visité le Sahel africain. C’est la preuve, parmi tant d’autres, que la question lui importait peu. Avec l’avènement de Ramaphosa, les choses pourraient bouger. En tout cas, tout porte à croire que le Sud-africain fera la différence. En effet, la longue lutte à laquelle l’Afrique du Sud s’est livrée pour arracher sa liberté a fait d’elle un pays qui tient à avoir son mot à dire dans la résolution des crises qui déchirent l’Afrique. Et le plus souvent, le pays de Nelson Mandela a horreur de l’ingérence de l’Occident dans les conflits qui minent le continent.

Avec Ramaphosa, on a des raisons de croire que les lignes vont bouger

C’est cette posture de défenseur de l’idée qui veut que les problèmes africains soient résolus par les Africains d’abord, qui avait conduit l’Afrique du Sud, en son temps, à condamner fermement l’intervention de la France et de la Grande-Bretagne en Libye à l’effet de faire chuter Kadhafi. La voix de l’Afrique du Sud n’avait pas été entendue. La suite, on la connaît. L’Afrique du Sud donc n’est pas un pays quelconque d’Afrique. Elle exprime tout haut ce que bien des pays africains pensent tout bas. De ce point de vue, la probabilité est forte qu’elle place son mandat d’un an à la tête de l’UA sous le signe de la résolution des conflits du continent par les Africains eux-mêmes et de préférence en Afrique. Déjà, ce paradigme politique est en marche. Il est prévu, en effet, en mai prochain, à Pretoria, l’organisation d’un sommet extraordinaire dédié à la lutte contre le terrorisme au Sahel. Et c’est Ramaphosa himself qui en a eu l’initiative. Et ce n’est pas tout. En effet, relativement à la résolution de la crise libyenne, l’UA, battant pavillon Afrique du Sud, envisage l’organisation d’un forum de réconciliation. Seront concernés par ce grand rendez-vous inter-libyen, non seulement les actuels belligérants, mais aussi les partisans de l’ancien régime, les tribus et la société civile. Avec Ramaphosa, on a des raisons de croire que les lignes vont bouger dans le bon sens aussi au Soudan du Sud. Car l’homme est écouté par les belligérants de la crise qui sévit dans ce pays. Et il ne faut pas oublier non plus que l’Afrique du Sud est un candidat sérieux pour être un membre permanent du Conseil de sécurité au titre de l’Afrique. De ce point de vue, elle pourrait mettre à profit son passage à la tête de l’UA, pour montrer qu’elle en a le profil. Et cela passe par sa capacité à résoudre les conflits qui déchirent le continent.

« Le Pays »


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