HomeA la uneMASSACRE DES FEMMES D’ABOBO: Le procès des tenants du bissap*

MASSACRE DES FEMMES D’ABOBO: Le procès des tenants du bissap*


Après le procès de Simone Gbagbo et 82 autres coaccusés pro-Gbagbo, et l’ouverture du procès des assassins présumés de Robert Guéi, c’est autour de l’affaire du massacre des femmes d’Abobo de passer devant la justice ivoirienne.

L’on se rappelle que le 3 mars 2011, au plus fort de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire, des femmes de l’opposition avaient organisé une marche contre le président Laurent Gbagbo, dans les rues d’Abidjan. Cette manifestation qui avait lieu à Abobo, un quartier de la capitale économique ivoirienne considéré alors comme le fief d’Alassane Dramane Ouattara (ADO), fut réprimée dans le sang par les forces de défense et de sécurité (FDS), laissant sept victimes sur le carreau, selon la Mission des Nations unies dans ce pays. Ces meurtres avaient suscité beaucoup d’émotion et surtout l’indignation, d’autant plus que certains avaient poussé le cynisme jusqu’à affirmer qu’il n’y avait pas eu mort d’homme, mais que c’était plutôt du bissap* qui avait été répandu sur la chaussée pour faire croire que les FDS avaient versé le sang d’innocentes femmes, dans le but d’accabler Laurent Gbagbo. Cette tentative de travestir la réalité et de masquer la vérité avait été des plus choquantes. D’un certain point de vue, elle aura été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, entraînant la naissance du fameux commando invisible, justement dans ce quartier Abobo, pour arrêter les exactions des troupes loyalistes sur les populations de ces zones alors acquises à la cause d’ADO.

Trois ans après les faits, le commandant Dablé Gnahoua et sept autres soldats comparaissent depuis le 16 mars dernier devant le tribunal militaire d’Abidjan pour leur rôle présumé dans cette affaire macabre. Reconnaîtront-ils les faits ? Là est toute la question, surtout quand on sait que depuis l’ouverture des différents procès des pro-Gbagbo, ceux-ci ont invariablement fait dans la dénégation, en rejetant systématiquement toutes les accusations portées contre eux. Il ne serait donc pas étonnant que l’on assiste au même scénario, avec des morts sans coupables. Mais, l’on doute fort que la thèse du bissap puisse être soutenue, tant les faits sont  têtus. En effet, il est indéniable que des femmes ont bel et bien été froidement abattues par des soldats qui ont retourné leurs armes contre elles, alors qu’ils étaient pourtant censés les protéger. Compte tenu du contexte, il est clair que ces soldats défendaient le régime en place qui était aux abois et qui n’hésitait  pas à prendre des décisions extrêmes. Du reste, Laurent Gbgabo lui-même va devoir répondre de ces faits devant la Cour pénale internationale.

Il faut souhaiter que ce procès tire leçon des insuffisances des procès antérieurs pour rendre un verdict inattaquable

Mais en attendant, il était important pour les autorités ivoiriennes d’ouvrir ce dossier sur leur sol, au risque d’être accusées de continuer leur chasse aux sorcières des pro-Gbagbo. En tout état de cause, l’on a beau détester ADO, l’on ne voit pas comment il aurait pu faire tuer ses propres partisans qui, de surcroit, manifestaient contre son adversaire, à moins d’être particulièrement machiavélique.

Quoi qu’on en dise, ces procès ont le mérite d’exister et de se tenir, avec la possibilité, pour les prévenus, d’avoir droit à la parole pour se défendre. C’est déjà cela de gagné pour la Justice ivoirienne qui est consciente de l’importance de ses décisions sur la vie sociopolitique nationale, dans un contexte où la catharsis  tant serinée peinait à être une réalité. C’est pourquoi il faut souhaiter que ce procès tire leçon des insuffisances des procès antérieurs pour rendre un verdict inattaquable. Il y va de la crédibilité de la Justice ivoirienne et de celle des autorités actuelles. D’autant plus qu’il est difficile de passer ces meurtres par pertes et profits, même au nom de la réconciliation nationale. Il faut plutôt que justice soit rendue aux familles des victimes, pour espérer obtenir leur pardon. En cela, la procédure s’en trouverait facilitée si les prévenus venaient à plaider coupable, si tant est que la responsabilité de ces morts leur incombe  effectivement. Ce serait, du reste, un acte courageux et une première dans ces assises des crimes de la crise postélectorale. Cela permettrait d’évoluer rapidement dans le dossier  et éventuellement de remonter aux commanditaires. Car, il est difficile de croire que ces éléments aient agi de leur propre chef, en prenant la responsabilité de tirer sur des femmes aux mains nues, qui manifestaient pacifiquement. Mais avec la mauvaise foi, tout peut-être nié, et même des bourreaux peuvent se faire passer pour des victimes.    Quoi qu’il en soit, la justice ivoirienne devra, à l’issue de ce procès très attendu, permettre  de faire la lumière sur cette affaire et notamment de savoir qui a donné l’ordre de tirer sur ces femmes. En tout cas, c’est ce défi qui l’attend.

Outélé KEITA

*Bissap : jus de fleur d’oseille à couleur rouge sang


Comments
  • Cher Editeur de LE PAYS

    Je ne suis pas de la Cote d’Ivoire. Mais je suis choque par la version des faits concernant la fameuse tuerie des femmes dite d’opposition que vous attribuez aux partisans de Laurent Gbagbo. Cette version peut entamer la credibilite de votre journal que j’aime a lire regulierement.
    Au Congo-Brazzaville, le dictateur Su Nguesso engagea son coup d’état en tuant des paisibles citoyens a Owando, ville de son fief situe dans sa region natale au Nord Congo. Et les mercenaires tchadiens, centrafricains, marocains et les ex-Faz de Mobutu firent le boulot avant que les troupes angolaises vinrent bombarder les habitants de Brazzaville sud et toutes les regions du sud: Pool, Bouenza, Niari, Lekoumou et une partie de Pointe-Noire. A la fin de son coup d’état, Sou Nguesso ehontement declale president Lissouba comme un genocidaire a traduire a la CPI. Ses mentors francais l’en dissuaderent parce que cet avis fut sans fondement.

    Le coup d’état de M. Ouattara soutenu manifestement par la France et particulierement par Sarkozi ressemble etrangement pour beaucoup d’observateurs impartiaux au coup d’état de Sassou Nguesso., dictateur impenitent du Congo-Brazzaville. Dans ce pays, seuls les partisans du president Lissouba ont ete juges et condamnes, pendant que les veritables cfriminels des congolais courent encore dans les rues congolaises narguant les parents et familles des victimes. Aujourd’hui, avec beaucoup de compatriots, je me trouve en exil d’ou j’ai perdu mon deuxieme fils, age de 25 ans.
    Qui n’a pas vu les helicopters francais survoler le ciel d’abidjan au secours de l’assassin Ouattara? Qui n’a pas vu les vehicules de l’Onu circuler a Abidjan avec des mercenaires armes? Et le Commandant invisible, n’est-ce pas des decembre qu’il commenca ses crimes. Et la boucherie de Djouekoue? C’est encore Gbagbo?
    Je proteste contre votre esprit partisan fonde sans doute par le fait que Ouattara est d’origine Burkinabe.
    Au Congo-Brazzaville, le dictateur Sassou Nguesso est rattrape par tous ses mensonges criminels et il est contre le mur puisque le temps du bilan est arrive pour lui. L’histoire qui ne triche pas dressera egalement le process-verbal des crimes de Ouattara depuis Houphouet-Boigny. On peut tromper des lecteurs lointains, mais on ne peut pas tromper l’histoire et le temps car ce sont des temoins de Dieu. Je vous souhaite de bien faire votre métier. Avec honnetete et equite.
    Destin LAMBA HISSA.

    17 mars 2015
  • Merci Lamba Hissa, ce journal le Pays lorsqu’il s’agit d’un article sur la côte d’ivoire s’est toujours montré impartial, incapable de traité un sujet avec réalité sur Ouattara. le commando invisible a commencé à Abidjan depuis décembre 2010 et les la marche des femmes d’Abobo en mars 2011. ce n’est pas cette marche qui a entrainé le naissance du commando invisible. si vous n’avez rien à dire sur la côte d’ivoire s’il vous plait Monsieur OULETE KEITA arrêté d’écrire des contrevérités.

    17 mars 2015
  • Bien dit Mr LAMBA HISSA,
    qui à commencé la guerre en Côte d’Ivoire, c’est pas Ouattara ? mais pourkoi jugé la partie Bagbo seul? vous les journalistes, vous voyez bien la virité mais vous faites semblent, dans ces genres d’analyses vous soutenez les occidentaux à nous imposez nos dirigeant en commençant à nous divisé d’abord, le prémier assassin en Côte d’Ivoire qui doit être jugé c’est ADO, mais c’est Dieu qui est fort.
    Héé! pauvre Afrique.

    17 mars 2015

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