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SOMMET DE L’UA


 En finir avec les conférences tam-tam

Le 32e sommet ordinaire de l’Union africaine (UA) s’est ouvert le 9 février 2019, dans la capitale éthiopienne, Addis Abeba. Sont abordées  à ce rendez-vous des têtes couronnées du continent, les questions relatives au financement de l’institution, à la zone de libre-échange continental, etc. En attendant de voir les propositions concrètes qui sortiront de cette grand-messe, l’on peut, d’ores et déjà, saluer la pertinence des sujets qui sont débattus. En effet, il ne faut pas se faire d’illusions, l’UA ne saurait jouer véritablement le rôle qui est le sien si elle n’est pas financièrement autonome. Or, jusque-là, malgré la volonté affichée de l’homme mince de Kigali de trouver les voies et moyens pour assurer l’autofinancement de l’UA, force est de constater que l’institution continue de tendre la sébile à l’Occident. A qui la faute? Bien sûr aux dirigeants africains. Car, certains pays et non des moindres, s’opposent à l’idée de l’autofinancement de l’UA par le prélèvement d’une taxe de 0,2% sur les importations.  Ce sommet va-t-il alors permettre aux dirigeants de crever l’abcès? Rien n’est moins sûr. Et pourtant, l’autofinancement de l’UA est une nécessité absolue.

Du reste, depuis que le Crésus africain, Mouammar Kadhafi, pour ne pas le nommer, a cassé sa pipe, les cotisations  entrent au compte-goutte.  Si l’organisation continentale veut se montrer crédible, elle n’a pas d’autre choix que d’opérer des réformes 

hardies. Certes, sous le magistère de Paul Kagame, des réformes ont été proposées voire adoptées mais leur mise en œuvre bute contre la résistance de certains pays dont le Nigeria. En effet, ce géant d’Afrique ne veut pas mettre les pieds dans la zone de libre-échange continental dont les bases ont été jetées le 21 mars 2018 à Kigali et dont le but n’est autre que de faciliter les échanges commerciaux entre pays africains. Sur les 49 Etats signataires, seule une quinzaine d’entre eux ont ratifié l’accord en fin décembre 2018. Preuve que le chemin reste encore long pour que ce projet puisse produire les résultats escomptés.

L’UA se doit d’œuvrer à donner un contenu à son sigle

A dire vrai, l’UA est un grand malade qui a besoin d’une thérapie de choc. Elle doit passer de son statut de club de chefs d’Etat pour devenir une institution au service des peuples. 

Cela dit, il faut craindre que les réformes en cours ne soient rangées dans les mois à venir dans les oubliettes. Car, le président rwandais, Paul Kagame, qui semblait en avoir fait une affaire personnelle, a passé le témoin à son homologue égyptien, le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, au cours de ce 32e sommet de l’UA. Or, ce dernier ne semble pas intéressé par ces réformes. En tout cas, ce serait lui demander la lune que d’attendre de Al Sissi qu’il réforme l’UA qui, malgré les exigences liées à l’évolution du monde, peine à faire sa mue. Toutefois, l’Egyptien qui fait preuve de fermeté dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, pourrait apporter à l’UA son expertise en la matière. Au total, l’institution panafricaine  doit travailler à renforcer la démocratie sur le continent et la libre circulation des personnes et  des biens.  Elle se doit d’œuvrer à donner un contenu à son sigle qui, aujourd’hui, fait figure de coquille vide.  Elle doit donc en finir avec  les « conférences tam-tam », pour reprendre l’expression du défunt roi Hassan II du Maroc. Et pour y parvenir, il faudrait que chaque pas qu’elle fera, aille dans le sens de l’unité pour coller à l’esprit des pères fondateurs.

Dabadi ZOUMBARA      


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