HomeOmbre et lumièrePERIODE DE CAMPAGNE ELECTORALE : Pain bénit pour les absentéistes

PERIODE DE CAMPAGNE ELECTORALE : Pain bénit pour les absentéistes


Le Burkina Faso vit aujourd’hui au rythme de la campagne électorale en vue du scrutin couplé du 29 novembre 2015 prochain. Pendant cette période, les agents publics de l’Etat peuvent disposer d’un congé exceptionnel non déductible de leur congé annuel pendant lequel ils sont déchargés de leurs obligations administratives pour se consacrer à leurs activités politiques. C’est un droit que la loi leur reconnaît. Mais pour en jouir, cela doit se faire selon les règles de l’art. Dans le cas d’espèce, le congé exceptionnel s’acquiert sur la base d’une demande à laquelle l’on joint une liste dûment certifiée par les formations politiques en lice dans laquelle les noms des fonctionnaires éligibles sont répertoriés. Si certains agents publics de l’Etat se plient à cette démarche pour jouir de ce droit, force est de reconnaître que d’autres se mettent en congé sans pour autant en remplir les conditions. Et c’est là que le bât blesse. Car, ce n’est ni plus ni moins qu’un abandon de poste. Chose qui est punie par les textes de la Fonction publique. Et ce sont les usagers de l’Administration qui en paient le prix fort, eux qui, de ce fait, sont privés de prestations auxquelles ils ont droit. Ces comportements qui heurtent les principes de déontologie et d’éthique de l’Administration publique sont en fait l’un des héritages de l’ère Compaoré. En effet, de par le passé, les autorisations de congé exceptionnel à l’effet de mener des activités politiques en période de campagne électorale, se faisaient dans bien des cas sur la base de copinage et d’affinités politiques. Il suffisait, en effet, de se réclamer de la formation politique, et ce verbalement, à laquelle appartenait le supérieur hiérarchique immédiat, pour bénéficier d’une sorte d’immunité en période de campagne électorale. Des fonctionnaires indélicats s’adonnaient sans retenue et sans scrupule à ce jeu. Ils le faisaient d’autant plus que certaines promotions professionnelles et certaines décorations s’opéraient à l’aune du degré de l’activisme politique déployé en période de campagne au profit du parti politique au pouvoir à l’époque qui, il faut le reconnaître, s’apparentait à un parti-Etat. Toutes ces pratiques étaient imputables à l’extrême politisation de l’Administration. Pour tirer profit d’une telle Administration, il fallait exceller dans l’art de la courtisanerie et de la délation.

L’on peut garder bon espoir que les autorités mettront un point d’honneur à ce que l’Administration ne soit pas paralysée

Aujourd’hui, à la faveur de la Transition politique en cours dans notre pays, ces pratiques ont peut-être baissé en intensité, mais elles n’ont pas disparu comme par enchantement. C’est pourquoi les autorités de la Transition doivent ouvrir l’œil et le bon en cette période de campagne électorale, pour traquer les fonctionnaires indélicats qui sont pointés aux abonnés absents à leur service, sous prétexte qu’ils sont en campagne électorale. En effet, cette période constitue du pain bénit pour les absentéistes impénitents. Certains même en profitent pour faire prospérer leurs activités lucratives. Toute chose que les textes de la Fonction publique condamnent. Il se pose alors l’impérieuse nécessité, en cette période où l’Etat semble en veilleuse, de procéder à des contrôles pour s’assurer de la présence effective des agents à leur poste de travail d’une part et d’autre part, pour vérifier que les agents qui sont en congé exceptionnel pour raison de campagne électorale, l’ont été conformément à la réglementation en vigueur. Et cette tâche incombe à la fois à l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE/LC) et aux inspections générales des services (IGS). Il revient en particulier à ces structures, parce que plus proches des agents, de se mettre en branle pour procéder à ce travail de contrôle. C’est à ce prix, entre autres, que la Transition apportera la preuve que son slogan selon lequel « rien ne sera plus comme avant » n’est pas dédié à la diversion publique. L’on peut garder bon espoir que les autorités mettront un point d’honneur à ce que l’Administration ne soit pas paralysée en cette période de campagne électorale du fait de certains agents publics qui pourraient en profiter, de manière irrégulière, pour déserter leur poste de travail. Déjà, l’on peut saluer leur volonté de traquer l’utilisation abusive des véhicules de l’Etat et les inviter à ne pas baisser la garde tout au long de la campagne électorale, pour la simple raison que les mauvaises pratiques ont la peau dure. Et comme le chien ne change jamais sa manière de s’asseoir même dans sa belle-famille, il n’est pas exclu que certains agents qui disposent de véhicules de service soient tentés de les utiliser à des fins de campagne électorale.

Sidzabda


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