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MEDIATION DE LA CEDEAO SUR FOND D’ANNULATION DE LA MARCHE DU M5


Le M5-Rassemblement des Forces patriotiques avait appelé à une nouvelle journée de manifestation, la troisième du genre, depuis le début de la fronde anti-IBK. La journée d’aujourd’hui, vendredi 17 juillet, avait initialement été retenue par la coalition pour crier de nouveau sa colère contre Kankélétigui et réitérer sa volonté de le voir rendre le tablier. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce troisième round de l’affrontement M5/IBK, était redouté et ce d’autant plus que le round qui l’avait précédé, c’est-à-dire celui du 10 juillet dernier, avait laissé sur le carreau 11 macchabées attribués à tort ou à raison à la FORSAT (Force spéciale anti-terroriste). Fort heureusement, ce troisième face-à-face tant redouté a été annulé à la dernière minute par les leaders de la contestation. Et ils étaient certainement nombreux, les Maliens et les Maliennes à pouffer un grand ouf de soulagement à l’annonce, peut-on dire, de la bonne nouvelle. En lieu et place, les responsables de la contestation appellent à une « journée de recueillement » et cela, dans les lieux de culte. Dans le même temps, ils appellent leurs partisans à se départir de tout acte de violences. Manifestement, les contestataires semblent s’inscrire dans la logique de l’apaisement, sans pour autant renoncer à leur « fatwa » d’écourter le séjour d’Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) au Palais de Koulouba. Et l’on peut noter que le moment choisi par les contestataires pour mettre un peu d’eau dans… leur thé intervient pendant que les missi dominici de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) sont à Bamako pour rapprocher les deux camps. Dès lors, l’on est fondé à se poser la question de savoir si ce fléchissement des camarades de l’Imam Dicko, n’est pas une conséquence de la médiation conduite par l’ancien président nigérian, Goodluck Jonathan. L’on peut prendre le risque de répondre par l’affirmative.

IBK et le Mali pourraient ne pas survivre à un affrontement de longue durée avec le M5

En effet, c’est la deuxième fois que la plus grande structure communautaire de l’Afrique de l’Ouest propose sa médiation aux protagonistes maliens. La première fois, elle avait été pratiquement éconduite par le M5. Certains contestataires extrémistes avaient alors jugé ses propositions de sortie de crise favorables au camp IBK. Cette fois-ci, l’on peut avoir l’impression que le M5 est revenu à de meilleurs sentiments. En tout cas, la probabilité que les Maliens fument enfin le calumet de la paix sous l’égide du bien- nommé Goodluck, est très forte. Car, aucune des deux parties ne peut raidir indéfiniment la nuque face à la CEDEAO. Le putschiste de Kati, le général Amadou Sanogo, l’a appris à ses dépens. Les membres qui animent aujourd’hui le M5 savent qu’il n’est pas dans leur intérêt d’engager un bras de fer avec la CEDEAO. L’annulation de la 3e marche anti-IBK que la coalition avait prévue pour se dérouler aujourd’hui, pourrait participer de son souci de ne pas se mettre à dos la puissante CEDEAO. IBK et son camp se disent favorables au dialogue. Et ils ont déjà posé des actes d’apaisement. L’on peut citer, entre autres, la libération des leaders du M5, la démission de Karim Kéita (fils du président), la dissolution de fait de la Cour constitutionnelle. Et IBK vient de signifier à la délégation de la CEDEAO qu’il « entendait dialoguer avec tout le monde ». En tout cas, de part et d’autre, l’heure doit être à l’apaisement. Toutefois, l’on peut se poser la question suivante : le calme observé, annonce-t-il la tempête ? Il revient aux deux camps de travailler à éviter la tempête au Mali. Car, un tel scénario apporterait le coup de grâce à ce pays rendu déjà vulnérable par les attaques terroristes récurrentes, les conflits intercommunautaires permanents et la mauvaise gouvernance. Le camp qui doit le plus faire des concessions à l’autre, est bien sûr celui d’IBK. Il en a déjà fait mais il peut encore faire mieux s’il aime véritablement le Mali. Il peut, par exemple, ravaler son orgueil en concédant au M5 la mise en place d’un gouvernement dont le Premier ministre sera issu de ses rangs. Si cela est concédé, la probabilité est grande que la tension sociopolitique, qui est aujourd’hui palpable au Mali et qui peut entraîner le pays dans un capharnaüm certain, connaisse un épilogue heureux. D’ailleurs, une telle concession de la part du pouvoir pourrait donner l’occasion aux Maliens de juger le M5 au pied du mur. Car, comme l’affirme le dicton, « l’art est difficile et la critique facile ». En tout cas, IBK ne mourra pas s’il se déleste d’une partie de son pouvoir au profit du M5. Par contre, et lui et le Mali pourraient ne pas survivre à un affrontement de longue durée avec le M5. Car, ce serait une guerre dans la guerre. Et c’est tout le rêve des terroristes.

Pousdem PICKOU


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