SIGNATURE DE L’ACCORD D’ALGER SUR LE NORD-MALI : La CMA osera-t-elle défier le Conseil de sécurité ?
Le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé le 4 mars dernier, les groupes armés du Nord-Mali à signer l’accord de paix conclu à Alger. Cet accord a été paraphé par le gouvernement malien, mais pas par certains rebelles qui ont réclamé un « délai raisonnable» pour consulter leur base. A l’issue de consultations sur le Mali , le 4 mars dernier à New York, les quinze membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont encouragé les groupes armés de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) à parapher cet accord, et ont invité toutes les parties à le signer et à «s’engager pour sa pleine et sincère mise en œuvre ». Pour le Conseil de sécurité, ce projet d’accord est une étape importante vers la conclusion d’un accord global et inclusif pour une paix durable au Mali, a précisé l’ambassadeur français, François Delattre, qui préside le Conseil. Les quinze pays membres ont aussi salué les efforts de médiation de l’Algérie et l’esprit de compromis qui a prévalu durant les négociations d’Alger. Il faut saluer et rendre hommage à ceux des groupes armés qui ont vite compris la nécessité de s’approprier ces accords quand bien même ils comportent des insuffisances, afin de ne pas s’attirer les foudres de la communauté internationale. Quant à ceux qui renâclent à parapher ces accords, aucune autre alternative ne s’offre pourtant à eux. Ce refus de leur part aura pour conséquence leur isolement sur la scène internationale et le risque de s’aliéner la sympathie de leurs différents soutiens.
Le véritable problème des groupes rebelles réside moins dans la qualité des accords que dans leur bonne foi
Toutefois, une chose est de signer des accords, une autre est de veiller à leur application sur le terrain. Et à ce niveau, il n’est pas exclu que la CMA tente de défier le Conseil de sécurité. Cependant, avec la chute de Blaise Compaoré qui leur assurait gîte et couvert, et la position de la France qui semble cette fois-ci favorable aux accords d’Alger qu’elle juge équilibrés, la CMA n’a assurément pas d’autre choix que d’aller dans le sens de la volonté du Conseil de sécurité de l’ONU. Elle n’a pas intérêt à agacer la communauté internationale. Autrement, ce serait se tirer une balle dans le pied. C’est d’ailleurs pourquoi la Coordination des mouvements de l’Azawad, qui regroupe les principaux groupes rebelles ( MNLA, HCUA, MAA, et CPA), a demandé un délai raisonnable pour consulter les populations qu’elle représente. Une grande réunion des chefs politiques et militaires, des autorités traditionnelles et de la société civile est prévue, à cet effet, le 10 mars à Kidal, pour discuter de la paix. La Coordination n’exclut pas de parapher le texte en cas d’approbation de la population et évoque la possibilité d’une signature dans quelques semaines. Pour rappel, la CMA renâcle jusque-là à signer l’accord d’Alger, parce qu’il ne parle ni d’autonomie ni de fédéralisme, mais présente l’Azawad comme une réalité humaine et prévoit la création d’assemblées régionales élues au suffrage universel direct.
En vérité, le véritable problème des groupes rebelles réside moins dans la qualité des accords que dans leur bonne foi. Faut-il le rappeler, le problème du Nord-Mali est un vieux conflit qui date de 1958. Et tous les présidents maliens qui se sont succédé ont tous signé des accords de paix pour le Nord-Mali. Mais force est de constater qu’aucun des accords n’a permis d’aboutir à une paix définitive. C’est pourquoi le vœu des différents partenaires du Mali est d’en finir au plus vite avec cette crise qui n’a que trop duré.
Seydou TRAORE