HomeA la unePLAINTE EN FRANCE CONTRE GUILLAUME SORO POUR CRIME DE GUERRE ET ASSASSINAT

PLAINTE EN FRANCE CONTRE GUILLAUME SORO POUR CRIME DE GUERRE ET ASSASSINAT


L’étau se resserre davantage autour de l’ex-président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro. En effet, une plainte a été déposée hier, en France contre lui pour torture, assassinat et crime de guerre. Parmi les plaignants, figure la fille de l’ex-rebelle Ibrahim Coulibaly dit IB, qui a combattu au temps fort de la crise ivoirienne en 2010-2011 aux côtés de Soro. On se rappelle que l’assassinat de ce chef du commando invisible, avait plongé plus d’un Ivoirien dans la consternation et l’incompréhension, surtout lorsqu’une voix attribuée à l’ex-rebelle Soro affirmait haut et fort dans une bande sonore avoir envoyé ce compagnon d’arme, ad patres pour, disait-elle, écarter tout risque de putsch contre le nouveau régime ivoirien. Guillaume Soro serait-il rattrapé par son sombre passé ? Pourra-t-il continuer à bénéficier de la magnanimité des autorités françaises qui, jusque-là, lui assuraient qu’il ne serait pas extradé vers son pays ? Tant que les choses se limitaient entre Soro et Ouattara, Bogota pouvait boire tranquillement son petit lait. Maintenant qu’il s’agit d’une plainte pour crimes de sang, que fera l’Elysée? Va-t-il le mettre aux arrêts ou continuera-t-il à le protéger ? Une chose est certaine, cette plainte va, à n’en pas douter, troubler le sommeil de l’ex-rebelle. Et c’est peu dire que c’est un sale temps pour Soro. Il l’est d’autant plus qu’une semaine après sa condamnation à vingt ans de prison ferme, par le tribunal correctionnel d’Abidjan, c’est au tour de son parti d’avoir des comptes à rendre à la Justice. Et pour cause : des armes auraient été retrouvées dans la lagune de la station balnéaire d’Assinie, après avoir été entreposées au siège de Génération et peuples solidaires (GSP), le mouvement politique de l’ex-rebelle. « (…) Il a été également découvert, à ce siège, un lot de matériel militaire de communication ainsi que des documents qui ne laissent aucun doute sur les actions et les objectifs de ce mouvement politique. », s’est exprimé, le 5 mai dernier, le Procureur Richard Adou. Autant dire que la lagune est en train de remonter à la surface, le sombre passé de cet ex-rebelle. En fait, cette ténébreuse affaire de cache d’armes remonte à 2017 et a déjà envoyé en prison, plusieurs proches de Bogota. Et, de l’aveu du Procureur, il y aurait eu de nouvelles arrestations. Ces engins de la mort étaient-ils destinés à provoquer la chute d’un régime auquel Guillaume Soro restait, à l’époque, toujours redevable et étroitement lié ? Pour un régime comme celui de ADO, issu d’une guerre civile, il n’y a, à la limite, rien d’étonnant à découvrir, bien plus tard, quelques vestiges (arsenal de guerre) du chaos qui a précédé l’installation – quoi que par les urnes – de ce pouvoir. De là à crier à une tentative d’atteinte à la sûreté de l’Etat, c’est un pas franchi, qui nécessite bien des preuves et qu’il appartiendra à la Justice ivoirienne, d’apporter. Elle doit travailler en toute conscience pour ne pas se laisser prendre au piège des règlements de comptes entre alliés d’hier mués en ennemis jurés, aujourd’hui. Et en ce qui concerne le pouvoir en place, il va de son intérêt, de se garder de toute ingérence dans cette affaire, pour ne pas se retrouver, un jour, dans l’inconfortable position de l’arroseur arrosé.

Il importe que la vérité éclate sur cette affaire

Car, sait-on jamais, le jour où le vent viendrait à tourner, il pourrait être victime des mêmes pratiques qui auraient été les siennes au moment où il était aux affaires. En tous les cas, Guillaume Soro et Alassane Dramane Ouattara ont certainement en commun bien des secrets et sans aucun doute ont partagé des stratégies de combat au propre comme au figuré, à l’époque où ils entonnaient le « Je t’aime moi non plus » dans leur commune perspective d’accession au pouvoir. Seuls, eux deux, mesurent l’étendue de ce qu’ils ont fait ensemble. C’est pourquoi, en imaginant une inversion des rôles, c’est-à-dire Bogota chef d’Etat et ADO ayant échoué à l’être, rien ne dit que ce dernier n’aurait pas eu à rendre des comptes à la Justice, aussi pour une sombre affaire de détention illégale d’armes. Reste qu’il ne faudrait pas donner le bon Dieu sans confession à l’ancien président de l’Assemblée nationale, au passé pour le moins sulfureux et qui poursuit sa descente aux enfers à travers les présents déboires judiciaires de son mouvement politique. Il importe donc que la vérité éclate sur cette affaire qui implique à la fois Guillaume Soro et son mouvement. Peut-être les choses auraient-elles été tout autres, si l’ex-rebelle s’était tenu à carreau en se laissant « couler » dans le moule du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). On peut, en effet, avoir le sentiment que la Justice remet au goût du jour, une vieille affaire pour les besoins d’une cause précise : donner le coup de grâce à un homme traqué qui continue de crier à l’injustice, mais manifestement bien décidé à mener le combat pour sa survie politique, jusqu’au bout. Mais la leçon à tirer de tout cela, c’est qu’il faut travailler à être sans reproche, pour tous ceux qui aspirent à présider aux destinées de leur pays. Autrement, c’est son linge sale que les puissants du moment se feront le plaisir d’étaler en public ; et bonjour les dégâts !

« Le Pays »


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