HomeA la uneMANIFS CONTRE LE PRESIDENT LIBERIEN:L’arène politique, un terrain très glissant pour le Ballon d’or africain

MANIFS CONTRE LE PRESIDENT LIBERIEN:L’arène politique, un terrain très glissant pour le Ballon d’or africain


Le 26 décembre 1995, le Libérien Georges Manneh Oppong Weah devenait le premier joueur africain vainqueur du Ballon d’or, la plus prestigieuse distinction honorifique individuelle de football du non moins célèbre magazine sportif français, France Football. Jusque-là réservé aux joueurs européens évoluant sur le Vieux continent,  le trophée fut ouvert cette année-là au monde entier et le Libérien fut le premier joueur non-européen à être distingué. C’est dire tout le talent dont avait fait montre l’ex-attaquant du Paris Saint Germain et du Milan AC, qui, à 29 ans, devenait le 40e  Ballon d’or de l’Histoire de ce prestigieux trophée créé en 1956.  Une reconnaissance mondiale renforcée par d’autres titres individuels glanés dans la foulée, comme ceux de Ballon d’or africain, joueur africain de l’année de la CAF (Confédération africaine de football), meilleur joueur d’Europe et joueur FIFA de l’année. C’est dire si l’enfant de Monrovia avait réussi son challenge, en devenant incontestablement LE  joueur de l’année 1995.

La pression se fait de plus en sentir sur le président Weah

Deux décennies et demie plus tard, c’est sur un tout autre terrain que le natif de Clara Town qui s’est découvert entre-temps d’autres ambitions, est en train de s’exercer. Mais en descendant dans l’arène politique et en réussissant à accéder à la magistrature suprême de son pays en décembre 2017, le seul et unique Ballon d’or africain de l’histoire,  était sans doute loin de s’imaginer qu’il s’aventurait sur un terrain autrement plus glissant qu’une pelouse de football. En tout cas, c’est ce que l’on est porté à croire avec l’enchaînement des manifestations dans son pays, deux ans seulement après son accession à la tête de l’Etat libérien. C’est ainsi qu’hier, 6 décembre 2020, le Conseil des patriotes, une coalition d’organisations de la société civile, avait appelé à une manifestation pour exiger la démission du chef de l’Etat. Une fronde qui trouve son explication dans la grave crise économique que traverse le pays, et à laquelle ses contempteurs l’accusent d’être incapable de trouver une solution.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la pression se fait de plus en sentir sur le président Weah. Et c’est peu de dire que l’ex-star du football reconvertie en dirigeant politique, est en train d’apprendre plutôt à ses dépens que le football n’est pas la politique où tous les tacles semblent permis,  une discipline où la règle d’or semble beaucoup plus répondre à l’adage selon lequel la fin justifie les moyens.  Autrement, comment comprendre cette volonté de braver l’interdit pour battre le macadam, malgré les mesures prises par les autorités et qui courait jusqu’à la fin du mois de janvier, et les appels à la retenue lancés par des institutions internationales comme la CEDEAO et les Nations unies qui ont jusque- là usé de leur influence pour tempérer les ardeurs des manifestants ? Si ce n’est pas une volonté d’aller au clash ou de pousser le pouvoir à l’erreur, cela y ressemble fort. Mais il faut savoir raison garder pour éviter le retour des vieux démons, dans un pays qui sort à peine de deux ans d’épidémie Ebola au lendemain de deux guerres civiles dont les plaies sont loin d’être totalement cicatrisées.

On se demande jusqu’où les mouvements de contestation conduiront le Liberia

Car, ce n’est pas en deux ans que les choses peuvent fondamentalement changer, comme par un coup de baguette magique.  D’autant que des efforts et pas des moindres ont été faits, notamment en termes de réalisation d’infrastructures, de gratuité de l’université, entre autres.   Cela ne saurait dédouaner le régime de « Mister Georges » qui doit répondre de ses promesses électorales et surtout faire beaucoup plus preuve d’engagement dans la lutte contre la corruption, les trafics d’influences et le favoritisme dans l’attribution des marchés publics qui, à en croire ses contempteurs, sont le Talon d’Achille de son régime. En cela, l’on ne peut pas dire qu’il est aidé par des institutions internationales comme le Fonds monétaire international (FMI) qui a non seulement fait état de ses « préoccupations concernant la gouvernance et la corruption » mais dont les chiffres font aussi ressortir une baisse de la croissance de 2,5% en 2017, à 0,4% deux ans plus tard.

En tout état de cause, au moment où la tension sociopolitique est en train de monter à Monrovia, l’on se demande jusqu’où ces mouvements de contestation conduiront le Liberia. Et si l’on peut douter que la démission du chef de l’Etat soit la solution, il reste que ces manifestations ne demeurent pas moins une interpellation pour le président libérien, à redresser la barre et à travailler davantage dans le sens des aspirations de son peuple qui n’attend que la matérialisation des promesses de campagne.  Surtout que son prédécesseur, Dame Hélène Jonhson Sirleaf, a su placer la barre haut, au sortir de ses deux mandats. Il est donc temps, pour Georges Weah, d’envoyer des signaux forts de sa volonté de répondre à la soif de changement de ses compatriotes.

« Le Pays »

 


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